La haftarath Bo (Jérémie 46, 13 à 28) nous rappelle la dure réalité à laquelle sont exposés ceux qui ne retiennent pas les leçons de l’histoire : celle-ci ne manquera pas de les rattraper et de se renouveler.
L’événement que promet le livre de Jérémie est la destruction de l’empire égyptien par Babylone. Le prophète annonce ce que lui a promis Hachem : « Ainsi a parlé Hachem tsevaqoth, Dieu d'Israël : Voici, je vais sévir sur Amon, divinité de Nô, sur Pharaon et sur l'Egypte, sur ses divinités et ses rois, ainsi que sur Pharaon et sur ceux qui mettent leur confiance en lui. Je les livrerai à ceux qui en veulent à leur vie, et à Nabuchodonosor, roi de Babylone, et à ses serviteurs, et après quoi on y habitera comme jadis, dit Hachem » (Jérémie 46, 25 et 26).
Radaq explique ici que Hachem va frapper l’Egypte pour le mal que son Pharaon Sésak (en hébreu : Chichaq), oublieux de la catastrophe qui avait frappé son pays à la mer des Joncs, a fait à Israël. De même la punira-t-Il pour le meurtre du roi Josias par son Pharaon Neco (en hébreu : Nakho).
De fait, bien que les rois de Juda aient versé à l’Egypte de lourds tributs pour obtenir d’elle, sinon son appui militaire, du moins sa neutralité, ce pays n’a jamais cessé de les trahir.
C’est pourquoi, annonce le prophète, « ils [les Babyloniens] abattent sa forêt, dit Hachem, elle si impénétrable cependant ; car ils sont plus nombreux que des sauterelles, et on ne peut les compter » (Ibid. 46, 23).
Jérémie compare ici les Babyloniens à des sauterelles, dont les épaisses nuées s’abattent sur le pays. Cette comparaison suggère comme une redite de la frappe des sauterelles dans notre paracha, qui se serait manifestée à l’époque de Nabuchodonosor.
Signalons une autre ressemblance entre la haftara et la paracha : Alors que la frappe des sauterelles a causé le désespoir des Egyptiens (« Les serviteurs de Pharaon lui dirent : Jusqu’à quand ceci nous sera-t-il un piège ? Renvoie les hommes, qu’ils servent Hachem, leur Dieu ! Ne sais-tu pas encore que l’Egypte est perdue ? » [Chemoth 10, 7]), pareil désespoir a été le leur après leur défaite par les Babyloniens : Ils ont interpellé bruyamment Pharaon, leur roi, lui reprochant d’avoir laissé passer le moment d’intervenir militairement (Jérémie 46, 17, et Rachi ad loc.).