Citation:
Le Gaon de Vilna est décrit comme un génie inégalé en son temps.
Est-ce totalement vrai, pourquoi cela parait comme indiscuté ou indiscutable ?
Dépassait-il à ce point de la tête et des épaules tous les autres sages de sa génération ? Et le Noda Biouda, le Chaagat Arié, et bien d'autres ?
Quel était leur relation ? Ces sages voyaient-il dans le Gaon une figure d'autorité indépassable, ou une sorte de collègue ?
Enfin, les histoires qu'on raconte à son propos, quant à son génie ou même - quel comble pour le chef de file des Mitnagdim - quant à ces dons et facultés mystiques, ont souvent l'allure des exagérations des anecdotes 'hassidiques sur leurs Tsadikim.
Faut-il y voir une sorte de parade par imitation aux histoires hassidiques ?
Non, ces histoires incroyables sur le
Gaon de Vilna ne viennent pas pour faire le poids contre les histoires exagérées sur des Rabbis ‘hassidiques.
Et elles ne portent pas sur des miracles opérés par le Tsadik, seulement sur des connaissances époustouflantes et des capacités hors norme.
A la différence des histoires de Rabbis ‘Hassidiques, les histoires sur le
Gaon sont attestées par plusieurs sources fiables (des auteurs qui ont écrit autre chose que des fables dans leur vie).
Le
Shiv’hei Habesht (qui raconte plein d’histoires invraisemblables sur le
Besht) est reconnu comme étant « plus que romancé », il ne s’agit plus d’exagérations, mais d’élucubrations.
Même dans les milieux ‘hassidiques il se dit que l’auteur n’a pas rapporté des faits véridiques.
Pour comprendre le « phénomène Gaon de Vilna », voyez ceci :
https://www.techouvot.com/critere_pour_pretendre_au_titre_de_gaon-vt18369.html?highlight=
puis la suite en page 2 ici :
https://www.techouvot.com/suivante-vt18369.html?postdays=0&postorder=asc&start=15
Quant à savoir s’il était unanimement considéré de son vivant et par ses pairs comme étant largement au-dessus de la masse des gueonim contemporains, la réponse est négative.
Les autres sages n’hésitaient pas à s’affirmer eux aussi.
Lorsque le
Gaon de Vilna a émis une critique au sujet du limoud du
Shaagat Arié en disant qu’il faisait trop de Pilpoul (Marbé Bepilpoul), ce dernier n’a pas hésité à critiquer le
Gaon à son tour en répondant
(à ceux qui lui rapportèrent ladite critique) que le
Gaon faisait trop dans le Pshat (Marbé Bepashtout).
Lorsqu’il était plus jeune, on trouve des mentions d’un prodige très Kadosh à Vilna, dans les écrits du
Yaabets et autres.
Mais même lorsqu’il était plus âgé, les autres Gueonim ne tremblaient pas nécessairement devant lui.
Personne ne pouvait se comparer à lui tant son cerveau était différent, mais il n’était pas le numéro 1 en tout, notamment en Pilpoul
(d’où la critique du Shaagat Arié).
On ne trouve pas dans les écrits du
Gaon des « Havrakot » pilpouliques, les seuls passages prouvant une intelligence piquante sont les explications brillantes qu’on lui attribue sur les Psoukim (citées dans différents Sfarim en son nom, mais pas écrites de sa main).
Le reste est surtout un travail de clarification des Guirsaot, des références expliquant l’origine d’un Psak du Shoul’han Aroukh (qui indiquent parfois des subtilités très fines), mais il n’a pas de livre comportant des Pilpoulim ni de la « Lomdout » (Lomdes), en tout cas, rien de comparable au
Shaagat Arié ou à
Rabbi Akiva Eiger.
L’intelligence -quand bien même celle d’un Gaon de Vilna, ne peut pas systématiquement rattraper le Pilpoul.
Il faut savoir que le Gaon n’aimait pas le Pilpoul, il n’a donc jamais cherché à exceller dans cette discipline, mais je ne sais pas s’il aurait pu atteindre le niveau d’un Shaagat Arié/R. Akiva Eiger/etc. car je ne pense pas que toutes les intelligences soient adaptées au pilpoul de la même manière.
Si le Gaon est une référence plus connue que le Shaagat Arié c’est avant tout parce qu’il avait des aptitudes hors norme, tel un autiste, associées à une intelligence supérieure, ce qui en fait un génie difficile à contrer.
Mais le
Shaagat Arié était lui aussi très intelligent, il avait aussi des capacités étonnantes, mais pas comme un autiste.
S’il fallait comparer leurs productions, celles du
Shaagat Arié sont assurément plus belles et époustouflantes et il devait être une personne plus sociable/ plus intéressante (pour les gens simples/etc.) que le
Gaon.
Mais il est clair qu'au niveau cérébral, pour ses aptitudes particulières, personne ne faisait le poids, tant le
Gaon avait "toute la Torah ouverte devant lui" même en ayant les yeux fermés.