La haftara de la parachath Bechala‘h (Choftim 4, 4 à 5, 31) est constituée essentiellement (uniquement, selon le rite séfarade) par le cantique qu’a entonné Débora après la victoire remportée par les enfants d’Israël sur l’armée de Sissera.
Elle partage avec cette paracha, et notamment avec le Cantique de la Mer (Chirath hayam) que Moïse et les Hébreux ont chanté après la traversée de la Mer des Joncs, de nombreuses similitudes.
D’abord dans sa présentation matérielle : Alors que tous les cantiques bibliques sont écrits « demi-brique sur demi-brique » [c’est-à-dire en deux colonnes parallèles], le « Cantique de la mer » est écrit « demi-brique sur demi-brique » et « brique sur brique » [c’est-à-dire que chaque ligne repose sur la moitié des « briques » qui la soutiennent, à la manière dont procèdent les maçons]. Il en est de même du cantique de Débora, alors que la parachath Haazinou, la liste des dix fils de Haman et celle des trente-et-un rois de Canaan (Josué 12, 9 et suivants ; voir Yerouchalmi Meguila 3, 7).
Peut-être cette disposition particulière est-elle destinée à impressionner le lecteur et à lui faire mieux prendre conscience du caractère lyrique de ce qu’il récite.
Il n’est cependant pas possible de dissimuler les dissemblances qui séparent les deux cantiques :
– Tandis que Moïse entonne seul le « Cantique de la mer », sa sœur Miryam ne participe pas à son chœur, mais elle exprime sa gratitude à Hachem en prononçant un hymne distinct (Chemoth 15, 20 et 21). Débora, en revanche – bien que femme – a prononcé son cantique (5, 1) à l’unisson avec Baraq.
– Le Cantique de la Mer a été chanté par Moïse et par tous les enfants d’Israël, dans une totale unanimité.
Celui de Débora, en revanche, ne cache pas les dissensions qui ont opposé certaines parties du peuple hébreu à d’autres.
C’est ainsi que seules les tribus de Zabulon, Naftali, Issakhar, Benjamin, Ephraïm et Manassé ont participé aux opérations militaires menées par Débora, alors que celles de Ruben, Dan et Aser sont restées inactives, ce qui leur a valu d’être accablées de reproches par Débora.