« Ils s’obstinèrent (waya’pilou) à monter vers le sommet de la montagne, et l’arche d’alliance de Hachem et Moïse ne bougèrent pas du milieu du camp » (Bamidbar 14, 44).
Ce mot waya’pilou a donné lieu, dans notre histoire récente, au mot ma‘apilim, terme désignant les « audacieux » qui, sous le mandat britannique, immigraient clandestinement en Israël.
Rachi explique ce mot de diverses façons : Ce peut être une expression de « vigueur », comme dans : « Voici, son âme enflée d’orgueil (‘oupla) » (Habaqouq 2, 4). Ce peut être aussi une indication d’effronterie, comme le suggère sa traduction en français médiéval : « engrés ».
Ce mot peut se rapporter à une « colline fortifiée », comme dans : « colline fortifiée (‘ofèl) de la fille de Sion » (Michée 4, 8), ou dans : « tour (‘ofèl) et château fort » (Isaïe 32, 14). Quant au Midrach Tan‘houma, propose encore Rachi, il explique ce mot comme comportant une connotation d’« obscurité » : ils ont marché dans l’obscurité, parce que sans autorisation.
Ce la‘az de Rachi (engrés) pourrait correspondre, selon Moché Catane (Otsar loazei Rachi), à une idée d’« entrée », comme provenant du latin ingressus.
On remarquera cependant que ce même mot engrés s’appliquait, en occitan médiéval, à l’idée de « fâché », « violent », « rebelle », « impatient », « ardent », qui pourrait mieux correspondre à l’idée que s’en fait Rachi.
On notera également que Ganelon, le traître de la Chanson de Roland, y porte aussi le nom de Engrès, ce qui signifierait, en ancien français : avide, obstiné, voire méchant.