Chalom Rav Wattenberg.
Pour ne pas citer de nom, je vais essayer de prendre des exemples depuis la Gmara. Désolé si je suis un peu long.
Le Talmud, dans Brakhot 14a, ramène clairement le fait que Rav bar Chéva (ou Chaba, ou ...) n'accordait pas assez d'importance à Ravina au point où il (= Rav bar Chéva) devait s'interrompre pendant le Hallel pour saluer Ravina.
Pourtant, si moi (par exemple) j'avais dit cela sur quelqu'un, je me serais senti comme témoignant du mépris vis-à-vis de quelqu'un, et je pense qu'on m'aurait jugé de la même manière ; on pourrait donc dire que j'ai dit du mal sur quelqu'un (même si l'on ne peut pas appeler ça du « Lachon Hara' »).
Plus encore, j'ai écouté l'un de vos cours (ici :
https://www.centre-alef.fr/7761/ ), où vous avez cité le Talmud (Sanhédrin 26a) qui nous enseigne (concernant l'année de Chévi'it, les Cohanim qui peuvent être soupçonnés, etc. et concernant le fait de prendre en compte ou pas le témoignage de certaines personnes pour le 'Ibour Chana, etc.) qu'il y a deux Maîtres, Rabbi 'Hiya bar Zarnouki et Rabbi Chim'on ben Yéhotsadak, qui ont dit sur Réch Lakich : « טרודא הוא דין » (il est embêtant celui-là) parce que Réch Lakich leur posait des questions (notamment, concernant la Chévi'it et des Cohanim qui labouraient ou qui élaguaient une vigne) et lorsqu'ils sont arrivés au Tribunal Rabbinique pour témoigner (de la nouvelle lune, pour le 'Ibour Chana), la salle de témoignage étant situé à l'étage, ces deux 'Hakhamim ont enlevé l'échelle pour empêcher Réch Lakich de monter. Suite à quoi Réch Lakich est parti voir Rabbi Yo'hanan pour lui poser une question en traitant les deux 'Hakhamim en question de Récha'im ou de « bergers de bovins » (= רועי בקר).
Ici, on pourrait se dire que ce n'est pas du tout une attitude que l'on s'imagine retrouver chez un Rav, et encore moins chez des Rabbanim de la Gmara (Amoraïm).
Et s'il s'agissait de moi, je me saurais senti comme étant quelqu'un de malpoli et de méprisable, et je pense qu'on m'aurait traité de la même façon.
Vous y avez également ramené un autre passage du Talmud (Sanhédrin 59b), concernant la question si un morceau de viande d'un animal non-cachère qui vient du Ciel (comme lors du fait miraculeux que la Gmara sur place ramène quelques lignes plus haut) est considéré comme de la viande Cachère ou pas.
Cette question a été posée par Rabbi Zeira à Rabbi Abahou qui lui a répondu:« Espèce de יארוד נאלא [...] il n'y a pas [d'aliments non-cachère] qui descende du Ciel ».
On peut comprendre le fait que Rabbi Abahou ait traité ainsi Rabbi Zeira qui était son élève, et qu'il ait donc dit cela dans un but éducatif - c'est ce que vous disiez au nom du 'Havot Yaïr, je crois.
Mais là où c'est un peu étonnant, c'est que le Talmud lui-même raconte ces enseignements en citant les noms de tous ces 'Hakhamim !
Elle aurait pu ne pas citer tous les noms de ces histoires, par exemple pour la deuxième, et elle aurait pu faire la même chose que dans Brakhot 28a (« ואותו תלמיד ר׳ שמעון בן יוחאי הוה ») où le nom de l'élève qui a posé une question est révélé à la fin de l'histoire ; c'est Rabbi Chim'on bar Yo'haï.
Ainsi, on peut faire une analogie avec les Talmidei 'Hakhamim que j'ai cité dans ma précédente question.
En effet, si l'on peut (essayer de) comprendre pourquoi le Talmud ramène ces anecdotes que je qualifierais de négatives / péjoratives (si j'ose dire), même si cela semble étrange de la part du Talmud, il reste néanmoins très étrange de remarquer cela chez des Talmidei 'Hakhamim (même contemporains) lorsqu'ils citent des noms de certaines personnes (et des fois le noms ou le titre de certains Rabbanim) alors qu'on pourrait se dire que ce n'est pas nécessaire, en se disant : « Mais qu'est-ce que ça change de savoir de qui il s'agit ? On ne connaît même pas la personne ... ».
Peut-être que les noms ont été dits pour que justement les gens sachent de qui il s'agit, qu'il s'agisse d'un Rav ou non, afin qu'ils s'écartent de lui, de son influence, de son mode de pensée (Hachkafa), etc., parce qu'il s'agit d'une personne douteuse ou même carrément problématique, et il y a donc une utilité (To'élet) à le savoir.
Mais malgré tout, si le Talmid 'Hakham cite des noms inconnus, qui va chercher à savoir de qui il s'agit ?
Et donc, pour reposer ma question d'origine : comment comprendre le fait qu'il y ait parfois des Talmidei 'Hakhamim qui citent les noms de certaines personnes - Rabbanim ou pas - pour raconter des anecdotes négatives à leurs propos, alors que l'on peut se dire que ce n'est pas utile à priori ?
Merci encore.
Kol Touv.