Bonjour,
il est vrai qu'il est à déplorer le niveau actuel des choses. Il semblerait que la souffrance du public religieux dans ce domaine soit exacerbée notamment par le décalage monstrueux entre l'offre et la demande. La demande est importante, du fait du nombre conséquent de juifs français religieux.
On peut néanmoins trouver des cours de grande qualité, en cherchant un peu, et en mettant de côté peut-être aussi, certains de nos à priori.
Peut être certains trouveront insultants le fait que je mette dans la même liste des noms de personnes dont la pensée évolue dans des mondes intellectuels assez différents et d'horizons "hashkafatiques" incommensurables. Prenons des risques.
1) Les cours de Rav Aharon Daniel Heymann, Roch Yechiva de Mekor Israel à Epinay. Il a une pléthore de cours en français. Il faut bien chercher pour pouvoir les trouver, et éventuellement débourser un euro ou deux pour pouvoir les télécharger sur le site dont voici le lien :
https://dvartorah.org/cours-mp3/235-que-savons-nous-de-dieu-.html
(Hé oui : pour la torah il faut payer. "Achète la vérité". Quand je vois des filles de 12 ans se faire offrir un iPhone à 1000 €, je me dis que ça ne doit pas être difficile de soutenir le torah pour quelques dizaines. Mais c'est un autre sujet.)
2) Les cours de (Rav) Leon Askénazi, d'une qualité remarquable, précis et construits, souvent profonds bien qu'adressés à un public novice. Plusieurs sites existent, dont voici (peut-être) le plus conséquent :
http://www.toumanitou.org/
3) Les cours de Eric Smilevitch, un érudit en Torah (m'est-il permis de dire que c'est l'un des plus grands talmidei hakhamim que j'au vu dans ma vie ? Oui car cela n'engage que moi. Il est vrai que je n'ai que l'expérience de sept années de Yechiva en France et aux US...- Oubliez cette parenthèse si ces derniers mots vous piquent un peu trop les yeux...-), dont on peut trouver seulement un modeste échantillon sur le site Akadem. Voici le lien vers sa page :
https://akadem.org/fiche_conferencier.php?id=1614
Si j'ai déjà pas mal écrit, je me permettrai d'étoffer ce que j'ai évoqué tout à l'heure : peut être vaut-il la peine de sortir de nos à priori dans certains domaines. Je veux simplement dire qu'une superficialité naïve, par volonté de bien faire et de "préserver la tradition", souci digne d'un juif observant et garant de la pérennité de notre peuple, est trop souvent castratrice de discours intelligents qui remettent en cause nos petites et confortables évidences. Et je ne parle pas de Halakha ici, mais bien d'un rapport au message de la torah, dont la traduction se fait à chaque génération par les sages de l'époque. Leon Askénazi a souvent insisté sur ce point : les écueils dans l'enseignement de la torah sont la nouveauté et l'archaïsme. Mais entre les deux, il y a le h'idouch, le renouveau. Que dire lorsque par souci de la préserver, on l'habille de lambeaux et que par souci de fidélité, on la trompe avec une fade réplique.
Profitons en pour faire une dernière remarque.
Il y a, dans le public francophone (mais cela ne lui est pas exclusif), une idée assez répandue selon laquelle la Torah est censée venir à nous. C'est la culture du visionnage, on attend que les choses se passent, on regarde un film devant sa Télé achetée sur Amazon grâce au Télétravail et on reste en contact avec ses amis sur Instagram en mangeant ce que le livreur nous a apporté. Le monde entier nous est servi sur un plateau, pour peu qu'on ait Prime. Sinon il suffit de payer 0,01 € pour la livraison en 4 jours ouvrés. Alors on attend sagement, on attend les talmidei hakhamim... et je crois que si on continue à attendre, on peut toujours rêver qu'il se passe quelque chose. Ouvrons les yeux : les juifs français ont un niveau d'éducation remarquable. Je ne connais pas de culture ou l'on pousse l'ambition des études dans le h'ol aussi loin. Et tout le monde est d'accord que pour devenir médecin il faut cravacher pendant 10 bonnes années.
La torah vaut-elle moins ?
Personne ne pourra jamais faire le travail à notre place.
Ceci est un message d'espoir et de désespoir en même temps. Espoir, car tout est à faire, par tout celui qui le veut. Dans un coin, elle attend, et n'importe qui. Il faut juste changer un peu le positionnement de notre regard. Remarquons l'incroyable justesse des paroles de Hazal, lorsqu'ils emploient le terme de "Keren Zavit" (angle, coin d'une rue) pour illustrer l'endroit ou est posée la torah (cf.Kidduchin 66a). Ce qui se trouve dans un coin, c'est ce qui est très proche de nous "géographiquement", mais que, tant que l'on n'aura pas tourné la tête dans un sens DIFFERENT de celui dans lequel marche la foule, on ne pourra apercevoir. Mais que voulez vous : tourner légèrement la tête, diront certains, c'est prendre le risque de se faire un torticolis.
C'est vrai, je n'y avait pas pensé.
Bref, un sujet immense,
Hazak en tout cas pour votre recherche : qui cherche (vraiment) trouve (vraiment).
Peut être cela vaut-il la peine d'insister sur le fait qu'il est difficile en France, de voir assouvie la soif de quelqu'un qui veut connaître et comprendre Dvar Hachem : parce que désespérer une bonne fois, c'est être en mesure d'espérer (à) nouveau.
Gut chabbes.