J’ai écrit : «
Si vous voulez des exemples indiscutables (de Rishonim qui oublient même des Psoukim etc.), je peux vous en donner », et vous demandez :
Citation:
Pouvez vous nous donner des exemples d’oubli chez nos maîtres?
Voici des exemples basiques :
Rashi Sanhedrin (47a sv. Nivzé) indique que le passouk dont il est question se trouve dans le
Tehilim Mi Yaalé (§24), mais c’est faux, il a confondu avec le
Tehilim Mi Yagour (§15).
(ça ressemble...)
Voyez encore le
Rashash qui, par endroits, reprend
Rashi sur des erreurs dans les Psoukim et leur contexte, voir
Rashash Yoma (75a) et
Psa’him (75b).
Rashi Brakhot (61a sv. Yad) dit que le passouk mentionné (יד ליד לא ינקה) parle des femmes, mais c’est faux, il suffit d’aller voir le contexte, c’est dans
Mishlei (XI, 21).
Rashi s’est vraisemblablement embrouillé avec un autre Passouk de
Mishlei (VI, 29) qui comporte aussi les mots לא ינקה et qui parle des femmes.
Les A’haronim ont remarqué cette erreur de
Rashi, j’en ai plus longuement parlé dans un shiour.
Toujours une erreur de contexte des versets chez
Rashi, voyez le
Tosfot Erouvin (81a sv. Dikhtiv) qui dénonce une telle erreur dans
Rashi.
Il y a des erreurs de Massekhet,
Rashi en commet une dans
Tehilim (XVII, 3), il indique
Shabbat au lieu de
Sanhedrin ( et c'est daf 107a).
Aussi
Rashi ‘Houlin (44b) qui indique un texte dans Guitin alors qu’il est dans
Brakhot (44a).
Ou encore
Rashi Psa’him (39a) qui attribue à la Gmara
Sotah ce qui ne s’y trouve pas (mais dans la
Mekhilta). Car il s’est mélangé les pinceaux entre deux textes qui se ressemblent (
Ness betokh Ness) sans parler du même sujet (il avait en tête
Sotah 47a).
Il y a aussi des erreurs de Prakim lorsque
Rashi indique une Gmara et écrit qu’elle se trouve dans tel Perek, alors que c’est dans un chapitre proche mais pas celui-là.
Il y a des tas d’exemples, c’est généralement déjà souligné par le
Messoret Hashas.
Voyez :
Rashi Sotah (26b sv. Mi),
Sanhedrin (35a),
Guitin (62b),
Psa’him (15a),
Baba Metsia (110b),
Baba Kama (87b),
‘Houlin (85a),
Yevamot (31b),
Beitsa (23a).
Chez d’autres Rishonim, comme le
Rambam, nous trouvons des erreurs parfois surprenantes comme dans le
Moré Nevoukhim (III, §40) qui écrit que le Erekh humain le plus élevé est de 60 Shekel, or c’est 50 !
(Vayikra XXVII, 3).
Il y a aussi des erreurs que le
Rambam reconnait après qu’on les lui ait fait remarquer, voyez les
Tshouvot du Rambam (Leipzig 1859, §29).
Le
Rashba (Shout I, §423) indique quelques versets ou la lettre Beit est sous-entendue et absente, comme dans ואני ברוב חסדך אבוא ביתך qu’il faut comprendre comme s’il était écrit בביתך.
Parmi ces versets il cite : בית אלוקים נהלך ברגש qu’il faut aussi comprendre comme s’il était écrit בבית אלוקים .
Or, c’est bien ce qui est écrit ! dans
Tehilim (LV, 15).
Il y a encore énormément d’erreurs de ce type, c-à-d des erreurs claires et indiscutables
(sauf pour ceux qui ont l’esprit malhonnête, bien sûr. Eux arrivent toujours à expliquer et justifier tout ce qu’ils veulent, mais ils ne sont pas convaincants).
Mais il y a aussi des tas d’erreurs moins simples à démontrer. Il y a longtemps (~une vingtaine d’années) j’avais repéré et noté plus de 100 erreurs chez les Mefarshim classiques Rishonim et A’haronim.
Voyez aussi dans le
Shout ‘Hout Hashani (Bakhrakh) (§18-20) où il rapporte des tas d’exemples d’erreurs dans les Rishonim, indiquant plusieurs endroits où
Rashi écrit לא אתפרש ou encore איני יודע ou encore לא ידעתי et autres expressions indiquant que
Rashi ne savait pas ou ignorait une chose, et pourtant cette chose est explicite dans un Maamar ‘Hazal… Il indique aussi plusieurs erreurs du
Rambam, et d’autres.
Je pourrais être bien plus long sur le sujet, mais je crains que cela soit mal interprété, donc je m’arrête après ces quelques exemples qui suffiront amplement aux honnêtes gens pour admettre que les Rishonim n’étaient pas des sortes de robots qui ne peuvent pas commettre d’erreur ni souffrir d’oubli.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que celui pour qui cela rabaisse le prestige des Rishonim (de savoir qu’ils ont pu commettre des erreurs de ce type), doit réaliser qu’il a une erreur de Hashkafa conséquente à corriger.
La Gadlout en Torah des Rishonim
(et autres Tsadikim, antérieurs ou ultérieurs) n’est pas d’être un robot, ni une machine, mais d’avoir une compréhension profonde et sensée de la Torah, ce qu’on appelle une « Svara Yeshara ».
Une missive de
R. ‘Haim de Volozhyn est souvent citée à ce propos, il y écrit à son petit-fils que l’atout et le Sheva’h et la grandeur des Rishonim est leur Svara Yeshara.