Citation:
Plusieurs fois apparaît dans la guemara רבי אומר אומר אני :
Quel est le sens de cette redondance ?
C’est une manière modeste de parler, Rabbi dit « moi je dis que… », c-à-d qu’il ne déclare pas avoir raison, mais seulement dire ce qu’il pense, sans que cela n’engage les autres sages.
Rav Yossef Engel dans son
Beit Haotsar (I, Alef-Vav §33, daf 47a) l’explique ainsi
(et il propose d’autres explications ensuite, moins « pshat »), c’est comme l’expression de certains auteurs qui écrivent « Niré Leaniout Daati », dit-il.
Il ajoute qu’il n’apparait qu’une seule fois dans la Bible les mots « Omer Ani », c’est dans le
Tehilim 45, et il y voit un Rémez à rabbi Yehouda Hanassi qui a rédigé la Mishna
(en fonction du contenu du passouk et à grand renfort d’autres allusions via l’isopséphie et les lettres terminales).
Etrangement,
Rabbi Pin’has de Korets y a vu de l’orgueil au lieu d’y voir de la modestie ; il explique lorsque dans
Sotah (49b) après nous avoir dit que «
depuis le décès de Rabbi la modestie et la crainte de la faute ont disparu », Rav Yossef vient et dit «
n’enseigne pas le terme « modestie », car il y a moi » לא תתני ענוה דאיכא אנא. Ne dis pas que depuis le décès de Rabbi la modestie a disparu car je suis là.
Tous s’étonnent des propos de Rav Yossef, et s’il était réellement humble, comment peut-il ainsi le clamer ?
Il y a différentes réponses, mais
R.P. de Korets apporte la sienne (citée dans
Tsema’h Tsadik (Vizhnits) Tshernovitz 1885, p.347) : Rav Yossef ne vient pas dire -par les mots דאיכא אנא- qu’il est lui-même modeste, il dit au contraire que Rabbi ne l’était pas assez
(pour qu’on dise que la modestie aurait disparu avec lui) car il disait toujours « Moi » (דאיכא אנא = car il y a le « moi »), en faisant allusion à l’expression de Rabbi qui disait souvent « Omer Ani ».
(voir à ce propos le Tiféret Adam (Ostreicher) sur Avot II, 1 -N.Y. 1975, II, p.159.)
[Il y a une idée similaire (à celle de R.P. de Korets) pour ne pas dire identique dans le Dorot Yesharim de Rav Yaakov Shalom Freuynd (Bnei Brak 2012, p.380), dans sa Drasha de parshat Kora’h en 1946, en rapportant qu’il a « entendu » ce Pshat.
Il ne savait pas que R. Pin’has de Korets en était l’auteur bien avant. Et entre les deux, nous retrouvons la même idée dans le Ma’hazé Avraham de Botshatsh (cité par le Tehila Ledavid (Rabinovitz) sur Tehilim 41, 13 -N.Y. 2003, p.215).]
C’est osé comme explication.
J’ai vu dans le
Min’hat Israel (Sotah 49a, Jér. 1985, p.64) qu’il cite ce
R.P. de Korets et ajoute «
si Rabbi Pin’has ne l’avait pas dit, il nous eut été impossible de le dire »…
On pourrait aussi comprendre cette habitude
(de dire « Omer Ani ») qui n’a cours que chez Rabbi, en raison de son rôle de rédacteur de la Mishna, dès lors le fait qu’il dise une Halakha pourrait être pris comme l’annonce du porte-parole des ‘hakhamim, c’est pourquoi il vient préciser qu’il ne parle qu’en son nom.
C’est ce qu’écrivent le
Rav Margulies dans
Yessod Hamishna Vearikhata (p.18 et note 54), ainsi que le
Klei Gola sur Mena’hot (14a).
Il y a 25 ans j’avais écrit à ce sujet, mais je ne retrouve plus ces écrits. SI je mets la main dessus, bli neder, j’ajouterai peut-être quelques informations si elles sont divulgables et transmissibles.