Parmi les recommandations faites sur son lit de mort par le roi David à son fils Salomon figure celle d’user de bonté envers les enfants de Barzilaï, le Guiladite (I Rois 2, 7).
Qui étaient ces gens, et par quels bienfaits s’étaient-ils rendus dignes de la faveur royale ?
Lorsque David a dû prendre la fuite devant son fils Absalon qui s’était révolté contre lui, il fut secouru par Barzilaï qui lui apporta, ainsi qu’à ses fidèles, de quoi se nourrir et se remettre de leur épuisement (II Samuel 17, 26 et suivants).
Après qu’il eut triomphé de la rébellion, le roi voulut récompenser son bienfaiteur en l’accueillant chez lui à Jérusalem.
Barzilaï déclina cependant la proposition royale, arguant de son grand âge – quatre-vingts ans – et de ce qu’il avait perdu le goût des plaisirs de la vie. Aussi David retourna-t-il sans lui dans sa capitale (II Samuel 19, 32 et suivants).
Malgré l’attitude exemplaire de Barzilaï envers son roi, la tradition talmudique porte sur lui un jugement sévère, et elle le considère comme un débauché. Elle en veut pour preuve qu’il a déclaré à David, pour n’avoir pas à le suivre, qu’il ne pouvait plus, étant donné son âge, « distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais » (Voir Rachi ad II Samuel 19, 36, d’après Chabbath 152a). En d’autres termes, comme le souligne le même commentateur (ad Yevamoth 76a), il n’était même plus capable, vu la rapidité avec laquelle il avait perdu ses forces physiques, de goûter le contenu d’une marmite comme l’avait fait une servante de Rabbi, pourtant bien plus âgée que lui (Chabbath 152a).