Citation:
Lorsque je veux voir à quelle heure est le zman du kryat shema, je consulte le calendrier. Se présentent alors deux zmanim: le magen Avraham (plus tôt), et celui du Gra (plus tardif).
J'imagine que si le Gra fait son calcul de la sorte, c'est que c'est du solide. Mais peut-on lehathila se baser sur ce zman ? Ou est-ce un vrai bediavad ?
C’est une grande « ma’hloket ».
Grosso modo, on peut dire que les Ashkenazim suivent le Gaon lekhate’hila, alors que les Sfaradim suivent le Maguen Avraham et ne se basent sur le Gaon qu’en cas de difficulté majeure (Shaat Had’hak).
Le
Maguen Avraham (o’’h §58, sk.1) considère que l’on décompte les heures depuis le Alot Hasha’har [cependant voir aussi
Maguen Avraham (§433, sk.3 et §233, s.3)], donc les trois heures Zmaniot du Shema se terminent plus tôt que selon le décompte du
Gaon de Vilna (o’’h §459, sk.2) (et Shnot Eliahou début de Brakhot) qui considère comme début des trois heures le lever du soleil.
(Ce qui donnera la même ma'hloket pour la fin du jour, à la sortie des étoiles pour le Maguen Avraham, ou à la Shkia pour le Gaon.)
Le Minhag Sfarade est de suivre le Maguen Avraham, cf.
‘Hida dans
‘Haim Shaal (II, §38,70), Rav Bentsion Aba Shaoul dans Or Letsion (II, §VI, 1) ainsi que
ROY dans
Halikhot Olam (sur Ben Ish ‘Haï 1, Vaéra 3).
Il y a aussi le
Min’hat Cohen, Rabbi Avraham Pimentel, dans son
Mevo Hashemesh (II, §6) qui indique que la Halakha doit être comme le
Troumat Hadeshen (=comme le Maguen Avraham) et qui prouve que telle était la conception de nombreux Rishonim, parmi lesquels
Rabénou Tam, le
Tosfot Psa’him (daf 11), le
Ramban et le
Rashba.
Il s’oppose donc au
Levoush qui a écrit de manière catégorique à propos du
Troumat Hadeshen, qu’il n’y connaissait rien en astronomie, et que sa position relève du délire (Shtout Gamour).
Le
Mevo Hashemesh réhabilite le
Troumat Hadeshen (et donc la position du Maguen Avraham) et s’oppose au
Levoush (et donc au Gaon).
[
Rav Pimentel aurait pu citer aussi
Rashi Brakhot (26a -cf. Shaagat Arié §17) et
Avoda Zara (25a) ou encore le
Or’hot ‘Haim (min’ha §1), Shibolei Haléket (§48), Agour (§322 et §327), Sefer Hamanhig (Min’ha §81), Maharik (§171) qui écrivent que l’heure de Min’ha est jusqu’à la sortie des étoiles].
[Parenthèse : Le Piskei Tshouvot (I, p.518) cite le Mevo Hashemesh parmi les auteurs qui pensent comme le Gaon.
C’est faux, c’est l’inverse, il pense comme le Maguen Avraham et non comme le Gaon.
C’est une erreur, il y en a d’autres, j’en ai déjà souligné quelques-unes dans cet excellent Sefer.
Il n’y a rien d’affolant, c’est normal, ce Sefer comporte tellement d’informations et références qu’il n’est humainement pas possible de tout vérifier à chaque fois avant d’écrire.
J’insiste sur cette erreur, parce qu’on m’avait reproché de ne souligner des erreurs que dans les livres de Rav Its’hak Yossef en y voyant une intention raciste, j’aurais indiqué des erreurs dans ses écrits parce qu’il est Sfarade ( !). J’avais déjà répondu que cette accusation ridicule était contrée par deux éléments majeurs, le premier étant que je souligne aussi les erreurs des autres auteurs, dont le Piskei Tshouvot. Et le second : les éloges que je fais des Sfarim de certains rabbins Sfarades, dont Rav Yossef Messas.
Du coup, comme je vois qu’on ne remarque pas mes critiques sur le Piskei Tshouvot, j’insiste un peu plus 😊. Ce qui ne m’empêche pas de dire et répéter que c’est un excellent Sefer malgré tout.]
A part le
Troumat Hadeshen (§1), il y a aussi le
Elia Raba (o’’h§58, sk.2, et §267), le
Ba’h (o’’h §431), le
Taz (§443), le
'Hayei Adam (§21,3 et §27,1), le
Maté Yehouda (Ayache) (§443) et le
Kitsour Shoul'han Aroukh (§17,1) qui pensent comme le
Maguen Avraham.
Mais de nombreux Poskim Ashkenazes attestent du Psak admis en Europe suivant totalement le
Gaon de Vilna, car c’est aussi l’avis du
Baal Hatanya [il semble se contredire; dans son S.A. (o''h §58,3 et §89,1) il suit le Maguen Avraham, mais dans (§443,4) et dans son Sidour, il écrit comme le Gaon. On estime qu'il aurait changé d'avis et qu'il indiquait en finale comme le Gaon. Cf. Ktsot Hashoul'han (§19,11 et §20,1) dans Badei Hashoul'han] et de plusieurs Gdolei Haa’haronim les ayant précédés, comme le
Levoush (§233,1 et §267,2) et le
Tosfot Yom Tov (Psa’him III, 2) et encore dans Divrei ‘Hamoudot (Brakhot §IV, 14), et dans Maadanei Yom Tov (Brakhot I, §10, sk.9) (où il montre que le Rambam répartit les 12 heures comme le Gaon et non comme le Maguen Avraham).
Voir
Aroukh Hashoul’han (o’’h §58, 14).
Voyez aussi le
Igrot Moshé (o’’h 1, §24) qui écrit que c’est le minhag russe et lituanien et celui des yeshivot et que c’est la Halakha à retenir (comme le
Gaon et le
Graz). Et
Rav Sternbuch dans son
Shout Tshouvot Vehanhagot (I, §56) précise que c’était aussi le Psak retenu par
Reb ‘Haim Brisker et le
Brisker Rov.
Voir encore
‘Hazon Ish (o’’h §13, sk.4) et dans
Or’hot Rabénou (I, p.52) en son nom.
Et il ne faut pas croire qu’il n’y ait pas de Rishonim dans le sens du Gaon,
Rabénou ‘Hananel (Otsar Hagueonim Brakhot, Nispa’him, p.31 sur Brakhot daf 26, Piroush R. ‘Hananel §113) semble penser comme la
Gaon.
Voir aussi
Shiltei Haguiborim (sur Mordekhaï Brakhot §IV, ot 2). Et c’est aussi Mashma dans le
Rambam (Shout Peèr Hador §44).
De plus, il ressort de la Gmara
Brakhot (27a) que l’heure de Min’ha est jusqu’à la fin de la 12ème heure. Dès lors, les Rishonim qui placent la limite de l’heure de Min’ha à la Shkia, pensent donc comme le
Gaon aussi, et ils sont nombreux.
Parmi eux, le
Rambam (hil. Tfila III, 4) (Piroush Hamishna Brakhot IV, 1), Sefer Haparnas (§197), Rabénou Yona (début de perek IV de Brakhot), Rav Saadia Gaon (Sidour Rassag p.26), Rav Hay gaon (cité dans Mordekhaï Brakhot §IV, ot 90), Rav Nissim Gaon (cité dans Shout Maharam Alaskar §97), Méiri (début de perek IV de Brakhot).
De la Gmara
Brakhot (29b) et
Shabbat (118b) qui parle de prier Min’ha au moment du rougissement du soleil (Dimdoumei ‘Hama) et qui nous met en garde de ne pas attendre ce dernier moment de peur de dépasser l’heure de Min’ha, on peut aussi comprendre que les ‘Hazal estimaient que la Shkia est la limite de récitation de Min’ha et qu’ils pensaient donc comme le
Gaon.
Le
Gaon lui-même apporte cette preuve
(o’’h §459) et il n’est pas le seul
(il y a aussi R.A. Piementel dans Mevo Hashemesh II, §7 qui la cite).
J’irais encore plus loin en m’étonnant de la Shita du
Maguen Avraham : Nous constatons que dans tout le Shas, jamais la question de savoir à partir de quand on décompte les heures diurnes n’a été posée.
C’est donc qu’une des deux Shitot leur paraissait évidente, au point de ne pas imaginer l’autre.
Or, à cette époque, le moyen de connaitre l’heure était en regardant le soleil dans le ciel ou l’ombre sur le cadran solaire, mais personne n’avait de montre bracelet
(tiens, au passage, en voilà une preuve pour R. ‘Haim Kanievsky ! 😊), du coup, comment imaginer qu’on puisse commencer le décompte des trois heures en l’absence de soleil ?
Forcément, si les ‘Hazal nous indiquent de tels repères pour limiter l’heure du Shema ou de la Tfila ou du ‘Hamets, il s’agit d’une délimitation des heures basées sur le déplacement du soleil.
On trouve que les ‘Hazal discutent de savoir s’il peut arriver qu’un homme se trompe d’une ou de deux heures (ou plus, ou moins, cf.
Psa’him 11b-12a), mais s’il fallait débuter le décompte avant le lever du soleil, c‘est quasiment tout le monde qui aurait été en difficulté pour connaitre l’heure de fin de ‘Hamets.
Ceci étant dit, tant qu’on ne tranche pas la Halakha entre le
Maguen Avraham et le
Gaon, nous restons a priori sur un Safek concernant la Halakha et nous devrions suivre la règle qui veut qu’en cas de Safek sur du Min Hatorah on est ma’hmir, et sur du Miderabanan on est meikel.
On serait donc tenté de dire que Kriat Shema est Min Hatorah, certes, mais les horaires seraient Miderabanan, donc on pourrait suivre la Koula et considérer l’heure du
Gaon pour le Sof Zman Kriat Shema.
Cependant, lorsque des horaires et précisions sont donnés par les ‘Hakhamim pour définir une Mitsva de la Torah, la règle en cas de Safek reste Le’houmra puisque la Mitsva elle-même est Min Hatorah.
Du coup, il faudrait suivre le
Maguen Avraham.
Seulement, il y a une question simple sur le Sof Zman du Shema, pourquoi existe-t-il seulement pour le matin et non pour celui du soir ? Si l’on interprète ובשכבך comme signifiant toute la nuit, pourquoi ne pas dire que ובקומך veuille aussi dire toute la journée (tout le temps où les gens sont éveillés) ?
C’est ce qui a poussé certains Mefarshim à expliquer que la délimitation à 3 heures de jour n’est pas Min Hatorah, c-à-d que lorsque les ‘Hazal ont fixé 3 heures, ils n’ont pas voulu par-là définir le sens du mot ובקומך dans la Torah
(-qui lui s’interprète comme voulant dire toute la journée), mais c’est un Din indépendant Miderabanan pour mettre une barrière afin d’éviter que l’homme oublie de faire le Shema en se disant qu’il a toute la journée devant lui (cf.
Mevo Hashemesh II, §11), ou pour d’autres raisons
(comme : afin d’être סומך גאולה לתפילה , voir Kessef Mishné hil. Kriat Shema I, 13).
Il en résulte qu’en voyant la limite du Shema comme un Din indépendant de la Mitsva elle-même, le Sof Zman Shema devient un din Derabanan et, en cas de doute
(car ma’hloket Maguen Avraham et Gaon de Vilna), la règle est Lekoula (donc comme le
Gaon).
Toutefois, ça aussi c’est discuté, cette idée n’est pas unanime, loin s’en faut. De nombreux Rishonim considèrent le Sof Zman Shema comme étant « Min Hatorah », voyez le
Mevo Hashemesh (II, §11) qui les indique, il s’agit de
Rashi, Rambam, Rabénou Yona, Rashba, Tosfot (Brakhot daf 14) et ‘Hinoukh (§419).
Et pour répondre à la question de l’interprétation différente des deux termes ובקומך – ובשכבך , on expliquera que בשכבך signifie « aller dormir » mais peut aussi vouloir dire « être endormi » [cf.
Mishlei (VI, 22) et Shmouel (I, III, 3)]. Alors que בקומך signifie uniquement le moment du lever
(la suite de la journée pourra être qualifiée de Amida, Halikha, Yeshiva, mais pas de Kima…). Voyez
Taz (§58, sk.4), Maguen Avraham (§58, sk.7), Pri ‘Hadash (§58, sk.2).
[Certains expliquent que les deux termes indiquent le début, le moment où l’on se couche et celui où l’on se lève, seulement le Shema du soir est valable toute la nuit car il y a des gens qui vont dormir à toute heure de la nuit. Cf. ‘Hinoukh (§420) et Kiriat Sefer (Hil. Kriat Shema §1).
Cependant c’est assez flou, car généralement, ceux qui vont se coucher 10 minutes avant le début du jour ne se lèvent pas durant ses trois premières heures. Donc s’il y a des couche-tard, il y a aussi des lève-tard.]
Bref, voici ce que ça donne :
Il y a une Mitsva min Hatorah de lire le Shema le jour, et il y a discussion quant à savoir si l’obligation de le lire durant les 3 premières heures est considérée comme Min Hatorah.
-Si on dit qu’elle est Min Hatorah, dans le cas où on a un doute comme qui est la Halakha entre le Maguen Avraham et le Gaon, c’est un Sfeika Deorayta et donc Le’houmra, comme le Maguen Avraham.
-Et si on dit qu’elle est Miderabanan, dans le cas où on a un doute comme qui est la Halakha entre le Maguen Avraham et le Gaon, c’est un Sfeika Derabanan et donc Lekoula, comme le Gaon.
A ce stade, nous pouvons dire ceci : Nous avons un Din de lire le Shema durant les 3 premières heures, certains pensent que c’est un Din Miderabanan, d’autres pensent que c’est Min Hatorah, mais nous ne savons pas qui a raison entre eux, donc dans le doute, comme il se peut que ce soit Min Hatorah, il y a là un enjeu de Sfeika Deorayta et il faut suivre la ‘Houmra et dans un cas de doute (quant à l’heure qu’il est ou comment la calculer), il faudra s’astreindre à lire le Shema « dans les 3 heures Le’houmra ».
Seulement cette injonction de suivre la ‘Houmra dans un tel cas n’est elle-même que miderabanan
[étant donné que la règle indiquant de suivre la ‘Houmra en cas de Safek sur du Min Hatorah n’est elle-même qu’une règle Miderabanan (c’est une ma’hloket Rishonim, mais c’est ce qu’on retient halakhiquement)], donc lorsqu’on a un deuxième Safek qui vient se greffer dessus
(1er Safek : si le Din des 3 heures est Min Hatorah ou non, 2ème Safek : est-ce qu’il faut calculer les heures comme le Maguen Avraham ou comme le Gaon), il s’agit d’un Safek sur un Din Derabanan
(car c’est Miderabanan qu’il faut suivre la ‘Houmra, mais Min Hatorah on suit la Koula) et donc Lekoula ! On suivra donc le
Gaon de Vilna.
Dit autrement, d’après le
Rambam (et autres) qui considère(nt) que Sfeika Deorayta le’houmra n’est que Miderabanan, si nous avons un Sfek Sfeika sur un Deorayta, on suivra la Koula.
Ça m’a l’air assez logique, mais pour plus de garantie j’ai brièvement cherché chez les A’haronim et j’ai vu que j’ai été devancé en cela par le
Guinat Vradim (§8).
Même s’il n’est pas évident qu’un désaccord entre les Poskim puisse conférer le statut de « Safek »
(uniquement parce que NOUS ne savons pas comme qui trancher), voir le
Radbaz (§923) qui considère qu’un doute en raison de notre ignorance et incapacité à trancher n’est pas ce qu’on appelle Sfeika Derabanan Lekoula
(mais c’est par exemple si on a un doute sur ce qui s’est passé).
Cependant, c’est discuté, voir le
Shoel Oumeshiv (Kama, I, §29) qui indique que le
Troumat Hadeshen n’est pas d’accord avec cette idée, idem pour le
Maharik (§171).
Voir encore
Yad Avraham (Y’’D §110).
Aussi, vu autrement, on peut citer le
Shout Haran (§51) indiqué par le
Taz (Y’’D §342, sk.1) et duquel on comprend qu’il tenait pour acquis qu’un cas de Safek si le sujet est Min Hatorah ou Miderabanan, sera dépendant de la Ma’hloket
Rambam-Rashba concernant Sfeika Deorayta Le’houmra si c’est Miderabanan ou Mideorayta.
C-à-d que le
Rambam retiendra que dans ce cas
(Safek si le sujet est Deorayta ou Derabanan), on suivra la Koula.
De plus, en vérité, on pourrait y greffer encore d’autre Sfeikot, par exemple, il y a une Shita qui ne considère pas que les heures indiquées dans le Shas soient des heures Zmaniot.
C’est le
Rambam (Piroush Hamishnayot Brakhot I, 2) et (Hil. Tfila III, 1 -Kessef Mishné) qui nous explique qu’il s’agit d’heures Zmaniot, mais dans le Shas, on pourrait dire autrement, qu’il s’agirait d’heures « Shavot » (égales).
C’est le
Rosh (Tosfot Harosh Brakhot 3b) qui parle de ça.
[cependant, sa preuve ne me convainc pas, il écrit que si l’on parlait d’heures Zmaniot, au lieu d’indiquer 3h et 4h, on aurait dû dire un quart et un tiers de journée.]
C’est aussi ce qu’écrivent le
Yaabets dans
Le’hem Shamayim (Brakhot I, 3) et Mor Ouktsia (§1, §233 et §443), le Pnei Yehoshoua (Likoutim, Brakhot Mahad. Batra 3a), le Shout Mishkenot Yaakov (I, §79), le Shoul’han Hatahor (§58, 1) (il indique plusieurs A’haronim à ce propos, dont le Or Ha’haim Hakadosh, mais je ne sais pas où).
Certains
(Shout Mahari Fradji §47 et Tosfot 'Hadashim Brakhot §1 au nom du Beit David) vont jusqu'à dire qu'il s'agit d'une erreur de copiste dans le
Piroush Hamishnayot du Rambam (op cit) et qu'il faut lire
Shavot au lieu de
Zmaniot.
On indique aussi le
Troumat Hadeshen (§121). Plus haut aussi
(§1) il mentionne le concept des heures Zmaniot comme étant une opinion originale (et non la Pashtout), au point que les A’haronim s’étonnent du
Beit Yossef (o’’h §431) qui indique le
Troumat Hadeshen comme faisant partie du « clan » du
Rambam sur ce point et considère les heures du Talmud comme Zmaniot et non Shavot. Cf.
Ba’h et Drisha (§431) qui s’en étonnent, idem pour le
Taz et le
Pri ‘Hadash (o’’h §443).
Il semble que le
Beit Yossef se soit appuyé sur le
Troumat Hadeshen en
Siman 1 et qu’il ait négligé le
Siman 121. Ainsi que le
Siman 167 indiqué par le
Taz (§433) comme prouvant une nouvelle fois que le
Troumat Hadeshen considérait les heures Shavot.
(Mais voir la tentative d’explication du Taz pour justifier le Beit Yossef).
Voir aussi le
Shakh (Y’’D §184, sk.7, Nek. Hakessef) qui lui aussi considère les heures Shavot.
[Bien entendu, moult A’haronim sont en désaccord et suivent le
Rambam, le
Bartenora (Brakhot I, 2) et le
Méiri (Brakht 9b) pour parler d’heures Zmaniot, voir
Igrot Moshé (o’’h II, §20), Shout ‘Hessed Leavraham (I, §7) et bien d’autres et c'est aussi la position du
Shoul'han Aroukh (o''h §58 et §89) et du
Rama (o''h §233 et §443).
Voir encore
Shout 'Hatam Sofer (o''h §199), Rav Pealim (II, §2, §3, §19), Min'hat Elazar (§69), Dvar Shmouel (§213 et §221) et
Shaagat Arié (§5)]
Les preuves apportées par les partisans des heures Shavot me laissent au mieux perplexe, parfois pantois.
Ils mettent en avant le fait que nulle part dans le Shas il soit précisé que l’on parlerait d’heures Zmaniot.
Evidemment, de quel autre type d’heure aurait-il pu s’agir à leur époque ? Les heures Shavot nous sont connues aujourd’hui grâce aux montres et horloges, à l’époque de ‘Hazal, les gens se repéraient avec le soleil et le cadran solaire, les heures étant donc obligatoirement Zmaniot, au point que je m’étonne de la position des partisans des heures Shavot, comment d’après eux les gens étaient supposés pouvoir calculer des heures shavot ? Avec une Rolex ?
Ils mentionnent aussi les avis rabbiniques du Talmud concernant la marge d’erreur des témoins sur l’heure
(s’ils peuvent se tromper d’une heure ou plus ou moins), or si c’est en Zmaniot
(il en résulterait que la marge d'erreur serait plus longue en été et plus brève en hiver), pourquoi les gens se tromperaient-ils plus en été qu’en hiver ?
Je réponds très simplement que si leur montre c’est la position du soleil dans le ciel, c’est évident.
(On voit d’ailleurs dans la Gmara que c’est leur « montre » puisqu’on distingue entre 2 heures d’erreur le matin et 2 heures d’erreur entre 5h et 7, car là il y a une différence si le soleil est à l’est ou à l’ouest et on ne s’y trompe pas, CQFD.)
[Le
Pnei Yehoshoua (op cit) va jusqu’à dire que si le
Rambam, dans les lois des témoins, mentionne les mots du Talmud concernant la marge d’erreur acceptable, c’est bien la preuve qu’il est revenu sur sa position présentée dans son
Piroush Hamishnayot (où il expliquait que les heures du Talmud son Zmaniot), pour se ranger définitivement à l’avis de ceux qui optent pour les heures Shavot…
C’est très étonnant, comme je l’ai expliqué.]
Ils disent aussi qu’au lieu de parler de 3h il fallait parler de quart du jour (cf. le
Rosh op cit).
Mais cette idée n’a de sens que lorsqu’on a déjà des horloges ou au moins des sabliers ou clepsydres. A l’époque de ‘Hazal, rien d’étrange au fait de parler de 3h pour dire un quart de jour.
Il y a encore d’autres preuves assez faibles, mais d’autres plus intéressantes. Il serait fastidieux et très long de tout expliquer ici, puis d’expliquer mes arguments contre. J’abrège donc.
Je rapportais ceci pour indiquer un autre Safek qui pourrait s’additionner, toutefois, en finale, même les partisans des heures égales (Shavot) ne se basent pas dessus Lekoula et indiquent de suivre le
Rambam (=heures Zmaniot) pour le calcul de l’heure du Shema (en hiver).
Et le
Igrot Moshé (op cit) indique qu’il n’est pas non plus nécessaire de suivre Le’houmra (en été) l’opinion des heures égales.
Plus catégorique encore, le
Rav Epstein dans
Kountras Hareayot (kountras 1) écrit qu’il ne faudra surtout pas faire de cette Shita un simple « snif lekoula ».
Voilà qui s’oppose à ce que je viens de proposer.
Et de plus, il faut savoir qu’il y aura aussi des arguments dans le sens opposé ; même si on suit le
Rambam pour qui le Sfeika deorayta n’est Le’houmra que miderabanan, selon ce qu’écrit le
Melo Haroïm (Erekh Safek), cela ne concerne qu’un cas de safek occasionnel, mais pas un safek répétitif et quotidien comme l’heure du Shema ou ça sera Min Hatorah même d’après le
Rambam (le Melo Haroïm parle de Bein Hashmashot).
Plus encore, comme on parle d’un Safek Mitsvat Essé, certains [
Maharit Algazi (Bekhorot §III, ot 40)et
Kessef Mishné (hil. Mila III, 6) au nom des
Tshouvot Harambam] diront que dans ce cas, le
Rambam est d’accord que Sfeiko Leha’hmir min Hatorah.
Voir encore
Moutsal Me-esh (§13) (cité dans
Guilion Maharsha Y’’D §110),
‘Havot Daat (§110), Oneg Yom Tov (§71), Ktav Sofer (§8 et §14), Maharsham (V, §35).
[Ce n’est pas unanime, certains disent exactement l’inverse, voir
Pri Megadim (Eshel Av. O’’H §17, 2 et §39, sk.1 et §194, sk.3) (Mish. Zahav §14, sk.1) et Shoshanat Haamakim (§3),
Pri ‘Hadash (o’’h §184) et
Shaar Hamelekh (Hil. Mikvaot §10, 6, klal, 2 -daf 35) , voilà qui ajoute un nouveau « snif lekoula » pour ce que j’écrivais plus haut.
Et d’autres
(Min’hat ‘Hinoukh §1) estiment que Mitsvat Essé ou non, ça ne change rien à la Ma’hloket habituelle entre le
Rambam et le
Rashba.
Il y a encore dans le
Pri Megadim (Eshel Av. O’’H §17, 2) une idée selon laquelle même le Rashba qui pense que Sfeika Deorayta le’Houmra est Min Hatorah, ça ne serait que dans le cas il s’agirait de transgresser de manière active une mitsva de la Torah, mais une transgression passive serait systématiquement -min hatorah- Lekoula (et miderabanan le’houmra).
Donc dans notre cas concernant l’heure limite du Shema, c’est passivement que le contrevenant enfreindrait la Mitsva selon le
Maguen Avraham, c’est donc Miderabanan, etc.]
Il y a aussi discussion concernant un Sfeika Dedina, il se pourrait que le
Rambam ne tienne pas sa position dans ce cas. Mais le
Shev Shmatata (Shmaytse 1, §3) ne partage pas cette opinion.
Quoi qu’il en soit, le double Safek tout court nous suffit pour justifier mon explication donnant la préférence à la Shita du
Gaon.
Sauf si l’on suit le Psak d’un Rav (/d’une communauté) qui a tranché la Halakha entre le
Maguen Avraham et le
Gaon, dans ce cas, on ne considèrera pas ce second Safek, car si la Halakha est tranchée, ce n’est pas un Safek.
Donc ceux qui suivent
Rav Ovadia Yossef ou
Rav Ben Tsion Aba Shaoul (etc.) qui indiquent que la Halakha est fixée comme le
Maguen Avraham, il n’y a pas de doute et ils doivent suivre le
Maguen Avraham.
Inversement, ceux qui suivent les Poskim qui tranchent comme le
Gaon doivent (=peuvent) suivre le
Gaon.
Et ceux qui n’ont pas de Massoret sur ce point, peuvent logiquement suivre le
Gaon selon l’explication présentée plus haut.
Bon, j’ai été vraiment très long, je crains fort que la clarté de présentation en soit victime et que certains passages soient flous.
J’ai utilisé des expressions et concepts Halakhiques sans les expliquer car je réponds à la question d’une personne visiblement renseignée, et tout traduire et expliquer aurait allongé considérablement ce message et risqué de le rendre indigeste même aux yeux des initiés. De plus, j’ai indiqué plusieurs Shitot et Sfeikot qui seraient contestables, c’était surtout Lerav’ha demilta, pour pimenter un peu les choses et ne pas me contenter des premières lignes de cette réponse.
Je termine par une demande de clémence quant aux fautes de frappe et d’orthographe, n’ayant pas le temps de me relire.