Il est écrit dans la parachath Be‘houqothaï : « Vous mangerez du vieux, et vous ferez sortir le vieux de devant le nouveau » (Wayiqra 26, 10).
Cette bénédiction paraît suggérer une certaine prodigalité et une certaine propension au gaspillage. A quoi cela sert-il en effet de disposer de telles richesses si c’est pour se débarrasser d’une partie d’entre elles ?
La réponse à cette question se trouve dans un adage talmudique : « Entre le vin, sortent les secrets » (‘Erouvine 65a).
Si cet adage, dans sa signification la plus simple, semble nous apprendre que l’état d’ivresse due à l’absorption du vin favorise les indiscrétions et la révélation de ce qui devrait rester secret, on peut le comprendre également sous une autre acception : Tout ce qui compose le monde matériel se détériore avec le temps, à une seule exception : le vin, qui se bonifie en vieillissant.
Le vin symbolise ainsi l’idéal du monde de l’esprit, qui s’améliore en prenant de l’âge.
Il ne possède donc aucune des propriétés apparentes du monde physique, et il permet au contraire de révéler ses sentiments les plus profonds. Voilà pourquoi il est associé, dans nos activités rituelles, à tous les événements joyeux (Qiddouch, repas de fêtes, etc.).
La bénédiction contenue dans notre verset ne veut donc pas dire que ce que nous produisons va devenir vieux, en ce sens qu’il va dépérir, mais qu’il s’améliorera comme du vin, et donc qu’il nous fournira non seulement de la vigueur physique, mais aussi un soutien intérieur de nature spirituelle. C’est pourquoi plus nous produirons de nourriture, plus celle-ci contribuera à nous enrichir dans le domaine de l’esprit, et plus grande sera la bénédiction.
Adapté du Chem mi-Chemouel, 5670 [1910].