Parachath Wayiqra – Le pourquoi des sacrifices ?

On a vu se développer, à travers les siècles, beaucoup de théories sur le sens de notre culte sacrificiel, dont l’apparence n’est pas sans rappeler celui qui était en honneur dans les nations païennes.

Rabbi Yehouda ha-Lévi explique le sacrifice comme constituant un lien entre le ciel et la terre, entre l’homme et son Créateur et comme favorisant l’inspiration prophétique. Il perçoit l’univers comme un énorme système dirigé par la providence divine, et le service sacrificiel dans le Temple comme une sorte de « mode d’emploi » pour savoir utiliser ce système. Quand ce service est convenablement exécuté, le monde entier fonctionne correctement, et le peuple juif se présente comme une nation saine à tous points de vue. Mais quand il est aboli, le désordre et l’agitation envahissent le monde et le peuple juif est voué à l’exil.

Pour Maïmonide, le sacrifice est ce qui tient les Juifs à l’écart du paganisme, en fournissant une transition graduelle du rituel païen au monothéisme, caractérisé par l’adoration d’un seul Dieu, maître absolu de la nature. Etant donné qu’il était difficile pour le peuple juif, fraîchement libéré de l’esclavage, de s’élever jusqu’au niveau d’une adoration pure et abstraite de ce Dieu, il a fallu l’engager dans un long processus éducatif, destiné à préparer lentement son cœur à s’inscrire dans des idées religieuses plus raffinées et plus profondes.

La pensée de rav Kook, plus proche de celle de rabbi Yehouda ha-Lévi, tient l’offrande des sacrifices comme un moyen de révéler de sublimes vérités spirituelles que la pensée humaine ne peut pas comprendre. A son avis, le service sacrificiel sera restauré et retrouvera sa pleine force dans les temps à venir. L’influence spirituelle du peuple juif réapparaîtra alors sous sa forme la plus entière et la plus puissante.