Tandis que les noms des deux explorateurs que Josué a envoyés pour explorer « le pays et Jéricho », Caleb et Pin‘has, sont soigneusement dissimulés dans le texte et ne nous sont connus que par le Midrach, l’identité de Ra‘hav qui les a accueillis est mentionnée à deux reprises dans la haftara.
La qualité de l’hospitalité que leur réserve cette femme tranche avec le silence qu’avaient observé les habitants du pays de Canaan à l’arrivée des douze explorateurs envoyés par Moïse. Elle leur dit savoir « comment Hachem a mis à sec devant les enfants d’Israël les eaux de la mer des Joncs, lorsqu’ils sont sortis d’Egypte, et ce qu’ils ont fait aux deux rois des Amoréens qui étaient au delà du Jourdain, à Sihon et à Og, qu’ils ont entièrement détruits » (Josué 2, 10). Puis dans une profession de foi inattendue de la part d’une Cananéenne, elle leur affirme : « Hachem, votre Dieu, est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas » (verset 11).
Elle leur fait ensuite promettre, « puisqu’elle a usé de bonté (חסד) envers eux, d’user eux aussi de bonté envers la maison de son père, et de lui donner un signe de vérité (אמת) ».
La différence entre la bonté (חסד) et la vérité (אמת), explique Radaq, consiste en ce que la bonté correspond à un bienfait que l’on accorde à un autre sans en attendre une récompense. C’est ce qu’a fait Ra‘hav en cachant les deux explorateurs sans qu’ils lui aient rendu aucun service. Aussi leur demanda-t-elle d’user de la même bonté envers sa famille, et non envers elle, étant donné que ce qu’ils pourraient faire pour elle serait un acte de vérité, l’exécution d’une obligation qu’ils aurait contractée envers elle en remerciement de les avoir sauvés. Voilà pourquoi dans leur réponse (verset 14), les deux explorateurs lui promettent d’user à la fois de bonté (חסד) et de vérité (אמת) envers elle, annonçant ainsi leur intention de sauver non seulement sa famille, mais elle également.