Cet enseignement de rabbi Eliézèr, qui est loin d’être une simple boutade, peut être interprété de diverses manières :
1. C’est le même rabbi Eliézèr qui s’est opposé à ce que les femmes étudient la Tora (Michna Sota 3, 4).
2. La tenue d’un fuseau dans les doigts d’une femme est considérée comme l’une des caractéristiques de la femme vertueuse (écheth ‘hayil – Proverbes 31, 19).
La Guemara nous apprend d’ailleurs (Mo‘èd qatan 31b) que lorsqu’une femme tisse chez elle avec un fuseau, c’est là un des signes de sa modestie.
3. Rappelons que la remarque de rabbi Eliézèr répondait à une question posée par une femme qui l’interrogeait sur les différentes sortes de punitions qui ont frappé ceux qui ont commis la faute du veau d’or. Cette question était purement théorique, et sans implication pratique.
Or, une femme, lorqu’elle tisse, transforme un fil, c’est-à-dire un objet non fonctionnel, en un vêtement qui est, lui, fonctionnel. Il est dans la nature des membres du sexe féminin de prendre en compte des idées abstraites et de les appliquer à des situations concrètes. Peut-être rabbi Eliézèr a-t-il ainsi voulu rappeler cette spécificité de la nature des femmes, mise à mal par la question qu’on lui avait posée.
Cette constatation ne traduit nullement l’idée selon laquelle le judaïsme établirait entre les hommes et les femmes un rapport hiérarchique. La différence qui les sépare est fonctionnelle, et non naturelle, et la littérature talmudique fournit mains exemples de cette perception.
En plus de Yoma 66b, rappelons que, pour Qiddouchin 80b, les pensées et les opinions de la femme disposent d’une plus grande possibilité d’adaptation que celles de l’homme et que, selon Nidda 45b, son intuition (bina) dépasse celle de l’homme.
Rappelons enfin le nombre important de femmes qui, au cours de l’histoire, ont contribué à l’enseignement et au développement de la halakha.