Rabbi Ya‘aqov Ba‘al ha-Tourim, l’auteur des Arba‘a Tourim, signale en effet une nuance significative entre le comportement de Jacob et celui de Ruben après la vente de Joseph.
Lorsque Ruben s’aperçut que son frère ne se trouvait plus dans le puits où il l’avait fait jeter, il déchira ses begadaw (Berèchith 37, 29).
Plus tard, en revanche, lorsqu’on annonça à Jacob la disparition de son fils, celui-ci déchira lui aussi ses vêtements (ibid. 37, 34). Ceux-ci sont cependant appelés simlothaw.
Le mot bégued, explique Rabbi Ya‘aqov Ba‘al ha-Tourim, désigne un habit visible, extérieur, comme dans Berèchith 27, 15 ; ibid. 38, 14 ; Chemoth 28, 4. Celui de simla s’applique au contraire à un sous-vêtement (voir notamment Chemoth 3, 22 ; ibid. 22, 26).
On peut d’ailleurs remarquer que la Tora, lorsqu’elle interdit à l’homme de porter un vêtement féminin (Devarim 22, 5), parle de simlath icha. Elle marque ainsi sa volonté d’éviter que soient marquées des formes qui pourraient inciter à la promiscuité.
Dans notre paracha, le texte veut montrer, par cette différence de vocabulaire, que le chagrin de Ruben était limité et extérieur. Celui de son père, en revanche, était profond et intérieur, au point qu’il a refusé de se laisser consoler (Berèchith 37, 35).