Citation:
Vous avez déjà souligné le fait est que nous trouvons pas mal de ראשונים qui se sont enoremement interresses à la philosophie certains jusqu’a écrire un livre de philo-théologie juive.
Vous en parliez ici:
https://www.techouvot.com/philosophes-vt14722.html
Je trouve cela enthousiasmant que la תורה ne nous oblige pas à croire sans réfléchir (ce qui ne veut pas dire que je ne crois que grâce aux preuves loin de là mais il est intéressant que l’on puisse à ce point tt questionner même si c’est pour tjrs remettre à sa place notre foi inébranlable).
Cependant, je reste perplexe parce que d’un point de vue purement hala’hique, la משנה dans סנהדרין est très claire « הקורא בספרים החיצונים אין לו חלק לעוה״ב » (d’apres ר״ע du moins) et la גמרא qui explique que c.est ספרי מינים, quoi de plus ספרי מינים que les livres d’aristote, averroes et autres largement cités par tous ces ראשונים qui les ont apparemment lu.
Et la réponse proposee (d’aprs ce que j’ai compris) par le באר שבע sur place et par le ריב״ש dans ses תשובות ס׳ מ״ה, que ces ראשונים l’ont appris pour דע מה שתשיב לאפיקורוס, semble faible principalement à cause de la source dans le מורה נבוכים ח״ג פכ״ח ramenée par le באר שבע justement, où le רמב״ם explique que c’est ça qui lui a permis de mieux comprendre la תורה, et plus généralement je ne suis pas convaincu par cette réponse.
La philosophie et ces livres qui semblent interdits ont pris trop de place dans la pensée de ces ראשונים pour qu’ils ne l’aient apprise que par soucis de דע מה שתשיב לאפיקורוס.
Quand on dit que ces Rabanim ont étudié
Aristote (et consorts) pour דע מה שתשיב לאפיקורוס (=savoir répondre convenablement à l'apicorète), il ne faut pas comprendre qu’ils ont cherché dans ces livres des arguments pour pouvoir clouer le bec aux Apikorsim. (D’ailleurs, serait-ce le meilleur moyen de trouver ces arguments ?)
Cela signifie plutôt, je pense, qu’ils ont intégré ces études comme faisant partie du Limoud Torah, afin de mieux comprendre la Torah, de sorte qu’ils sont effectivement arrivés à דע מה שתשיב לאפיקורוס. Mais il ne suffit pas « dire » qu’on étudie la philosophie en tant que Limoud Torah pour se l’autoriser, il faut que ce soit réellement la motivation de la personne.
Ceux qui, de nos jours, n’ont pas encore lu (ne serait-ce qu’une fois) le Talmud et proclament qu’ils veulent étudier la philosophie pour mieux comprendre la Torah, feraient mieux de commencer par étudier la Torah
(et donc le Talmud) (si leur motivation est de comprendre la Torah).
Si vous lisez avec attention le
Rivash (§45) que vous citiez, il dit qu’il n’y a pas de preuve à apporter du
Rambam qui a étudié la philosophie, car il avait, avant cela, étudié «
toute la Torah entière » comme on le voit du
Mishné Torah qu’il a rédigé :
ואין להביא ראיה מהרמב"ם ז"ל כי הוא למד קודם לכן כל התורה כולה בשלמות... כמו שנראה מספר משנה תורה שחיבר
Cela indique bien cette idée : il est possible d’intégrer la philosophie dans l’étude mais il convient avant tout d’apprendre toute la Torah.
Ensuite, si l’on en a les capacités, on pourra étudier la philosophie dans un esprit de yirat shamayim, en vue de compléter les connaissances déjà acquises.
Néanmoins, pour être tout à fait honnête avec vous, je ne crois pas que le
Rambam soit resté totalement hermétique à la philosophie jusqu’après avoir rédigé son
Mishné Torah, mais tout est une question de mesure ; il a certainement picoré des idées un peu avant, mais il ne s’est pas immergé dans cette étude avant d’avoir absorbé la Torah. (Il n’a d’ailleurs écrit son
Moré Nevoukhim qu’après avoir terminé son
Mishné Torah.)
Est-ce que ça veut dire qu’il est interdit d’étudier la philosophie avant d’atteindre le niveau du
Rambam en Torah ? Non, je ne le crois pas.
D’ailleurs le
Rashba (Shout I, §417) qui interdisait par ‘Hérem l’étude de la philosophie avant d’avoir 25 ans et de s’être rempli de Shas et Poskim, pensait bien qu’à 25 ans, même en ayant appris tout le Shas, on est généralement encore bien loin du niveau du
Rambam. Il autorisait donc à des jeunes de 25 ans l’étude de la Philosophie avec pour condition d’avoir bien étudié le Talmud avant cela.
Je pense que même si l’on n’a pas encore terminé son Talmud, ça devrait être autorisé d’après le
Rashba. Mais il n’en demeure pas moins absurde de s’investir dans cette étude avant celle du Talmud qui doit primer dans la vie du juif.
[Je précise que lorsqu’on dira qu’il vaut mieux laisser la philosophie de côté avant d’avoir étudié le Talmud, il s’agit d’étudier
Aristote et autres philosophes éloignés de la Yirat Shamayim. Mais on pourra étudier du
‘Hovot Halevavot, du
Sefer Haïkarim, du
Ram’hal, du
Kouzari, etc. qui permettent de donner une réflexion et une direction philosophique à notre Avodat Hashem.]