Votre question me parait en réalité en comporter deux, distinctes l’une de l’autre :
1. Rambam se penche à plusieurs reprises sur la signification des anthropomorphismes employés par la Tora et par les autres livres bibliques pour désigner Hachem.
Dans ses Hilkhoth Yessodei ha-Tora (1, 9), il examine un certain nombre de cas qui interdisent de prendre ces anthropomorphismes au pied de la lettre.
Par exemple, lorsque Hachem annonce qu’Il « aiguise l’éclair de Son épée et que Sa main saisit le jugement » (Devarim 32, 41), il s’impose naturellement à l’esprit que ce ne peut être qu’une figure allégorique.
Il en va de même lorsqu’un prophète rapporte qu’il a vu Hachem vêtu de « blanc comme neige » (Daniel 7, 9), ou qu’un autre annonce qu’Il « viendra d’Edom, de Botsra, avec des habits teints en rouge » (Isaïe 63, 1).
De même, le mot qina (« jalousie ») a toujours le sens d’une affirmation de Sa supériorité et de punition de ceux qui Lui sont infidèles (Rachi ad Chemoth 34, 14).
On peut donc dire, sans entrer dans d’autres détails, que les émotions que l’Ecriture attribue à Hachem ne sont rien d’autre que la transposition des sentiments humains à des fins pédagogiques.
2. Ainsi que je l’ai déjà écrit en réponse à une autre question, s’il avait été écrit, dans les Dix commandements : « Je suis Hachem… qui ai créé le ciel et la terre », cela aurait impliqué une divinité totalement transcendante qui, après avoir créé l’univers, s’en serait entièrement désintéressée.
Cela aurait été la parole du « Dieu froid et impersonnel » envisagé dans votre question.
En proclamant qu’il a « fait sortir les enfants d’Israël du pays d’Egypte », Hachem a manifesté qu’Il est « dans » et non « hors de » l’histoire, et que la puissance qu’Il exerce est immanente, et non uniquement transcendante.