Citation:
Comment se fait-il, d'après vous, que Rabi Akiva a pensé que Bar Kohba était le machiah ? Pourtant celui-ci n'est pas décrit par les guemarot comme étant un grand érudit mais plutôt quelqu'un de très fort physiquement ?
Le Mashia’h doit mener des "guerres", et à cette époque un leader militaire était nécessairement un sportif accompli, donc il ne pouvait être imaginé fébrile et gringalet, tout le monde s’attendait à un Mashia’h assez bien charpenté (comme les rois de ces époques et même bien après).
Il faut qu’en plus il soit érudit et s’y connaisse en Torah, certes, mais c’était le cas de Bar Kokhva.
On a tendance à penser que le Mashia’h devrait être le plus érudit de son temps, mais ça n’est pas nécessaire, il y a d’autres aspects voulus et qui peuvent faire défaut à l’érudit par excellence.
A l’époque où ‘Hezkia devait être élu Messie (cf.
Sanhédrin 98b), il y avait de plus grands érudits que lui, il y avait aussi des prophètes et Tsadikim et Talmidei ‘Hakhamim.
Citation:
A priori Rabi Akiva qui était à l'origine de cette révolte (d'après Flavius Josèphe, il me semble) s'est lourdement trompé, est-ce le cas ?
Il n’était pas forcément à l’origine de la révolte, mais il l’a encouragée, et en tout cas, il s’est lourdement trompé. Errare rabbinicum est.
(Quand on pense que certains considèrent qu’un Gadol ne peut techniquement pas se tromper, comme une sorte de Malakh, on se demande comment ils s’arrangent avec R. Akiva ?)
Citation:
Aussi pourquoi ce sujet de la troisième révolte n'est pas beaucoup (à ma connaissance) développé dans les écrits des rabanim litayim alors qu'il est très repris chez les rabanims à tendance sioniste ?
J'ai l'impression que ce sujet est un peu instrumentalisé aussi j'aurais aimé avoir votre vision.
Je ne sais pas à quel point le sujet serait instrumentalisé, mais il est normal que les sionistes qui cherchent à accroitre et développer le sentiment nationaliste soulignent ce moment de l’histoire juive.
Ils s’opposent un peu en cela à ce que vous appelez les Litaïm qui semblent mépriser tout sionisme autre que religieux. Ni sionisme politique ni national, etc.
Nombre de religieux en Israël aujourd’hui ne se reconnaissent pas dans l’Etat d’Israël, seulement dans Erets Israel.
Cette dichotomie ne revêtait pas le même caractère à l’époque des rois d’Israël et jusqu’à celle de Rabbi Akiva, même si le pouvoir politique avait souvent été aux mains des impies (-parfois idolâtres !), le fait religieux et la croyance en D.ieu étaient incontestables. Le pouvoir était nécessairement croyant, le roi pouvait être impie (comme Menashé avant son repentir) mais jamais laïc.
L’histoire des tensions religieuses autour du sionisme, c’est tout un dossier bien compliqué.