Nous lisons, dans le dernier verset du chapitre 35 de Chemoth : « [Hachem] les a remplis de sagesse du cœur, pour faire tout travail d’artisan et de réflexion, et de broderie dans l’azur et dans le pourpre et dans l’écarlate et dans le lin, et pour tisser, ceux qui exécutent tout travail et réfléchissent dans des réflexions. »
Et le chapitre 36 commence ensuite par les mots : « We-‘assa Betsalel, et Aholiav, et tout homme sage de cœur en lesquels Hachem donna sagesse et intelligence, pour connaître, pour faire tout le travail du service du sanctuaire, pour tout ce qu’ordonna Hachem. »
Cette numérotation des chapitres de la Tora témoigne de la fausseté, maintes fois dénoncée par nos Sages, de la division du Tanakh en chapitres, division attribuée à des savants chrétiens du treizième siècle et que nos éditeurs ont conservée depuis lors.
En fait, le chapitre 36 aurait dû commencer au verset suivant (36, 2 : « Moïse appela Betsalel et Aholiav… »), le chapitre 35 se terminant par la fin du discours de Moïse, et donc par : « We-‘assa Betsalel, et Aholiav, et tout homme sage de cœur… ».
Peut-être cette erreur de numérotation doit-elle être attribuée à une lecture incorrecte du premier verset du chapitre 36 : « We-‘assa Betsalel, et Aholiav… »
Comme le fait remarquer Ibn Ezra dans son commentaire de ce verset, le texte entend ici nous dire que « Betsalel fera (ya‘assé – au futur)… »
En d’autres termes, le waw de we-‘assa est un waw « conversif » (et non « conjonctif »), et il sert à transformer le verbe ‘assa (« il fit ») en « il fera ».
De même Rachi fait-il observer (ad Makoth 12b, s.v. wa-ratsa‘h) que ce mot we-‘assa correspond à un ordre donné (et non à une action passée), tout comme ce même mot dans Devarim 31, 4, où il constitue une promesse, et non le rappel d’une antécédence : « Hachem leur fera (we-‘assa) comme il a fait à Si‘hon et à ‘Og, rois du Emori, et à leur pays, qu’il a détruits. »
On notera d’ailleurs que le chapitre 37, qui fait suite à celui où se trouve cette erreur de numérotation, commence par : « Betsalel fit (wa-ya‘as) l’arche de bois de chittim, sa longueur [était] de deux coudées et demie, et sa largeur d’une coudée et demie, et sa hauteur d’une coudée et demie. » Le waw de wa-ya‘as est tout aussi conversif que celui contenu dans we-‘assa, mais en sens opposé, puisqu’il transforme un futur en un passé.