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Je suis tombé sur une biographie de Rav Menaché de Ylia disant que cet élève du Gaon aurait été un des précurseurs de la Haskala. Cela porterait-il atteinte à l'intérêt que l'on devrait porter à ses écrits sur la Torah, sur son shout Alfei Menashé, etc. ?
Non, ce sont des balivernes.
D'aucuns assurent aussi que le
Gaon de Vilna aurait été le précurseur de la Haskala.
Ce n'est pas pour ces sottises qu'il faut se priver de leur Torah.
Le
Gaon attachait une importance à la connaissance des sciences profanes, voilà pourquoi ils lui ont collé une étiquette de Maskil.
Rabbi Menashé de Illia, dans ses Sfarim, préconise le travail de la terre
(il a même inventé une charrue moderne ou tracteur primitif et d'autres machines), alors forcément, c'est un Maskil!
C'est ridicule.
D'autres, plus futés, lui reprochent ce qu'il a écrit dans son
Alfei Menashé (Vilna 1822, I, 48b).
Ils devaient ignorer qu'il est loin d'être le seul à avoir écrit en ce sens.
Enfin, il y a ceux qui s'opposent à
Rabbi Menashé de Illia pour sa Shita autorisant à interpréter une Mishna selon le Pshat et différemment de la Gmara, tant que ça ne porte pas à conséquence au niveau de la halakha qui en ressort.
Là encore, c'est bien dommage tout ce Zilzoul Talmid 'Hakham pour rien, ou plutôt pour museler un Rav et faire taire une Shita qui nous déplait.
Comme
Rabbi Menashé de Illia tenait cette Shita du
Gaon de Vilna, "on" aura essayé par mille moyens de le nier
(car on ne peut pas décemment invalider Rabbi Menashé de Illia et le Gaon de Vilna d'un coup, ça fait trop)
Ce qui fait que certains de ses Piroushim ont été qualifiés de Kfira pure et ont été bannis du Beit Hamidrash en raison de l'ignorance des rabbanim qui l'ont méprisé.
Dans certains cas, on s'est rendu compte, APRES le décès de ces rabbanim et de
Rabbi Menashé de Illia, que ces Piroushim condamnés et taxés d'hérésie Leméhadrin, avaient été formulés et écrits des siècles avant par les Rishonim
(dont on n'avait pas encore retrouvé les manuscrits à l'époque).
Quel drame !
Quel scandale pour la Torah!
Quelle injustice envers
Rabbi Menashé de Illia
Quelle honte pour ces rabbanim!
Non seulement ils ont injustement humilié, importuné et fait souffrir le Tsadik
(il a même perdu son travail pour avoir donné une explication jugée inadmissible, alors qu'elle s'est ultérieurement avérée être celle d'un Rishon), mais en plus ils se sont ridiculisés en affirmant avec tant de conviction que celui qui formule telle explication est nécessairement un imbécile, ou un ignorant, ou un Kofer
(selon les cas), et nous découvrons tous que c'est l'interprétation de
Rabénou 'Hananel (ou d'un autre Rishon)!
Cf. le Maamar à la fin du tome 2 du
Alfei Menashé (Vilna 1905), où un exemple est présenté.
De nos jours aussi, certains devraient méditer cette triste mésaventure et en prendre de la graine.
ça ne veut pas dire qu'il faille être frileux et que par mesure de précaution ne rien invalider comme derekh qui nous semble
(enfin, qui semble aux rabbanim) déviant.
Il faut savoir déclarer la guerre à ceux qui tentent de miner ou de dévoyer la Torah en raison de leurs intérêts, de leur orgueil, ou de leur ignorance et manque de Shimoush.
Mais il faut aussi savoir faire preuve de tolérance -à défaut de clairvoyance, lorsqu'il s'agit d'un Talmid 'Hakham comme
Rabbi Menashé qui était bien intentionné et qui avait étudié la Torah dans un parcours des plus classiques au moins autant -si ce n'est plus- que les autres Rabbanim qui méprisaient ses 'Hidoushim.
Je pense qu'on peut dire que c'est
Min Hashamayim que certains des 'hidoushim de
R. Menashé Méillia aient été ultérieurement retrouvés sous la plume des Kadmonim, c'est un message de D.ieu qui nous montre qui avait raison finalement...
Par contre, je ne pense PAS que l'on puisse dire que
"c'est Min Hashamayim" vis-à-vis de la PERTE incalculable de Torah que ces Rabbanim ont occasionné par leur assurance à voir des erreurs intolérables dans ce qui s'avère être en fait des 'hidoushim de Rishonim.
Si la génération avait su respecter
R. Menashé et apprendre de sa Torah, où en serions-nous aujourd'hui? Peut-être déjà libérés de la Galout? Peut-être qu'on aurait évité des déboires?
C'est impossible à savoir, mais ce qui est clair, c'est qu'on a énormément perdu, d'une part parce que
R. Menashé à été maltraité, appauvri il ne pouvait forcément pas produire autant de Torah ni de la même qualité et enfin, s'il avait été encouragé -ou au moins respecté, il aurait pu persévérer avec encore plus de réussite dans son Derekh et produire des 'Hidoushim extraordinaires.
Et ça, ce n'est pas
"Min Hashamayim" car cela relève de la Be'hira de chacun, domaine dans lequel D.ieu laisse faire
(Meguila 25a, Brakhot 33b et Nida 16b).
Tout le monde dirait que si nous pouvions avoir, dans notre génération, un rav de la trempe d'un Rishon, ce serait extraordinaire.
Et pourtant, eux qui l'ont eu
(plus ou moins, puisque son étude aboutissait aux conclusions de celle des Rishonim), n'ont pas su en profiter et non seulement cela, mais ils l'ont aussi maltraité.
Personne ne lui a tapé dessus, mais que son Derekh Limoud lui ait fait perdre sa parnassa
(qui n'était déjà pas glorieuse) est indéniable.
Je ne dis pas qu'il aurait dû être le Gadol Hador après le
Gaon, ce n'est pas un job adapté à toutes les personnalités, on peut avoir un excellent Talmid 'hakham qui serait médiocre dans le rôle du Manhig.
Mais le fait d'avoir interdit et méprisé son Derekh a assurément été un handicap et une perversion de la Torah, puisque nous voyons que son Derekh n'aurait pas été critiqué par les Rishonim auxquels nous nous référons tous.
Depuis cette époque (depuis la Haskala en fait), il y a chez de nombreux rabbanim (ashkenazes) une intolérance profonde et virulente envers ce qui ne leur plait pas.
c'est une réaction à la Haskala où des juifs, cultivés en Torah, ayant eux-mêmes étudié en yeshiva et venant de familles Frum, avaient abandonné la Yirat Shamayim et menaçaient de faire vaciller la Torah.
Dès lors, les Rabbanim se sont montrés très suspicieux envers tout ce qui leur paraissait "nouveau" ou "différent" de ce à quoi ils ont été habitués, alors qu'il est évident qu'on ne peut pas s'habituer ni se former à tous les Darkhei Limoud de chaque pays.
L'attitude est donc bonne en elle-même, mais il faut savoir faire preuve de discernement et s'il est bon de soupçonner une dérive dans les agissements d'une personne dénuée de Yirat Shamayim, il est nocif d'attaquer un Tsadik comme
R. Menashé comme s'il s'agissait d'un vulgaire "Kal Hadaat".
Ils auraient dû se montrer plus respectueux envers le Amal et les bonnes Midot de
R. Menashé, ils ne l'ont pas fait, et l'histoire leur a donné publiquement tort.
Encore faudrait-il que les générations suivantes sachent s'en inspirer...
J'ai été long, je ne me relis pas, sorry pour les fautes.