Au lieu de vous indigner des mots du Anim Zmirot attribuant à D.ieu des cheveux blancs ou noirs, vous auriez dû vous poser la question sur les versets de la Bible auxquels il fait certainement ici allusion !
Voyez la Gmara ‘Haguiga (14a) où l’on confronte ces deux versets, l’un attribuant à D.ieu des cheveux blancs comme la laine (Daniel VII, 9), l’autre des cheveux noirs comme le corbeau (Shir Hashirim V, 11), ce qui –bien qu’étant assurément une image- paraît contradictoire (et on n’envisage pas de dire que D.ieu aurait prit un coup de vieux depuis l’époque de Salomon à celle de Daniel, bien entendu).
La Gmara répond que ces différentes apparitions de D.ieu (à ses prophètes) dépendent du contexte de la prophétie ; lorsque D.ieu apparaît comme siégeant en Yeshiva (/au tribunal céleste -Cf. R. ‘Hananel ad loc.), le prophète perçoit des cheveux blancs, et lorsqu’Il apparaît en guerrier, le prophète Le perçoit avec les cheveux noirs (plus adaptés à un guerrier).
A partir de là, l’auteur du Anim Zmirot (-selon certains c’est R. Yehouda ‘Hassid, ou son père-) attribue les deux couleurs de cheveux à D.ieu et vous verrez que juste après avoir dit וַיֶּחֱזוּ בְךָ זִקְנָה וּבַחֲרוּת, וּשְׂעַר רֹאשְׁךָ בְּשֵׂיבָה וְשַׁחֲרוּת , on dit : זִקְנָה בְּיוֹם דִּין וּבַחֲרוּת בְּיוֹם קְרָב , ce qui correspond bien aux dires de la Gmara ‘Haguiga (14a).
(et notez au passage la compréhension de Yeshiva dans l’entendement de tribunal, « yom Din », comme R. ‘Hananel).
[Il n’y a pas de Targoum sur le verset de Daniel, puisqu’écrit en araméen de toute façon, mais voyez le Targum sur le verset de Shir Hashirim, vous y trouverez aussi une allusion à cette contradiction apparente entre nos deux versets, contradiction résolue autrement que par la résolution proposée par la Gmara.]
Pour répondre à votre question, je dirai donc que l’auteur du Anim Zmirot n’a pas prêté à D.ieu des traits humains qui ne seraient pas déjà attribués à D.ieu par les prophètes.
En fait, il n’a fait que reprendre les versets.
Et bien entendu, même lorsque Daniel parle de cheveux blancs, ce n’est qu’une image/idée/parabole, puisque כי לא ראיתם כל תמונה (Dvarim IV, 15), comme lorsque d'autres versets attribuent à D.ieu des sens humains et une forme humaine.