Après que Joseph se fut réconcilié avec ses frères, il envoya des chariots (‘agaloth) à son père Jacob pour assurer son transport vers l’Egypte. C’est alors, et alors seulement, que « l’esprit de Jacob revint à la vie » (Berèchith 45, 27).
Pour expliquer le rôle joué par ces chariots et leur effet sur l’état d’esprit de Jacob, Rachi explique que lorsque Joseph avait été séparé de son père, il était occupé à étudier le passage de la Tora relatif à la génisse (‘egla) dont on brise la nuque (Devarim 21, 6) en cas de découverte d’un cadavre dont on ne connaît pas les causes de la mort. Aussi le texte spécifie-t-il : « Il vit les voitures (‘agaloth) que « Joseph » avait envoyées », et non : « que « Pharaon » avait envoyées », alors que c’est Pharaon, et non Joseph, qui avait donné ordre que ces chariots soient envoyés (45, 21).
On peut cependant se demander en quoi ce jeu de mots ‘egla – ‘agaloth a pu suffire à rasséréner Jacob. Le lien entre ces deux mots est pourtant insuffisant à les associer pour en faire un message codé du genre de celui dont parle Rachi !
Selon certains midrachim, il convient de se reporter à l’époque où Joseph a été vendu par ses frères et où Jacob l’a cru mort. Apprenant qu’il avait disparu après avoir quitté son père, alors qu’il avait été chargé par celui-ci d’aller saluer ses frères, Jacob s’est demandé s’il avait lui-même accompli son devoir en lui imposant un aussi long voyage, et il a craint de se trouver dans une situation où l’on aurait dû appliquer la procédure de la ‘egla ‘aroufa. Il existait en effet, pensait-il, des similitudes entre cette situation et ce qui était arrivé à son fils, et cette pensée l’obsédait.
Voilà pourquoi l’arrivée des ‘agaloth le « fit revenir à la vie » : Il avait compris le message, et il savait désormais qu’il n’y aurait eu, de toutes façons, aucune raison de sacrifier la génisse de ‘egla ‘aroufa puisque Joseph n’était pas mort.