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Haftarath Pin‘has – « Les kohanim qui étaient à Anathoth »

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Jacques Kohn ZAL
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En cette année 2009/5769 où la parachath Pin‘has est lue le 19 tamouz, on applique la règle selon laquelle on lit la haftara attachée à la parachath Matoth lorsqu’on a lu Pin‘has après le jeûne du 17 tamouz. Cette haftara devient en effet la première des trois haftaroth de-pour‘anouthahaftaroth de menaces ») que l’on récite entre les jeûnes du 17 tamouz et du 9 av.

Empruntée au premier chapitre du livre de Jérémie, elle retrace les circonstances de l’élection de ce prophète.

Elle rappelle qu’il est né à Anathoth, localité située à quelques kilomètres à l’est de Jérusalem.

Cette indication n’est pas innocente, car elle rappelle un événement qui a eu lieu plusieurs siècles avant la naissance de ce prophète.

Pendant la guerre civile qui a opposé, à la fin de son règne, le roi Saül à David, son futur successeur, les troupes royales se sont livrées à un véritable massacre. Au motif que les kohanim de la ville de Nov avaient donné asile à David, elles exterminèrent ses habitants :

« Et [Saül] frappa Nov, ville des kohanim, par le tranchant de l’épée, homme et femme, enfant et celui qui tète, bœuf et âne, et mouton, par le tranchant de l’épée. Et un des fils d’A‘himélekh, fils d’A‘hitouv, dont le nom était Evyatar, se sauva, et s’enfuit après David » (I Samuel 22, 19 et 20).

Evyatar est devenu plus tard le kohen gadol de David.

Cependant, lors des intrigues qui ont opposé, à la fin du règne de ce monarque, ses deux fils Adonias et Salomon qui se disputaient sa couronne, Evyatar a fait, en quelque sorte, le mauvais choix, puisqu’il a opté pour celui qui allait être écarté :

« [Adonias] conféra avec Joab, fils de Tserouya, et avec Evyatar, le kohen, et ils aidèrent Adonias et le suivirent » (I Rois 1, 7.).

Aussi le roi Salomon, une fois qu’il eut affermi son pouvoir, prononça-t-il contre Evyatar la punition que méritait sa trahison :

« Le roi [Salomon] dit à Evyatar, le kohen : Va dans tes champs, à Anathoth, car tu mérites la mort ; mais, aujourd’hui, je ne te mettrai pas à mort […] Salomon chassa Evyatar du sacerdoce de Hachem, pour accomplir la parole de Hachem, qu’il prononça au sujet de la maison de ‘Eli, à Chilo” (I Rois 2, 26 et 27).

Cette « parole de Hachem » remontait à très loin dans le passé. Elle avait été émise à l’époque du prophète Samuel, pour punir de leur comportement le kohen gadol ‘Eli, et surtout ses deux fils, comportement jugé indigne de leurs fonctions :

« Je me susciterai un kohen fidèle : il fera selon ce qui est dans Mon cœur et dans Mon âme, Je lui bâtirai une maison stable, et il marchera toujours devant Mon oint » (I Samuel 2, 35).

C’est ainsi que les descendants d’Evyatar, dont allait faire partie Jérémie, ont été complètement écartés de toute activité sacerdotale. Assignés à résidence à Anathoth, localité d’ailleurs proche de Nov où avait eu lieu le massacre perpétré par Saül, ils y ont mené, des siècles durant, et sans jamais bénéficier d’aucune amnistie, une existence de reclus.
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