La réponse à vos questions est donnée par le rabbin Elie Munk (La voix de la Thora vol. I, p. 424) :
Il lui donna Osnath, fille de Poti-Phera. Rachi explique « C'est Putiphar. Il fut appelé Poti Phera après avoir été frappé d'impuissance et mutilé (Pôti, le mutilé) pour avoir voulu se livrer à la pédérastie avec Joseph. »
Ne pouvant supporter cette honte devenue de notoriété publique, poursuit Nahmanide, il quitta le service de Pharaon et se retira dans un monastère, où il devint prêtre d'On. Ce nom désigne la ville où l'on adorait Osiris (ou Fré), Dieu du Soleil. et connue plus généralement sous le nom de Héliopolis, aux environs du Caire.
Quant à Osnath, elle était, comme le précise le Targoum de Jonathan, la fille que Dina, fille de Jacob, avait eue de Sichem qui l'avait violentée. Plusieurs sources midrachiques (et notamment Pirké de R. Eliézer, c. 38) donnent le récit suivant, avec quelques variantes : Lorsque la fille de Dina revint à la maison paternelle, les fils de Jacob ne purent supporter parmi eux la présence de cette fille du péché et leur attitude devint menaçante. Jacob lui fit alors une amulette portant l'inscription : Osnath, fille de Dina, fille de Jacob. (Osnath, dérivé de onès, fille de la violence). Il attacha l'amulette à un collier qu'elle porta désormais à son cou et il la renvoya de sa maison. Elle partit et elle arriva en Egypte, où elle fut recueillie, en raison de sa grande beauté, dans la maison de Putiphar. Elle y fut élevée et finalement adoptée, car Putiphar était sans enfant, et on l'appela : fille de Putiphar. Joseph l'y rencontra plus tard, sans soupçonner son origine. Mais elle conçut une telle confiance en lui qu'elle alla, de sa propre initiative, convaincre Putiphar de son innocence lorsque sa mère adoptive lança contre lui ses accusations calomnieuses.
Or, quand Joseph devint vice-roi et parcourut triomphalement la ville dans son char royal, les « filles arpentaient la muraille » (XLIX, 22) pour le voir passer dans sa gloire et elles lui lancèrent des présents dans son char. Osnath, qui n'avait rien sur elle, arracha son collier et le lui lança. Il ouvrit l'amulette, lut son nom et il sut alors qu'elle était sa nièce. Ce fut elle qu'il choisit quand Pharaon voulut le marier. Elle devint la mère d'Ephraïm et de Manassé et lorsque le vieux Patriarche Jacob hésita à leur donner sa bénédiction avant sa mort parce qu’il éprouvait des doutes quant à leur origine, Joseph lui montra l'amulette (cf. Rachi XLVIII, 9). En tout état de cause, grâce à ce mariage avec la fille de Putiphar, Joseph fut brillamment disculpé, aux yeux des Egyptiens, des accusations portées jadis contre lui par l'épouse de son maître.