Citation:
Savez vous où le Rambam à écrit qu'Aristote avait atteint le niveau le plus élevé avant la névoua ?
Oui, tout le monde croit que c’est dans le
Moré Nevoukhim mais ça ne s’y trouve pas.
C’est dans sa
lettre à R. Shmouel Ibn Tibbon (à la fin).
Dans les
Igrot classiques
(Leipzig 1859) c’est daf 28d. Dans l’édition
Sheilat c’est
p.553.
Cependant, j’indique tout de même (ce qui pourrait être l’origine de l’erreur) que
Rabbi Shem Tov Ibn Falkeira qui commente le
Moré Nevoukhim dans son livre «
Moré Hamoré », semble citer le texte du
Moré Nevoukhim lorsqu’il écrit (éd. classique,
Pressburg 1837, p.107) au nom du
Rambam que le cerveau d’Aristote était au maximum de l’intelligence humaine avant d’arriver au niveau de la prophétie (ce qui ressemble beaucoup à ce dont nous parlons).
Ce texte ne figure pas dans le
Moré Nevoukhim auquel il fait référence
(II, §22), on y trouve bien les louanges d’Aristote mais pas en ces termes.
Le
Rambam était un grand fan d’Aristote, et il écrit
(Moré Nevoukhim II, §22) que tout ce qu’Aristote a dit concernant tout ce qui se trouve entre la lune et le centre de la terre, est absolument vrai, et ne s’en écartent que ceux qui ne l’ont pas compris ou qui défendent un point de vue idéologique.
[Par contre pour ce qui dépasse la lune et à plus forte raison pour ce qui touche à la théologie, il ne s’est basé que sur des suppositions et n’a pas de preuves de ce qu’il avance.]
Mais il ne parle pas de prophétie etc.
Il serait très étrange d’imaginer que
R. Shem Tov possédait une version différente de la nôtre du
Moré Nevoukhim.
Au contraire, du reste du livre, on constate qu’il disposait du même ouvrage en sa version arabe et ses traductions sont même plus précises et justes que la traduction classique d’
Ibn Tibbon.
Il semblerait donc qu’il ait eu accès à la lettre du
Rambam que j’indique plus haut et qu’il ait inséré cette information conséquente dans son commentaire du
Moré Nevoukhim, précisément au chapitre où le
Rambam se montre thuriféraire à l’endroit d’Aristote.
Une autre mention de la prophétie en parlant d’Aristote se trouve dans le
commentaire du sefer Yetsira de Rabbi Moshé Botarel (§1 daf 26b) qui écrit aimer Aristote d’un amour total pour sa très grande sagesse, et nos sages ont dit
(Baba Batra 12a) que le sage est préférable au prophète (‘Hakham Adif Minavi).
Dans son enthousiasme, il décerna une place au Gan Eden au philosophe grec.
Rav Baroukh Epstein (Mekor Baroukh III, p.1608) souligne que cette place au paradis lui a été retirée par
R. Emmanuel de Rome (Ma’hberot, éd.Lvov 1870, daf 223b) qui le condamne au Guehinom pour avoir soutenu la Kadmout Haolam.
[Cette remarque du
Rav Epstein me semble empruntée au
Otsar Israel de Rav Eisenstein (II, p.215) à part que ce dernier indique le Daf
221b. Je ne sais pas quelle est la vraie référence, dans mon édition,
Ma’hbéret Tofet VeEden -Berlin 1778- c’est daf 10b.]