Il est écrit que Jacob a séjourné en Egypte pendant dix-sept ans, et qu’il a vécu en tout cent quarante-sept ans (Berèchith 47, 28). Cette précision semble effectivement inutile puisque nous savons par ailleurs (Berèchith 47, 9) qu’il a indiqué, lorsqu’il s’est présenté devant Pharaon, qu’il avait cent trente ans. Une simple soustraction (147 – 130 = 17) devrait suffire à établir qu’il a vécu en Egypte pendant dix-sept ans !
Il convient de rappeler, explique Rabbeinou Be‘hayé (ad Berèchith 47, 27), que Joseph avait également dix-sept ans lorsqu’il a quitté son père (Berèchith 37, 2). Ces deux « dix-sept ans » doivent être considérés l’un par rapport à l’autre, selon le principe de midda kenéguèd midda (« mesure pour mesure ») : De même que Jacob a pourvu pendant dix-sept ans à l’entretien de Joseph, de même celui-ci a pourvu pendant dix-sept ans à l’entretien de son père.
De la même façon, indique Rachi (ad Berèchith 37, 34), il s’est écoulé vingt-deux ans entre la vente de Joseph et l’arrivée de Jacob en Egypte. Pendant ces vingt-deux ans, Joseph n’a pas honoré son père. Or Jacob, de la même manière, n’a pas honoré son père et sa mère pendant vingt-deux ans (Meguila 17a) : les vingt ans passés chez Laban, plus deux ans sur le chemin du retour, à savoir un an et demi à Soukoth et six mois à Beith-El. Encore un exemple de midda kenéguèd midda !
On peut ajouter une troisième application du même principe : Nous savons qu’Abraham était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il a quitté ‘Haran (Berèchith 12, 4), ce qui implique qu’il a, jusqu’à cet âge-là, honoré comme il se devait son père.
Abraham, à la naissance d’Isaac, était âgé de cent ans (Berèchith 21, 5), et l’on peut considérer que celui-ci a honoré son père jusqu’à la fin de ses jours, à l’âge de cent-soixante-quinze ans (Berèchith 28, 7).
En d’autres termes, Isaac a honoré son père Abraham pendant le même nombre d’années que celui pendant lequel Abraham a honoré son père Téra‘h.
Ce dernier était pourtant un idolâtre, de sorte que la Tora nous suggère peut-être ici que l’obligation d’honorer ses parents s’impose également à un converti (voir Choul‘han ‘aroukh Yoré dé‘a 240, 18).