Le texte du Tanakh comporte de nombreuses anomalies scripturales (5 000 selon certaines évaluations), c’est-à-dire des mots dont l’écriture ne correspond pas à leur prononciation.
Parmi ces anomalies figure le qeri kethiv : Le mot ne se prononce pas de la façon dont il est écrit.
Il en est ainsi du nom de Yissakhar, l’un des douze fils de Jacob : Il est écrit « Yissaskhar », avec doublement de la lettre chine, mais il se prononce comme si cette lettre n’apparaissait qu’une seule fois.
Une différence sépare cependant le mot Yissakhar des autres cas de qeri kethiv du Tanakh :
Alors que le Tétragramme se prononce toujours Hachem, et Yerouchalayim toujours Yerouchalayim, même lorsqu’il est écrit sans la lettre yod entre le lamed et le mèm final, il n’existe pas d’unanimité en ce qui concerne la prononciation du mot Yissakhar, et il est des cas où certains disent Yissaskhar avec deux chine, et non Yissakhar, avec un seul.
Si les Séfarades disent toujours Yissakhar, certains fidèles de rite achkenaze disent Yissaskhar jusqu’à Bamidbar 26, 23 (« Fils de Yissakhar, selon leur famille… »), et Yissakhar ensuite.
La raison de cette habitude est indiquée dans le livre « Na‘halath Ya‘aqov » de rabbi Ya‘aqov Kapel, qui comptait parmi les disciples du Ba‘al chèm tov :
L’un des fils de Yissakhar portait le nom de Yov (Berèchith 26, 13). Or, cette dénomination correspondait à celle d’une idole du même nom.
Yov s’en plaignit auprès de son père et celui-ci, pour calmer sa déception, lui « rétrocéda » l’un des deux chine de son nom. C’est ainsi que Yov, dans la parachath Pin‘has, est devenu Yachouv (Bamidbar 26, 24).
A partir du moment où le Yov de Berèchith 26, 13 devient dans la lecture de la Tora le Yachouv de Bamidbar 26, 24, et où par conséquent Yissaskhar se transforme en Yissakhar, certaines personnes suivent le même mouvement en ce qui concerne la prononciation de ce nom.