La première fois que vous demandez pardon, il n'est pas forcément nécessaire de venir avec 3 personnes.
En fait, c'est discuté; selon le Biour Halakha (§606) on viendra seul la première fois et accompagné de trois personnes pour les deux suivantes -si nécessaires.
Alors que pour le Shoul'han Aroukh Harav (§606, 2) on viendra en force dès la première fois.
Par contre, dès la seconde tentative, il faudra se munir de 3 accompagnateurs, c'est vrai.
Si cette procédure est gênante pour vous (celui qui demande pardon), c'est très bien! c'est fait pour cela. C'est la gêne et la honte qui constitue l'essentiel de la kapara et c'est aussi ce qui pousse l'offensé à pardonner, voyant la sincérité de son prochain. Cf. Mishna Broura (§606, 2).
Mais si vous parlez de honte pour l'offensé (qui ne souhaiterait pas que cela s'ébruite etc.), dans ce cas, c'est différent et il est évident qu'on se passera des accompagnateurs si leur présence constitue une nouvelle atteinte/honte/humiliation/blessure.
(voyez Mishna Broura (§606, 3) -vedouk).
Quant aux trois demandes, il faut qu'elles soient sincères; ceux qui répètent trois fois de suite le mot "me'hila" sans prendre la peine de feindre un quelconque remord, ne prouvent par-là que leur mépris vis-à-vis du blessé.
Puisque nous parlons de ce sujet, j'ajoute un élément de réflexion:
Nous voyons souvent des gens se demander mutuellement "me'hila" en veille de Yom Kippour, un peu comme ils se disent "Shalom Aleikhem" lors de Birkat Halevana, sans vraiment réfléchir à ce qu'ils font.
Il faut comprendre que se demander me'hila entre amis (envers lesquels on n'a souvent rien commis, ou en tout cas, assurément sans volonté négative aucune) fait peut-être partie du folklore dans certaines communautés, mais il est bien plus rare qu'on aille demander me'hila à ceux envers qui on a réellement fauté, ceux avec qui on est en "ma'hloket", ceux à qui on ne parle plus, ceux qu'on méprise et qu'on boude.
Or, c'est souvent plutôt à eux qu'il faut demander me'hila.
Même si l'autre nous a rendu du mépris et des insultes, on se dit qu'on est "à égalité", mais là aussi, il faut lui demander me'hila (Zikhron Yehouda §201).
Et même lorsqu'on considère qu'il n'a aucune raison valable de nous en vouloir, qu'il est trop susceptible, qu'il se vexe pour un rien (etc.), cela ne nous dispense pas de demander pardon (Cf. Sfat Emet Yoma 87b).
Enfin, je conclus par un 'hidoush incroyablement méconnu:
Rien ne nous oblige à attendre la veille de Yom Kippour pour tenter une réconciliation et présenter des excuses sincères.
Même si l'on se sait innocent, même si on sait l'autre quelque peu coupable, même si son orgueil nous repousse, même si l'on est la victime et lui le bourreau.
Dans la mesure où il se dit -lui aussi- victime, on se doit de lui demander pardon.
Car dans la majeure partie des cas, les disputes sont justes des incompréhensions entre deux personnes éduquées différemment et qui n'ont pas fait (ou pas pu faire) l'effort de se comprendre.
(à quoi, un peu de Gaava ajoute tout le piment nécessaire à une bonne dispute).
Hashem Yaazor Lanou, qu'on arrive à effacer nos disputes, à prendre de la hauteur, à ne pas en vouloir aux autres et ne pas vivre avec des Kpeidot sur autrui.