Citation:
Pouvez-vous nous dire svp quel est l'origine du Iskh'ou H'ag, si c'est mentionné dans le talmud et les avis ultérieurs ?
Il y a une mention de Isrou 'Hag dans
Souka (45b) selon la seconde lecture de
Rashi (mais voir Aroukh Laner sur Rosh hashana daf 19 et Maguen Avraham O''H §429, sk.8).
Cependant elle n'explique pas l'idée ni l'origine de cette fête, et selon la première lecture de
Rashi, ce que dit la Gmara n'a rien à voir avec Isrou 'Hag.
L'idée généralement admise est que ça serait une fête instaurée tardivement
(à l'exception de Shavouot où le Isrou 'Hag serait plus ancien au titre de Yom Tevoa'h –‘Haguiga 18a -voir aussi 'Hatam Sofer Y''D §250 et Nefesh 'Haya Margulies §494) afin de ne pas quitter "brutalement" le Yom Tov, un peu dans l'esprit de la Seoudat Melavé Malka.
Shout 'Hemda Gnouza (Shloush) (II, §62) et Dvar Yesharim (Zilber-Margaliot) (§76, Tel Aviv 1959 p.47.)
Une autre explication dit que les sacrifices Shlamim apportés le dernier jour de la fête devaient être consommés durant 2 jours et une nuit, ils étaient donc consommés jusqu'au lendemain de Yom Tov, le jour de Isrou 'Hag. C'est ce qu'écrit
Rav Shlomo Tsvi Schik dans Sidour Haminhaguim (daf 83b, Zikhron Asher §14) (en proposant la lecture Biria au lieu de Brei dans le yeroushalmi.) . Cette idée se retrouve aussi dans le
Shout Beit Av (Milouim après les Mafté'hot) et en filigrane dans le
Shout Divrei Yatsiv (Likoutim §44, 5). Voir aussi
Aroukh Hashoul'han (§429, 5).
Mais j’ai lu une idée plus originale dans le
Moadei Arev du
Rav Reifmann (Maarekhet V, §3, p.75) , il écrit qu’à l’origine c’est un Minhag qui est né en Israël, car les juifs y habitant voulaient festoyer un peu au lendemain du Yom Tov pour communier avec leurs frères habitant ‘Houts Laarets qui faisaient deux jours de Yom Tov.
Ce n’est que plus tard que ce Minhag (dont on aurait oublié la raison d’être) se serait répandu dans le monde.
(Voir aussi Sdei 'Hemed (I, p.295) au nom de Rav Reifman mais sans citer le Moadei Arev, et il le repousse car le Maharil parle de Isrou 'Hag le 13 Nissan en tant que lendemain du 12ème jour des Nessiim.)
Il ajoute que nous constatons que si le Talmud
Yeroushalmi (Avoda Zara I, 1) mentionne Isrou ‘Hag
(selon une lecture de Rav Reifmann) (voir aussi Biour Hagra O''H §494, sk.3), ce n’est pas le cas du
Bavli (pourtant rédigé bien après) (et ce qui est dit dans le Bavli Souka 45b devrait donc s’interpréter comme la première explication dans Rashi ad loc.)
[Cet ajout est étrange car si le Minhag est mentionné dans le
Yeroushalmi c’est qu’il existait avant que le calendrier soit fixé, or, à l’époque où la date était fixée par le témoignage des témoins ayant vu la lune
(et non par le calendrier), les habitants de ‘Houts Laarets faisaient certes 2 jours de Yom Tov, mais le second jour ne correspondait pas forcément au lendemain du jour fêté en Israël.
Ils pouvaient fêter le jour qui précède le Yom Tov israélien.
Dès lors, pourquoi les habitants d’Israël auraient fixé ça au lendemain de la fête ?
J’ai une explication, que je donne brièvement car c’est compliqué: le
Yeroushalmi ne mentionne pas les mots «
Isrou ‘hag », il demande pourquoi on a décalé un jeûne au surlendemain de Yom Tov, le 24 Tishri, alors qu’on aurait pu le placer au 23, et il répond משום בריה דמועדא que le
Rav Reifmann corrige en ajoutant un Tav, ce qui donne משום בתריה דמועדא , voulant dire « car c’est le jour d’après la fête».
(ceux qui gardent la version habituelle -Brei-l'interprètent aussi dans le même sens, le fils de la fête voulant dire le jour suivant la fête.)
C-à-d qu’on n’a pas voulu placer le jeûne le 23 car selon l’habitude -que nous appelons Isrou ‘Hag- il convenait de festoyer ce jour.
D’après cela, on peut expliquer qu’en réalité, à cette époque, les juifs d’Israël fêtaient systématiquement le même jour que les juifs de ‘Houts Laarets
(puisqu’ils savaient quel jour les autres juifs allaient s’imposer au titre de Safek), le jour fêté tombait donc soit un jour avant la fête, soit un jour après
(Note : l’idée était de ne pas vivre un jour de manière totalement ‘Hol alors que les juifs de ‘Houts Laarets le fêtaient comme un Yom Tov. C’est pourquoi durant ‘Hol Hamoed le problème ne se posait pas).
Mais cette année c’était « le jour d’après » qui était ajouté par le Safek
(c-à-d que le Yeroushalmi ne dirait pas que c'était ainsi chaque année et et à chaque fête, mais parfois les habitants d'Israël fêtaient le jour qui précède le Yom Tov car ils savaient que leurs coreligionnaires résidant en 'Houts Laarets allaient le considérer comme Safek Yom Tov en l'absence d'information au sujet du Ibour).
Si le
Yeroushalmi avait utilisé l’expression « Isrou ‘Hag » c’eut été délicat, car cela indiquerait que l'expression fut déjà consacrée, or, ces mots signifient « rester attaché à la fête », et concernent donc le jour d’après et non celui d’avant
(on pourrait admettre le Do’hak de dire que le jour d’avant serait attaché, mais c’est difficile).
Mais comme cette expression est tardive
(dans le sens d'une fête, sinon, on la retrouve dans Tehilim §118, 27 en parlant du Korban), on peut dire qu’elle n’est née qu’après que l’habitude se soit répandue dans le monde car on n’en connaissait plus l’origine, et on lui a donc donné ce nom justement car on fêtait le jour d’après.]
J’ajouterais que cela expliquerait aussi l’absence d’Isrou ‘Hag au Yom Tov de Rosh Hashana
(où l’on fête deux jours en Israël aussi) et à celui de Yom Kippour
(où l’on ne fait qu’un jour même en ‘Houts Laarets -ou encore, on pourrait dire qu’il ne convenait pas de « festoyer » suite à un jour de jeûne).