PROLOGUE:
Etant donné que quelques personnes ont très mal compris ce que j’ai écrit dans ce message, et que la suite des messages permet (aux personnes bien intentionnées et disposant d’un minimum de neurones) d’éviter tout malentendu, j’insiste en prologue pour demander aux lecteurs étonnés ou dérangés par (leur compréhension de) ce premier message, de bien vouloir lire la suite des échanges (généralement il suffit de lire mes posts car je reprends en copie l’essentiel des messages des internautes), pour ne pas faire une mauvaise lecture.
Il faut comprendre que je ne viens pas lui nier sa qualité de Talmid ‘Hakham (ou de Tsadik, droit, humble, bon, gentil, Baal Moussar, ou autre), je ne viens pas non plus tourner en dérision un Rav (h’’v), mais plutôt les affirmations selon lesquelles il s’agirait du Mashia’h devant lequel tous les Talmidei ‘Hakhamim de la génération seraient en extase et qu’ils reconnaitraient tous unanimement comme un Gaon comme on n’en a pas vu depuis le Gaon de Vilna. Tout ce que je dis c’est que ses cours ne m’ont (absolument) pas fait l’effet promis, et que ce qui était dit que tout Bnei Brak ne parlait que de lui était purement mensonger. Ce n’est aucunement un Pgam.
Ça n’est pas mépriser ce Rav que de le dire, ça ne devrait pas le froisser non plus. Par contre, ça froisse ceux qui s’investissent dans une campagne de diffusion avec d’autres intérêts que le Leshem Shamayim.
Je suis un fidèle défenseur du Kavod des Talmidei ‘Hakhamim, je m’oppose toujours à ceux qui, par dédain ou par calcul, disqualifient et méprisent tout Rav qui ne leur plait pas. Je suis pour la critique constructive, mais contre le mépris injustifié.
Mais emboiter le pas à un groupe de personnes qui imposent de parler d’un Rav comme du messie en insistant pour dire que ses cours sont truffés de ‘hidoushim extraordinaires (qui estomaquent et bouleversent le monde des érudits qui se retrouve subjugué et qui reconnait la suprématie inégalée de ce Rav), ça non, désolé, ce n’est pas commandé par le Kavod pour les Rabanim, ni recommandé par le Emet.
Ne pas dire la vérité dans ce cas, contribuerait à écarter certains juifs du chemin de la Torah. Si j’avais été envoûté et fasciné par ses cours comme on me l’avait prédit, je l’aurais dit avec joie et plaisir. Mais comme ça n’a absolument pas été le cas, je n’ai pas le droit -sous le prétexte fallacieux du Kvod Harabanim- de mentir à celui qui me pose la question.
Parmi les gens honnêtes et dont l’intention est Leshem Shamayim, seuls des abrutis comprendraient que je chercherais à mépriser ce Rav pour des Neguiot personnelles. Les autres verront que mon intention, tout en respectant ce Rav, n’est que de repousser des mensonges dont l’impact négatif peut s’avérer substantiel sur la Rou’hniout de certains.
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Citation:
Avez vous entendu parler du yanouka ce jeune prodige de 32 ans dont certains voient en lui un machiah potentiel
rav Shlomo Yehouda
vous l'avez deja ecouté si oui avez vous été impressionné ?
Oui, j’en ai entendu parler, je crois que son nom est
Rav Shlomo Yehouda Bééri (?), effectivement né en 1988.
On m'a envoyé quelques liens il y a un an plus ou moins je crois, j'ai écouté quelques minutes de différents cours, mais n'ai pas compris ce qu'il y avait d'impressionnant, je crois qu'il y a plusieurs avrekhim comme lui, à la différence qu'ils parlent plus normalement, pas "tout calme" comme lui.
En revanche, ce qui m'a impressionné c'est la foule qui vient l'écouter et qui est attentive comme si le messie se dévoilait devant eux.
J’ai donc encore écouté et écouté, dans l’espoir d’entendre des perles, mais je n’ai pas eu l’occasion d'être séduit par ses propos.
Je crois que -comme souvent- c'est de la com; il y a une équipe qui veut monter en épingle un jeune talmid 'hakham et ils en font le gaon de la génération avec une grande publicité, quelques rabbanim âgés et avec une belle barbe tombent dans le panneau et ensuite c'est gagné pour que la foule les suivent.
Concrètement, si on met par écrit ce qu'il a dit dans son shiour et qu'on l'envoi en texte écrit à mille personnes et/ou rabbanim
[sans le signer "the Yenouka", ni "the Moshia'h himself", ni "le Gaon de Vilna"] en l'attribuant à un petit rabbin de banlieue ou d'un Moshav perdu en Erets, PERSONNE n'en ferait cas.
Car finalement, en dehors de la forme
(voix basse et délicate, public barbu attentif, …), sur le fond, ça ne comporte rien d'exceptionnel (je trouve).
C'est un peu de Bekiout avec un peu de kabala et un peu de com et ça donne un nouveau Baba.
Bien sûr il faut être capable de faire preuve d’un minimum d’honnêteté intellectuelle lorsqu’on analyse le contenu d’un Shiour. Ceux qui se laissent endormir et berner par des formules et expressions au ton kabbalistique
(par exemple au sujet du Ribouy Or Haganouz qui doit passer par des Kélim avec le Shéfa Eloki pour contrer le Koa’h du Samekh-mem et sauver la Pnimiout du Shoresh Haneshama) et s’imaginent les comprendre alors que ce n’est pas le cas
(et qu’il n’y a parfois rien à y comprendre), seront enchantés et diront que c’est magnifique et exceptionnel.
Mais s’ils se demandent réellement s’ils y comprennent quelque chose ou si cet enseignement à un intérêt quelconque, ils arriveront rapidement à la conclusion que toutes ces formules où il est question d’idées prétendues kabbalistiques ne sont que de la poudre aux yeux sur lesquelles le
Rav Yehouda Ades (Rosh Yeshivat Kol Yaakov) a l’habitude de dire qu’il n’aime pas parler «
Berekia Hashevii » (« du 7ème ciel »), des formules et idées auxquelles j’applique volontiers la formule du
Rambam (Melakhim XII, 2) אין מביאין לא לידי יראה ולא לידי אהבה
Notre protagoniste est peut-être
(et même probablement) un gentil Tsadik et Talmid ‘Hakham, mais je n'ai rien vu d'exceptionnel dans son enseignement -en dehors de l'engouement suscité chez son auditoire -mais pour cela, j'ai déjà vu d'autres exemples très probants en Israël où l’équipe publicitaire et propagandiste créée autour d’un jeune Talmid ‘Hakham peut « faire beaucoup de bruit ».
Il faut comprendre que certains en font un business, dès qu’on a sous la main un « Baba », il y une manne promise derrière, ça vaut le coup (financièrement) de créer un Baba/Gaon/futur Mashia’h…
Comprenez-moi bien, je ne viens pas critiquer ce Rav, ‘has veshalom, je viens juste dire qu’il n’y a rien d’exceptionnel dans son enseignement qui justifierait tant d’émoi.
Mais ça reste (certainement) un Talmid ‘Hakham Tsadik qui mérite notre respect.
J’ai écouté par endroits des petits passages et j’y ai remarqué une certaine bekiout intéressante plutôt dans certaines de ses références erronées que dans les bonnes.
Il y a des « erreurs » lorsqu’il cite des textes, certes avec la bonne référence mais en omettant de citer le texte essentiel, la vraie source
(c’est comme citer un commentateur alors que c’est explicite dans une Gmara), cela indique plutôt l’inverse d’une bonne Bekiout.
Mais il commet aussi certaines erreurs que j’apprécie, des erreurs qui indiquent des connexions que le cerveau fait et permet parfois de voir si le détenteur de bekiout comprend un peu plus en profondeur que le simple texte.
L’exemple auquel je pense, c’est une erreur qu’il commet en citant une idée au nom du
Shout ‘Hout Hameshoulash de R. ‘Haim de Volozhyn et indiquant la fin du
§11. Or, l’idée dont il parle se trouve à la fin du §9
(et non du §11).
Mais se tromper en indiquant n’importe quel Siman n’est pas comme se tromper en indiquant le §11, car il y a en fin de §11 un sujet voisin et lié dans l’esprit de ceux qui trient et ordonnent leurs connaissances, j’y vois donc une erreur certes, mais révélatrice d’une profondeur.
Ceci pour dire qu’il ne s’agit pas d’un clown, mais bien d’un Talmid ‘Hakham. Toutefois, le contenu n’a rien de particulièrement remarquable, rien de réellement extraordinaire.
Je vous invite à mettre par écrit tous les ‘hidoushim/éléments conséquents qu’il dit dans un cours
(vous éviterez déjà ainsi de devoir supporter son ton mi-triste mi-angoissant) et de les comparer ensuite au même travail effectué sur le cours d’un autre Rav, vous verrez que ça se vaut, il n’y a rien d’extraordinaire
(ni en quantité, ni en qualité), d’autant que ses propos sont souvent axés sur des notions kabbalistiques très floues qui n’apportent pas grand-chose de concret à l’auditoire
(du moins, les passages que j’ai écoutés) ni au niveau de la compréhension des Mitsvot, ni des Hashkafot, ni de la Halakha, ni du Pilpoul.
Rien que les titres de ses shiourim renseignent déjà sur son centre d’intérêt restreint uniquement aux idées kabbalistiques sur des Minhaguim, sans réelle compréhension.
Ça fait un peu dans le style de Rav Yoshiyahou Pinto -pour le ton monotone et le contenu très axé autour de Minhaguim sur des idées de kabbala qui ne permettent pas vraiment une compréhension enrichissante.
Mais chez Rav Y. Pinto, j'ai l'impression que c'est plus axé sur le Moussar.
Il y a certes plus de Bekiouot et de références chez
rav Bééri, c’est vrai, mais en même temps ce n’est pas dur,
Rav Pinto n’en donne que très peu (mais il a beaucoup plus de fans).
Par contre,
Rav Shlomo Yehouda Bééri joue assez bien de l’orgue électronique
(sans être un pro toutefois), ce qui est moins fréquent chez les rabbins 😊
Il faudrait voir ses Sfarim (s’il en a publié), ça permettrait de se faire une meilleure idée de l’étendue de ses connaissances et du niveau de compréhension que l’on pourrait y déceler.
Je ne les ai pas vus
(-s’ils existent).
En tout cas, un point positif est qu’il doit probablement avoir une certaine ouverture d’esprit
(dont témoigne son goût pour la musique) car il a grandi en ‘Houts Laarets, en Suisse et en Espagne
(et ces éléments indiquent aussi qu’il vient d’un milieu favorisé financièrement).
Mais il est bien monotone et triste, ça manque de Sim’ha, de piquant, de tonus.
C’est un vaste sujet auquel j’attache de l’importance
(et qui pourrait faire l’objet d’une tout autre discussion, ça n’est pas forcément opportun par rapport à ce Rav Shlomo Yehouda, mais au passage je glisse l’idée): un Talmid ‘Hakham -et même un Gaon Olam- peut connaitre plein de Torah et la comprendre en profondeur et donner des cours magistraux, mais ne pas produire une « belle Torah », une Torah de vie, une Torah agréable, sublime et magnifique.
Il dira (ou écrira) des ‘Hidoushim qui se tiennent et se justifient, mais qui n’apportent pas de bien-être à celui qui les étudie, des ‘Hidoushim qui ne vont pas le percuter, le changer positivement.
Il s’agit pourtant de vraie Torah, mais sans « beauté », une Torah qui ne s’inscrit pas réellement dans notre monde et qui par conséquent ne rattache pas tellement celui qui l’écoute à son Créateur.
Citation:
PS: Vous avez evoqué lors de votre cours a la veillée de Hochana rabba , l'existence d'un autre prodige un horloger à Jerusalem un certain Reb Weisz prodigieux gaone lui aussi , les avez vous comparé
Il s’agit du
Rav Yoel David Weiss, c’est un Baki Mouflag qui a écrit des sfarim riches en bekiout.
Il est effectivement horloger et il est épatant d’arriver à concilier ainsi une activité professionnelle avec la rédaction de Sfarim de cette qualité.
A priori, le
Rav Shlomo Yehouda Bééri dont nous parlons ne fait pas le poids du tout.
Peut-être qu’il est lui aussi extrêmement Baki mais ça ne se voit pas dans ses cours, il cacherait bien son jeu.
Mais il est nettement plus jeune, laissons-lui le temps…
Si déjà, il y a d’autres jeunes rabbanim épatants de Bekiout sur lesquels vous auriez pu poser cette question, plus que sur « le yenouka » en question.
[voir mon 3ème message du 4 février 2016, adressé à
Verna, ici :
https://www.techouvot.com/critere_pour_pretendre_au_titre_de_gaon-vt18369.html
et aussi mon message posté ici :
https://www.techouvot.com/preparation_des_chiourim_de_rav_bwattenberg-vp46477.html ]
Même par rapport à ces « autres jeunes rabbanim », il faut comprendre que l’atout de la bekiout ne se résume pas à débiter des références de sfarim dans tous les sens, encore faut-il être capable de regrouper les sujets similaires, tirer des preuves intelligentes de textes « éloignés » du sujet, ordonner les choses avec compréhension, etc. Sans quoi, il ne s’agit que d’une bekiout d’ordinateur -et pour cela, l’ordinateur reste de toute façon plus puissant.
C'est la profondeur de compréhension que l'on peut y mettre qui importe. La sagesse et l'intelligence conjuguées avec une connaissance vaste donne une vision intéressante et enrichissante de la Torah.
La Bekiout à elle seule n'a pas trop d'intérêt si elle n'est pas accompagnée de raisonnements sains et profonds.
[Je souligne à dessein un point commun entre ces trois jeunes rabbanim très bekiim dont nous parlons ici ; notre protagoniste,
R. Méir Eliahou et
R. Israel Shnéor pour les nommer (cf. les liens que j’indique plus haut).
Tous trois ont pour point commun -qui n’est pas anodin à mon sens- le fait d’être Sfarade !
Il y a une culture de la bekiout chez les Sfaradim, on souligne beaucoup la Bekiout, on l’apprécie et on se fait une idée de la grandeur d’un Talmid ‘hakham en se basant surtout sur sa bekiout.
Les Ashkenazim quant à eux, privilégient plus la compréhension subtile que la connaissance superficielle.
Ça rejoint un peu ce qu’écrit le
Ben Ish ‘Haï dans la préface de son
Shout Rav Pealim au sujet des Darkhei Limoud différents entre Ashkenazim et Sfaradim, je l’ai déjà mentionné ici :
https://www.techouvot.com/psak_du_bet_yossef_comme_les_3_amoude_horaa-vt8027994.html
C’est à double tranchant, car nous trouverons particulièrement chez les Sfaradim des Bekiim qui connaissent beaucoup de textes mais qui n’ont pas vraiment développé leur sens critique -pour peu qu’ils en aient un, car il y a lieu de douter parfois…
Être Baki c’est bien, mais savoir utiliser à bon escient et intelligemment cette Bekiout, c’est mieux.
Si la ‘harifout sans Bekiout n’a pas vraiment de valeur, la bekiout sans ‘harifout est vraiment fade.]
Comme je crains que certains comprennent mon texte comme une critique de ces trois rabbanim, je souligne que tel n’est pas son but.
Il s’agit de trois jeunes rabbanim très bekiim, Kol Hakavod Lahem, j’indique seulement qu’il ne faut pas perdre la tête à imaginer qu’il s’agirait d’un Gaon de Vilna en herbe, mais Baroukh Hashem il y a déjà de quoi se réjouir de ces rabbanim.
Citation:
( on va me dire que c'est pas joli de dire ca mais votre avis m'interesse
Vous avez raison, parfois ce n’est pas joli de comparer, mais pour le coup c’est instructif et constructif.
Quoi qu’il en soit, ceux qui s’opposent fermement aux comparaisons entre Rabbanim en accusant les comparateurs de commettre un péché, devraient lire ce que j’ai écrit ici :
https://www.techouvot.com/comparaison_entre_deux_ravs-vt8028283.html
Voyez aussi le
Kobets Igrot du 'Hazon Ish (II, §133) qui explique que s'il est autorisé -au titre de Toélet- de dire du "Lashon Hara" sur un artisan à propos de son artisanat/travail, ça le sera à plus forte raison à propos de celui dont l'artisanat est la Torah (Torato Oumanouto) -tant que c'est dans le cadre d'une consultation Letoélet, bien entendu.
Citation:
car vous etes non seulement un grand BAKI mais egalement le BAKI des BEKIIM )
Là vous avez tort, vous me surestimez largement.
Ce même texte du
'Hazon Ish m'impose de vous dire que vous vous trompez à mon sujet.