Lorsque les enfants d’Israël sortiront d’Egypte, leur promet Hachem, chaque femme demandera à sa voisine des ustensiles d’argent et des ustensiles d’or et des vêtements, et ils dépouilleront l’Egypte (Chemoth 3, 22).
Cette dépossession correspondra à l’exécution de ce que Hachem avait promis à Abraham : « Et la nation à laquelle ils seront asservis, Je la jugerai aussi. Après quoi ils sortiront avec de grandes richesses » (Berèchith 15, 14).
Et de fait, au moment de la sortie d’Egypte, « Hachem inspira la faveur du peuple [d’Israël] aux yeux des Egyptiens, ils leur empruntèrent et ils dépouillèrent l’Egypte » (Chemoth 12, 36).
Cette dépossession des biens des Egyptiens par les enfants d’Israël n’a pas manqué de leur valoir le reproche de n’être que des voleurs. Passe encore d’avoir emprunté aux Egyptiens, mais ils ne leur ont jamais rien restitué !
On connaît la réponse que donne la Guemara à la revendication des Egyptiens qui exigeaient que leur soit rendu ce qui leur avait été emprunté : Les Hébreux n’avaient fait que se faire verser les salaires qui leur étaient dûs pour le travail qu’ils avaient effectué pour rien comme esclaves pendant deux cent-dix ans (Sanhédrin 31a).
Une autre explication est proposée par Rachbam (ad Chemoth 3, 22) : Les biens que les enfants d’Israël ont reçus des Egyptiens ont été de véritables dons, octroyés grâce à la faveur que Hachem leur a inspirée aux yeux de leurs anciens oppresseurs. Et d’ailleurs, poursuit ce commentateur, le mot we-chaala que nous avons traduit par : « demandera » comporte également une connotation de « don », comme dans : « Demande-moi (chaal), et je te “donnerai” des nations pour héritage… » (Psaumes 2, 8).
C’est dans ce sens que la Guemara propose une autre interprétation : C’est sur l’ordre formel de Hachem que les enfants d’Israël ont « emprunté » l’or et l’argent des Egyptiens, comme s’Il leur avait dit : « Il ne faudrait pas qu’Abraham puisse prétendre que s’est réalisée la prophétie qui a annoncé que ses descendants seraient asservis et opprimés pendant quatre cents (Berèchith 15, 13), mais non celle contenue dans le verset suivant qui leur a promis qu’ils sortiront ensuite avec de grandes richesses » (Berakhoth 9a et b).