En effet, théoriquement il faut faire monter le cohen.
Voyez le Mishna Broura (§135, sk.9) qui écrit que le cohen ne peut pas « être mo’hel » sur cette priorité, même s’il le peut concernant la mitsva de « vekidashto » en général.
Les Poskim discutent de cette habitude qui consiste à demander au cohen de bien vouloir sortir, il y a ceux qui s’y opposent, comme le Shivat Tsion (o’’h §VI) qui nomme cette coutume « minhag hédiotot », le Shout Avnei Tsedek (o’’h §IX), le Daat Sofer (I, §18) et le shout Lev ‘Haim (§93).
Voir aussi Maharshag (Grinfeld)(I, §44), Zikhron Yehouda (Grinwald)(§74) et Levoushei Mordekhai (o’’h §VI).
Mais on peut tolérer cet usage si on n’en abuse pas, s’il y a une « grande raison », par exemple il y a plusieurs invités de marque à honorer, ou il y a beaucoup de monde, la caisse du kahal est vide et si l’on vend aux enchères les deux premières montées et que ça peut rapporter gros…
Dans ces cas, s’ils ne sont pas fréquents, on tolérera de demander exceptionnellement au cohen de sortir.
C'est admis par de très nombreux décisionnaires.
Par exemple:
Shout Tshouva Meahava (I, §91),
Shout ‘Hatam Sofer (o’’h §24),
Shout Maharam Shik (o’’h §60),
Shout Shnot ‘Haim (Kluger)(kountras Peret Veolelot, daf 86a, ot 1)
Shout Ktav Sofer (o’’h §36)
Shout Maharsham (I, §214),
Shoel Oumeshiv (VI, §29),
Torat ‘Haim (§135, sk.7)
Shout Igrot Moshé (o’’h II, §34) et (o’’h III, §20)
Shout Tehilot David (§40),
Yabia Omer (VI, §23),
Shevet Halévy (VIII, §25),
Min’hat Its’hak (II, §41),
Mishné Halakhot (III, §13),
Tshouvot Vehanhagot (I, §151)
Il faut noter au passage que le Daat Sofer (I, §18) écrit avoir entendu de son père que le Ktav Sofer était fermement opposé à ce que le cohen sorte car cela reviendrait à annuler la mitsva de Vekidashto.
Cependant, ce n’est pas ce qui ressort du Shout Ktav Sofer (o’’h §36)…
Il faut aussi souligner le Zikhron Yehouda (§74) qui mentionne le ‘Hatam Sofer (§75 ?!) qui pensait qu’il ne peut y avoir aucune koula sur ce point. Toutefois, là encore, il y a erreur sur l’opinion de la famille Sofer, car ça ne correspond pas du tout à ce que l’on trouve dans le Shout ‘Hatam Sofer (o’’h §24).
Mentionnons aussi que dans le cadre d’un petit oratoire privé (avec minian metsoumtsam), on tolère cet usage même de manière plus fixe.
En effet, d’aucuns considèrent (voir Shaar Hatsiyoun §135, 12) que la takana de faire monter le cohen en premier pour éviter les disputes ne s’applique que dans les synagogues publiques ou viennent de nombreuses personnes, mais dans un petit oratoire privé, il serait permis de faire monter le ‘hakham en premier pour les lectures courtes du lundi/jeudi/shabbat à min’ha.
C’est ce qui se faisait dans le Shtibl du ‘Hakham Tsvi comme en témoigne son fils le Yaabets dans Mor Ouktsia (§135).
Voir aussi Min’hat Elazar (IV, §59) et Shoul’han Hatahor (§135, 9).
Mais certains s’opposent un peu à cette koula du shtibl privé, voir Shout Kinian Torah (rav Horovitz)(VII, §15) et Erets Tsvi (de Kojiglov)(II, §10).