Citation:
Pourriez-vous s'il vous plaît m'indiquer des ouvrages de Gdolei Israël (ou au moins de grands Talmidei Hakhamim) qui traitent de la manière dont un Ben Torah doit voir et penser la Shoah ? Ma question concerne ceux qui l'ont vécu en priorité mais également les autres (ceux qui sont venus après, le monde séfarade également etc).
Il me semble que la position des Gdolim mais également des rabbanim ou même des simples juifs (en tout cas, ceux qui l'ont vécu) dans leur immense majorité est de ne pas en parler (je ne porte pas de jugement car je ne pourrai jamais imaginer un milliardième de la douleur qu'ils ressentent, je constate simplement). Quid des directives que des Rabbanim auraient au moins donné sur la manière de penser cet épisode si douloureux pour notre peuple ?
On m'a souvent renvoyé la réponse "à quoi cela servirait d'en parler ? Vivons notre vie de bons juifs et cela suffit, ne nous encombrons pas la tête avec des détails macabres".
Je ne comprends pas non plus cette réponse car l'on pourrait considérer que la seule sépulture des gens disparus réside dans nos témoignages et dans le fait qu'on parle d'eux et l'impossibilité de parler de tous ne nous exempte pas de nous efforcer de maintenir vivant le souvenir de ceux dont la mort (ou même la vie) nous est connue.
En bref, comment comprendre tout cela (avec le prisme de juifs Bnei Torah et qui s'efforcent d'être le plus Yré Shamayim possible) ?
Je vous cite avant de vous répondre :
Citation:
Il me semble que la position des Gdolim mais également des rabbanim ou même des simples juifs (en tout cas, ceux qui l'ont vécu) dans leur immense majorité est de ne pas en parler (je ne porte pas de jugement car je ne pourrai jamais imaginer un milliardième de la douleur qu'ils ressentent, je constate simplement).
En effet, on ne peut pas dire que les rabbanim qui ont vécu la Shoah en aient fait un sujet permanent de discussion.
Il faut savoir que c’était traumatisant, pendant près de 40 ans après la guerre, les rescapés n’arrivaient pas encore à en parler.
C’est vers la fin des années 80 que de plus en plus de rescapés -ceux qui étaient encore vivants- ont commencé à se livrer.
Les rescapés se sont refait une vie après la guerre en la mettant de côté, ils ne voulaient pas ressasser ces souvenirs paralysants et terrifiants.
Voilà pourquoi peu de rabbanim en ont parlé conséquemment.
Puis la génération suivante est arrivée et la Shoah fait partie du domaine des historiens plus que de celui des rabbins.
Il y a cependant plusieurs rabbanim qui ont été interrogés, à qui on a demandé de s’exprimer sur le sujet, mais il y a tellement à dire et sur tellement de plans différents, qu’il est malaisé de pouvoir répondre de manière complète.
Citation:
On m'a souvent renvoyé la réponse "à quoi cela servirait d'en parler ? Vivons notre vie de bons juifs et cela suffit, ne nous encombrons pas la tête avec des détails macabres".
Je ne suis pas d’accord avec cette idée.
Ça sert d’en parler, puisque les gens veulent savoir ce qu’en disent les rabbanim.
D’autant que certains iraient jusqu’à interpréter ce « silence » rabbinique comme un aveu de faiblesse et une impuissance à maintenir la foi en l’existence de D.ieu et la réalité de la Shoah.
Il convient donc d’en parler, ne serait-ce que pour leur répondre.
On ne doit pas refuser par principe de parler de ce sujet, même s’il faut savoir avec qui on en parle.
Feu
Rav Guinzburg de Ponovez disait que cette « contradiction » n’en est absolument pas une, mais il pensait qu’il ne convenait pas qu’un jeune né après la Shoah présente sa vision à son aîné qui avait vécu cette catastrophe.
Le rescapé étant souvent conditionné par sa souffrance, on ne peut pas venir le contredire sans être passé par-là, c’était plutôt la place et le job d’autres rescapés, croyants, de répondre aux rescapés incroyants ou révoltés.
Un rescapé accepte/tolère plus facilement les dires d’un
Rav Lau (ou avant : d’un
Klausenburger Rebbe ou
Kaliver Rebbe, et tant d’autres) que d’un jeune qui ne sait pas de quoi il parle.
Il faudrait être hautement cérébral pour pouvoir accepter d’entendre raison de la bouche d’un gamin né après la guerre.
Le
Brisker Rov disait au sujet des rescapés qui disent qu’après la guerre, ils ont des «
Koushiot », des questions et difficultés à admettre l’existence de D.ieu, qu’en fait, ils n’ont pas trouvé des
Koushiot (questions) mais des
Teiroutsim (réponses -dans le sens de : ils se sont trouvé des excuses pour se débarrasser de D.ieu)!
Après, il est vrai qu’il y a certains individus qui sont bloqués sur la Shoah, leur disque est rayé et ils ne démordent pas de leurs phrases toutes faites, dans ce cas, je comprends les rabbanim qui ne leur répondent pas et leur disent que ça ne sert à rien de parler de tout ça.
Citation:
Pourriez-vous s'il vous plaît m'indiquer des ouvrages de Gdolei Israël (ou au moins de grands Talmidei Hakhamim) qui traitent de la manière dont un Ben Torah doit voir et penser la Shoah ?
Vous n’indiquez pas les langues auxquelles je dois restreindre ma réponse.
En tout cas vous lisez le français, donc je dirais :
Un chemin dans les cendres, éditions Raphaël 1993.
Il y a aussi des titres en anglais et surtout en hébreu.