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Kidouch vendredi soir: noussah' phrase avant yom hashishi

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frank
Messages: 39
Bonjour

kidoush vendredi soir il y a des discussions autour de la possible problématique de couper le premier passouk cité il y a trois avis :

- dire yom ashishi directement (coutume entre autre de rav moshe feinstein et des sfaradim, c'est également indiqué ainsi dans le siddour hagra ezor eliahou)

- dire à voix basse vayehi erev vayehi boker (rama - coutume la plus répandue semble-t-il, j'ai lu dans le sefer minhagei 'hatam sofer qu'apparement certains ont la coutume de le dire à voix haute)

- dire à voix basse depuis vayar elokim (de mémoire le aroukh hashoulkhan en parle, le Ashrei Aïsh rapporte que c'était la coutume de rav elyashiv, et c'est également le noussah' que j'ai dans un sidour yaabetz - mais comme c'est un édition récente et qu'il n'y pas de note du yaabetz lui-même sur ce passage je ne peux pas garantir que ca ne soit pas un ajout de l'éditeur lui-même comme c'est très souvent le cas)

Quel est l'avis a suivre selon vous si on n'a pas de coutume sur ce sujet ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Dans le Sidour dit du Yaabets, ancienne édition, cela figure aussi (Daf 152b).

Concernant ce qu’il convient de faire, je dirais ceci :

Choix n°1 : faire comme son père.

A défaut, Choix n°2 : faire comme son Rav.

A défaut, Choix n°3 : faire comme bon nous semble.
Cela ne met pas toutes vos 3 options sur un pied d’égalité, car si c’était le cas, c’est la 3ème (comme le Yaabets) qui l’emporterait, puisque qu’elle évite l’éventuel problème de citer partiellement un Passouk sans risquer d’enfreindre quoi que ce soit.

Donc lorsque je dis que l’on peut choisir la solution qui nous inspire le plus, ça donne un peu plus raison à la 1ère de vos trois options, puisque c’est la seule qui peut tolérer les 2 autres.

En fait, en raison du problème relatif à l’innovation dans la découpe d’un verset (Taanit 27b et Brakhot 12b , et Meguila 22a כל פסוקא דלא פסקיה משה אנן לא פסקינן ליה ), d’aucuns avaient l’habitude de commencer depuis le début du Passouk (Vayar…). Cf. Aroukh Hashoul’han (O’’H §271, 25) et autres.

Toutefois, cette solution déplaît à certains, car les Sages ont fait une drasha sur les mots « Tov Meod » (qui s’y trouvent) et elle rappelle la mort.
Cf. Rav Pealim (I, §11) (voilà pourquoi on peut trouver à redire même sur l’option n°3).

Ainsi, nous trouvons une sorte de compromis consistant à ne reprendre qu’à partir du milieu du passouk « Vayehi Erev, vayehi Boker », évitant ainsi tout de même le problème de la découpe illégale selon ceux qui soutiennent que l’on peut réciter une partie de verset en considérant le Etna’hta comme une interruption.
C’est l’idée que vous citiez au nom du ‘Hatam Sofer. Cf. Shout ‘Hatam Sofer (o’’h §10) et Shout Maharam Shik (§124).(ce dernier optant plutôt pour reprendre depuis le début).

Malgré ces considérations, il semblerait que le Arizal débutait son Kidoush à « Yom Hashishi » sans faire de chichi.
On y voit des allusions en tenant compte du nombre de mots équivalant 72 en se contentant d’ajouter seulement les deux mots « Yom Hashihsi », d’autres considérations mystiques obtenues par le biais de l'isopséphie sont aussi recommandées, cf. Kaf Ha’haim (§271, sk.63) qui recommande la Kavana sur le mot Vayekhoulou qui équivaut lui aussi à 72 et d’autres moyens de retrouver ce chiffre rappelant le nom divin.

L’ajout de ces deux mots (séparés de leur contexte) ne serait donc pas anodin. Le Gaon de Vilna y voyait aussi une allusion à la Tosséfet Shabbat (Biour Hagra o’’h §271, sk.25).

Ce qui fait que finalement, le meilleur conseil est de garder l’habitude de ses parents ou de son Rav, voir ce qu’écrit en ce sens le Maguen Avraham (§271, sk.22) sur les mots « Ki Hou Yom ».

Un autre élément qui irait dans le sens d’un début de Kidoush à « Yom Hashishi », c’est que c’est ce qui se trouve dans les anciens livres à partir desquels nos ancêtres faisaient leur kidoush.

Les ajouts de « Vayehi Erev » (ou plus) sont très tardifs.
S’ils sont justifiés halakhiquement comme nous l’avons mentionné, il faut comprendre que cette justification est en contradiction avec le Minhag ancien.

Manquant de temps, je ne me relis pas, en espérant ne pas avoir fait trop de fautes...
reouvenb
Messages: 98
Bonjour/Bonsoir Rav,

Merci pour la réponse (comme d'habitude).

Je me permet d'ajouter (car je suis étonné que vous ne l'ayez pas cité, tellement vous l'appréciez) ce que Rav Reouven Margaliot dit sur le sujet.

À savoir que le problème est surtout de s'arrêter au milieu d'un passouk et non de commencer au milieu.

Et donc qu'il n'y a pas selon lui de problème.

Il ajoute qu'on dit « yom hashishi » pour « יען להטביע שמו של יוצר בראשית » mais comme ça ne veut rien dire seul alors on a ajouté « vayehi erev vayehi boker ».

Merci infiniment de nous avoir fait découvrir ce rav.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Je cite:
Citation:
Merci pour la réponse (comme d'habitude).

Avec plaisir (comme d'habitude).

Citation:
Je me permet d'ajouter (car je suis étonné que vous ne l'ayez pas cité, tellement vous l'appréciez) ce que Rav Reouven Margaliot dit sur le sujet.


Je dois préciser 4 choses:
1) comment voulez-vous que je me souvienne de tout à chaque instant? j'ai le droit de ne pas me souvenir d'un commentaire, non?
2) pourtant, il se trouve que je me souvenais de celui-ci au moment où j'écrivais :) car je l'avais rencontré peu avant.
3) toutefois, le but n'est pas de "tout citer", mais de répondre à la question.
4) néanmoins, j'avoue que dans une situation similaire j'aurais tout à fait pu le citer :)

Ceci étant dit, je suppose que vous avez lu ce commentaire de Rav Margulies dans sa Hagada Beèr Myriam?
C'est en page 27 de la nouvelle édition (Jérusalem 2004).

Il indique qu'il a déjà écrit ça dans ses Milouim sur Nefesh 'Haya, sans en indiquer le Siman (même dans la nouvelle édition, ils n'ont pas ajouté la référence!), c'est dans les Milouim Siman 51, 7.

Mais il se trouve que Rav Margulies donne une autre explication pour justifier ceux qui débutent le passouk aux mots "Vayehi Erev" (=on peut dire que terminer un bout de passouk est licite, mais on peut aussi dire) : En Israël, à l'époque où ils lisaient la Torah en trois ans, ils coupaient ce verset autrement et les mots Vayehi Erev étaient un début de Passouk.
Voyez Nefesh 'Haya (§271, 10).

Ailleurs encore, dans Nefesh 'Haya (§51, 7), vous trouverez d'autres explications, selon lesquelles l'interdit de couper un verset autrement que Moshé ne concernerait qu'une lecture publique, ou encore qu'il est autorisé de l'interrompre là où il y a un Etna'hta etc. (-j'y ai fait allusion dans mon premier message).

Bref, il y a encore beaucoup de choses à dire au nom de Rav Margulies sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres sujets, n'allez pas imaginer qu'à chaque fois que je ne le cite pas, c'est qu'il n'aurait rien dit sur ce point, loin de là.
Mais c'est plutôt (généralement) que je n'ai pas estimé nécessaire de le citer, ou que je n'en avais pas le temps, ou que je l'avais oublié, ou que je ne l'ai jamais lu et l'ignore!

Citation:
Merci infiniment de nous avoir fait découvrir ce rav.

Franchement, il y a de quoi se réjouir de savoir qu'il a existé, lire ses Sfarim est un plaisir exceptionnel. Je l'ai dit maintes fois à son fils (adoptif) avec qui je suis en contact depuis plus de dix ans et je suis content de constater qu'il s'est occupé durant ces dernières années de faire imprimer les écrits du Rav.
Il y a encore beaucoup à faire.

Rav Rozenberg za"l dont c'est le Yohrzeit aujourd'hui aimait énormément ce Rav Margulies qui était son voisin à Tel Aviv lorsqu'il était jeune.
Il m'a dit qu'il cherchait toujours à acheter les Sfarim de Rav Margulies et qu'il en était même "collectionneur" [ce qui me fait penser et rappeler qu'il y a ce soir un Siyoum et une hakhnassat Sefer Torah Léilouy Nishmat Rav Rozenberg, justement au "Collectionneur"!].

J'ai eu le privilège de lui offrir quelques titres rares ou inédits de Rav Margulies, certains que j'ai pu obtenir via son fils et d'autres en cherchant chez des brocanteurs de Sfarim aux USA.
De nos jours, c'est facile, car ces Sfarim sont scannés et disponibles sur Hebrewbooks ou Otsar hahokhma, mais ce n'était pas le cas il y a quelques 10 ou 15 ans.
frank
Messages: 39
merci de votre retour très complet

je me permets d'ajouter deux compléments trouvés entre temps :

1 - Rav Mena'hem Kasher dans Torah Sheleimah (1:418)
il rapporte que l'on trouve "vayehi erev vayehi boker yom..." sous la forme de pasouk à part entière pour les jours 3, 4 et 5 et que par analogie on peut considérer celui de yom hashishi comme étant proche de ce statut et donc démarrer à vayehi erev sans rentrer dans la problématique de couper le pasouk

2 - dans le Iyoun Tefila que l'on trouve dans le siddour Otsar Hatefillot sur le kiddoush du soir de shabbat (page 646 du vol 1) il ramène une preuve selon laquelle il y avait un minhag ancien de dire depuis vayar elokim. Cette preuve selon lui est la zemira "kol mekadesh shevi'i'" où l'on dit "tehorim yirashouha vikadeshouha bema'amar kol asher asah" et que donc ca implique que dans la kiddoush on dirait "kol asher asah"
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
je me permets d'ajouter deux compléments trouvés entre temps :
1 - Rav Mena'hem Kasher dans Torah Sheleimah (1:418)
il rapporte que l'on trouve "vayehi erev vayehi boker yom..." sous la forme de pasouk à part entière pour les jours 3, 4 et 5 et que par analogie on peut considérer celui de yom hashishi comme étant proche de ce statut et donc démarrer à vayehi erev sans rentrer dans la problématique de couper le pasouk
2 - dans le Iyoun Tefila que l'on trouve dans le siddour Otsar Hatefillot sur le kiddoush du soir de shabbat (page 646 du vol 1) il ramène une preuve selon laquelle il y avait un minhag ancien de dire depuis vayar elokim. Cette preuve selon lui est la zemira "kol mekadesh shevi'i'" où l'on dit "tehorim yirashouha vikadeshouha bema'amar kol asher asah" et que donc ca implique que dans la kiddoush on dirait "kol asher asah"


Très intéressant, merci pour ce partage.
Le Iyoun Tfila ne fait que dire qu’à l’origine on citait tout le passouk, il ne dit pas qu’il faille le faire ainsi, mais il explique ce Piyout en disant qu’à l’époque les gens commençaient le kidoush au début du passouk.
La déduction (à partir du Piyout) reste assez faible (mais sympathique tout de même).

L’idée elle-même (de commencer depuis Vayar) est celle que j’ai citée plus haut au nom du Aroukh Hashoul’han (O’’H §271, 25) et les opposants en raison du rappel funeste qui s’ensuit Cf. Rav Pealim (I, §11).

Quant au Torah Shleima (I, p.83 note 418), il se base sur un Yeroushalmi (et Massekhet Sofrim) pour qui l’on peut, par nécessité, « découper » ce passouk autrement que l’a fait Moshé puisqu’il apparait ainsi pour d’autres jours que le Yom Hashishi (c’est donc que le sens est préservé avec ce découpage).

‘Hazak.
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