Lettre 94
[Avant le 18 Mena'hem Av 5703(1)]
Vous trouverez ici les conceptions de la divine Providence développées par les Sages qui précédèrent le Baal Chem Tov, puis celle du Baal Chem Tov.
1: La conception du Baal Chem Tov
La divine Providence règle chaque détail de l'existence d'un homme, mais aussi celle des minéraux, végétaux et animaux. Quelques textes 'hassidiques dont je dispose permettent d'établir la définition qu'en donne la 'Hassidout.
En 5696(2), mon beau-père, le Rabbi disait: "Notre maître, le Baal Chem Tov, précisant le sens de la divine Providence, indique que non seulement le Créateur fixe le moindre détail du mouvement de chaque créature, lui apportant ainsi la vitalité et l'existence, mais, bien plus, Il inscrit ce détail dans le schéma global de la création. Ainsi, le mouvement d'un brin d'herbe occupe une place dans le Plan divin de la création".
Première remarque: Le Tanya ne donne qu'une définition générale de la divine Providence, soulignant que les hérétiques la contestent, considérant qu'elle est impossible, même s'ils reconnaissent que le monde fut créé, à partir du néant, par la Parole de D.ieu. C'est ce que le contexte permet d'établir. Un autre texte précise que, selon ces hérétiques, une relation causale existe entre la Divinité et le monde. Or, l'effet rétroagit sur sa cause et ils en concluent que D.ieu ne peut s'investir dans ces mondes inférieurs pour y révéler Sa Providence. Cela serait, pour Lui, une chute vertigineuse et, bien plus, remettrait en cause Son Unité.
Ils considèrent donc que "D.ieu a abandonné la terre" et n'est plus que "le D.ieu des dieux"(3). Pour la même raison, ils considèrent que les miracles sont impossibles.
Il faut donc leur répondre que, bien au contraire, il est certain que D.ieu est toujours présent au sein de la création, qu'Il se trouve, en permanence, dans ses stades les plus inférieurs.
Seconde remarque: D.ieu protège d'un seul oeil ceux qui Le craignent, ou encore de Ses deux yeux. On peut aussi imaginer qu'un oeil accomplisse ce que ne peuvent faire Ses deux yeux. Chaque oeil introduit un aspect spécifique de cette Providence, mais ne remet pas en cause le détail de ce qui la constitue. Telle est l'opinion du Baal Chem Tov, mais non des Sages qui le précédèrent.
Pour tous, un miracle prenant un aspect naturel est une forme élevée de Providence. C'est la raison pour laquelle un seul oeil peut être tourné vers ceux qui Le craignent.
Le comportement naturel est inférieur à la Providence d'un seul oeil et peut être comparé à la situation dans laquelle Il fermerait les yeux, ce qu'à D.ieu ne plaise. C'est ainsi que l'on doit interpréter certains passages de la 'Hassidout.
2: La conception des Sages antérieurs au Baal Chem Tov
La Providence de D.ieu s'applique individuellement aux hommes et globalement, à l'ensemble de l'espèce, pour les animaux et les végétaux.
Ainsi, le Guide des égarés, après avoir exposé différents avis, dit:
"La cinquième conception est la nôtre, c'est-à-dire celle de notre Torah, selon laquelle la Providence est individuelle uniquement pour les hommes, alors qu'elle porte sur l'espèce, dans son ensemble, pour les animaux et, a fortiori, pour les végétaux. Mais, elle ne s'applique pas à tous les hommes de la même manière. Car, les insensés et les impies sont méprisables et comparables à des animaux".
Le Chomer Emounim, un disciple de Rabbi Moché Zakouta, écrit, à la fin de son livre: "Rien n'existe par le fait du hasard, sans intervention de la divine Providence, ainsi qu'il est dit «Je les suivrai dans ce qui leur arrivera». Ainsi, ce qui semble le fait du hasard est, en réalité, une manifestation divine, car tout émane de Sa Providence. Néanmoins, des différences existent entre les formes de cette Providence, comme l'expliquent les Sages de la Kabballa. Et, les créatures qui n'ont pas d'accomplissements, c'est-à-dire les animaux, les végétaux et les minéraux bénéficient de cette Providence par l'intermédiaire des astres qui leur sont assignés et qui surveillent leur espèce, dans sa globalité.
En revanche, D.ieu ne spécifie pas Sa Providence au point qu'elle puisse déterminer si tel boeuf doit vivre ou mourir. La Providence ne peut prendre en compte de tels détails, s'agissant des animaux et, a fortiori, des végétaux et des minéraux. En effet, c'est uniquement leur espèce dans sa globalité qui occupe une place dans la création. La Providence ne peut donc s'appliquer spécifiquement à chaque être.
On peut en conclure que le hasard décide ce qu'il advient de chaque être, au sein d'une espèce. Tout cela n'est pas décidé par D.ieu, sauf s'il en découle quelque chose pour la protection de l'homme. Ainsi, D.ieu ne décide pas que tel poisson doit mourir et tel autre, vivre. Il décide, en revanche, que tel homme doit trouver de quoi manger. De même, la Providence de l'homme décide également ce qu'il adviendra de ses animaux, par exemple si son boeuf doit s'engraisser, si sa cruche doit se casser".
L'exemple des poissons, qui est donné ici, est repris par le Tanya: "Si un homme, doué de libre arbitre, le maudit, celui-ci sera puni pour avoir fait un mauvais usage de son libre arbitre. Malgré cela, celui qui subit l'affront doit savoir qu'il a déjà été décidé là-haut et que D.ieu dispose de nombreux moyens d'accomplir ce qu'Il désire".
Le Séfer Elima Rabbati, de Rabbi Moché Cordovéro, dit: "Un croyant ne doit pas imaginer qu'une action, importante ou négligeable, puisse être le fait du hasard, ce qu'à D.ieu ne plaise. Tout cela vient de la Providence divine et nullement des niveaux intermédiaires que sont les anges, les trônes célestes ou les Sefirot, ce qu'à D.ieu ne plaise. D.ieu décide tout cela".
Puis, il détaille les différents aspects de la divine Providence, comme le fait le Chomer Emounim, précédemment cité.
Il y donc contradiction entre le début des propos de Rabbi Moché Cordovéro et du Chomer Emounim, affirmant que rien n'est le fait du hasard et leur conclusion, selon laquelle le détail de ce qu'il advient du règne animal est livré au hasard.
Néanmoins, on peut résoudre cette difficulté d'après l'affirmation du Chomer Emounim, selon laquelle le hasard est également d'origine divine, car tout vient de Lui.
Le Rambam dit aussi: "Sache que D.ieu fait tout comme Il l'entend, bien que nous soyons maîtres de nos actions. Comment cela? Tout comme le Créateur voulut que, par nature, le feu et l'air se dirigent vers le haut, Il désira également que l'homme ait le libre arbitre et soit maître de ses actions".
Les Tossafot disent aussi: "Cela ne dépend pas de D.ieu, car Il ne souhaite pas modifier la circonvolution des astres".
* * *
Il faut savoir que, selon ces avis, il n'y a pas de divine Providence pour les animaux, les végétaux et les minéraux. Pour autant, D.ieu a bien connaissance du moindre détail de ce qui se passe dans la création.
Ainsi, les Ikarim disent: "D.ieu a nécessairement connaissance de ce qui existe et de ce qui se fait dans le monde. Le moindre détail, petit ou grand, Lui est connu. Mais, Il ne lui accorde pas Sa Providence. Ces créatures ne seront donc pas récompensées ou punies pour leurs actions.
Toutefois, D.ieu a conscience de ce qui leur arrive, puisque ces êtres sont partie intégrante de l'ensemble de la création et appartiennent à une espèce particulière".
* * *
On ne peut se demander, selon cette conception, s'il existe un détail relatif aux animaux, aux végétaux ou aux minéraux qui n'ait pas d'incidence pour l'homme, bien que tout existe pour lui, comme le dit le Rambam, dans l'introduction à son commentaire de la Michna.
En effet, selon cette opinion et, à mon humble avis, selon celle du Baal Chem Tov également, s'il est vrai que tout le monde fut créé pour l'homme, cette affirmation doit s'entendre uniquement pour les animaux, les végétaux et les minéraux considérés dans leur ensemble, de même que pour les événements dans leur globalité. Mais, l'on ne peut penser que la chute d'une feuille bien précise dans la mer, par exemple, concerne un homme particulier.
Le Rambam, dans son introduction au commentaire de la Michna, cite l'affirmation de Ben Zoma, selon laquelle: "Béni soit Celui qui a créé tout cela pour me servir". Cela ne veut pas dire que chaque chose ait été spécifiquement créée pour Ben Zoma. De même, le Likouteï Torah distingue un aspect essentiel et un autre accessoire, dans la création des animaux.
3.
Quelques précisions doivent être données sur les conceptions des Sages antérieurs au Baal Chem Tov:
A) La Providence pour les hommes s'applique-t-elle aussi aux impies, aux non-Juifs, aux insensés, ou bien uniquement aux Juifs vertueux?
Le Guide des égarés, précédemment cité, considère qu'elle ne concerne pas les insensés et les impies car, selon lui, la Providence requiert une adhésion intellectuelle.
On peut en conclure, selon son opinion, que le retrait de la Providence à l'impie n'est pas une punition ou un phénomène provoqué, mais bien une situation naturelle.
Le Ramban semble être du même avis, qui dit: "Sa Providence, en ce monde inférieur, porte sur les situations globales. Elle concerne également les hommes, jusqu'à ce qu'ils rendent l'âme. Mais, D.ieu s'emploie à protéger plus particulièrement ceux qui lui sont fidèles".
Le Dére'h 'Haïm dit: "On met en cause l'avis du Rambam en se basant sur les versets "Tes yeux sont attentifs à tout ce qui advient aux hommes" et "Il crée ensemble leur coeur". A propos des actions des impies, il est dit "Un homme peut-il se cacher à Moi?", même lorsque celui-ci est saisi par un esprit de folie et devient semblable à un animal. En fait, Il accorde Sa Providence aux justes avec bonté et aux impies avec rigueur".
On peut s'interroger sur cette interprétation. Comment la retrouver dans les mots du Guide des égarés?
Le Kehilat Yaakov, à l'article "Providence", qui cite l'avis du Ramban et celui du Be'hayé, distingue deux formes de Providence, celle qui observe, s'appliquant à tous les êtres et toujours identique, y compris chez les non-Juifs et celle qui protège, concernant uniquement les Justes.
Selon le Elima et le Chomer Emounim, D.ieu supprime Sa Providence à l'impie. Alors, il s'agit bien d'un événement provoqué et non naturel. On peut s'interroger, à ce propos. N'y est-il pas dit que "la Providence de D.ieu concerne l'homme dans le moindre détail" puis "la dixième forme de Providence est celle qui intervient lorsque D.ieu voile Sa face. Il abandonne ainsi celui qui a commis une faute aux lois de la nature. L'image de la source permettra de le comprendre. Celui qui ne voudra pas faire l'effort de grimper jusqu'à l'endroit où elle se trouve, devra boire les eaux sales qui sont charriées, en bas, par le cour d'eau".
B) Les animaux et végétaux sont-ils exclus de la divine Providence ou bien un astre désigné pour l'ensemble de l'espèce les protège-t-il également?
Pour le Guide des égarés, le Elima, le Chomer Emounim, il est clair que les détails concernant les animaux, les végétaux et les minéraux sont purement le fait du hasard, que D.ieu ne s'y intéresse pas.
Mais le Kehilat Yaakov s'interroge sur l'avis du Ramban, à partir d'un passage du Yerouchalmi selon lequel Rabbi Chimeon Bar Yohaï dit: "un oiseau ne pourrait être chassé sans l'intervention de D.ieu . Combien plus est-ce le cas en ce qui concerne les hommes".
Remarque: On peut se demander pourquoi Rabbi Chimeon dut observer un oiseau pour en déduire que les hommes bénéficient de la Providence divine, alors que tant de versets permettent de l'établir. En fait, il souligne ici que la Providence se maintient également dans un cas de danger. Alors, si l'oiseau n'est pas sûr d'être capturé, combien plus en est-il de même pour l'homme.
Certes, il est dit que l'on n'a pas le droit de s'exposer au danger, mais peut-être s'agit-il ici de celui qui n'a pas d'autre issue. Rabbi Chimeon, par exemple, se trouvait dans la grotte et il ne pouvait savoir quand le décret serait abrogé et le danger, supprimé, au point que la peau de son corps se couvrit de pustules. Ceci n'est nullement comparable au fait de tomber soudainement dans un piège.
Et l'on ne peut penser, comme l'avance le Radal, que, même si la Providence ne concerne pas les animaux, ce cas est particulier, puisque le chasseur ne peut s'approprier l'oiseau que de cette manière. En effet, pourquoi devrait-il tuer cet oiseau précis plutôt qu'un autre, comme le font remarquer le Elima et le Chomer Emounim? De plus, pourquoi Rabbi Chimeon déduit-il la situation de l'homme en considérant celle de l'oiseau, plutôt que de prendre en compte la subsistance matérielle du chasseur?
L'explication fait donc intervenir l'astre, qui est à l'origine des détails concernant les animaux. Pour l'heure, je n'ai vu personne d'autre qui développe la même opinion.
C) D'après les sages de la Kabballa précédemment cités, prenant en compte le fait que certains se réincarnent dans des animaux, des végétaux ou des minéraux, il faut en conclure que la divine Providence existe aussi pour ces catégories.
4: Y a-t-il des chercheurs et des sages d'Israël, antérieurs au Baal Chem Tov considérant que la divine Providence s'applique également aux minéraux, végétaux et animaux?
Le 'Hinou'h écrit: "Certains considèrent que la divine Providence s'applique à tout ce qui se passe dans le monde. Ainsi, une feuille ne tombe d'un arbre que par la décision de D.ieu. La raison s'accommode mal d'une telle conception. D'autres, des impies, considèrent que D.ieu n'accorde pas du tout Sa Providence au monde. Ceux qui ont une foi véritable pensent que D.ieu surveille les espèces animales dans leur globalité. C'est ce qu'affirment les Grands de notre peuple".
Ainsi, à son époque, personne parmi ceux qui ont une foi véritable, c'est-à-dire des enfants d'Israël, n'adoptait la première conception qu'il mentionne.
Le Chomer Emounim, précédemment cité, explique la divine Providence également d'après l'avis des Sages de la Kabballa et l'on peut en conclure qu'eux-mêmes n'adoptent pas cette conception.
* * *
Certains n'ont pas traité cette question, n'ont pas considéré qu'il y avait matière à recherche sur ce sujet. Se basant sur le sens simple des versets, ils ont donc considéré que la divine Providence s'appliquait également aux minéraux, aux végétaux et aux animaux. On ne peut cependant pas les compter parmi les différentes conceptions mentionnées ici, même si, après la révélation de l'enseignement du Baal Chem Tov, il s'est avéré qu'ils avaient raison.
Un exemple permettra d'en faire la preuve. Le Rambam dit que: "une faute est commise par inadvertance uniquement si elle est basée sur l'avis d'un sage ou d'un disciple capable d'enseigner et qui s'est trompé. En revanche, s'il était un ignorant (pour la question qui lui a été soumise, même s'il est érudit dans d'autres domaines), on est acquitté, par rapport à cette faute, car sa connaissance de l'interdiction n'est pas une certitude et lui-même a agi par inadvertance, au même titre que ceux qui sont venus le consulter."
Ce qui vient d'être dit est, à l'évidence, différent du passage suivant du Tanya: "Tous les Juifs ont la foi... une foi pure".
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La quatrième conception de la Providence mentionnée par le Guide des égarés est la suivante. Elle concerne tout ce qui existe, y compris les minéraux, les végétaux et les animaux. Il en résulte que, dans le monde futur, les animaux recevront une récompense parce qu'ils ont souffert ou sont morts, dans ce monde.
Il conclut: "Notre foi (peut-être faut-il dire notre peuple) n'a jamais retenu cette notion de récompense pour les animaux. Les Sages du Talmud n'en font pas du tout mention. Mais, certains, parmi les derniers Gaonim, en ont eu connaissance par l'intermédiaire des philosophes et l'ont acceptée". Le Rambam, en revanche, repousse cette conception.
S'agit-il ici de la conception du Baal Chem Tov, alors qu'il en résulte une récompense que les animaux recevraient dans le monde futur? La 'Hassidout établit que seuls les hommes, doués du libre arbitre, seront rétribués.
Même si l'on définit la récompense dont parle le Guide des Egarés comme une rétribution pour les souffrances endurées dans ce monde, pourquoi ne pas en dire de même pour les végétaux et les minéraux, s'ils sont coupés ou détruits avant leur temps? Et l'on est capable de déterminer ce temps, puisqu'il est une interdiction de les abîmer et de les gâcher. En pareil cas, n'y a-t-il pas souffrance et mort pour l'âme du végétal ou du minéral? Et le Likouteï Torah parle uniquement de libérer la parcelle de sainteté qui est enfermée dans l'objet matériel, mais non de lui attribuer une récompense.
Certes, cette explication du Likouteï Torah permet de comprendre pourquoi tel animal précis doit mourir. Mais, cela ne veut pas dire qu'il reçoive, en outre, une récompense. On doit donc s'interroger à ce propos.
5: Si la création est renouvelée à chaque instant, comme le Baal Chem Tov le déduit du verset "Eternel, Ta Parole se trouve en permanence dans les cieux", il en résulte que la divine Providence concerne bien chaque être
Il faut en conclure que ceux qui nient l'application de la divine Providence aux minéraux, aux végétaux et aux animaux, n'acceptent pas non plus l'idée de le création renouvelée à chaque instant.
Ceux qui interprètent le Tsimtsoum au sens littéral(4) repousseront sans doute l'idée d'un renouvellement, à chaque instant, de la création et d'une Force créatrice animant en permanence la matière. A l'opposé, il est différentes manières d'établir que ceux qui ne reconnaissent pas l'existence d'une divine Providence pour les minéraux, les végétaux et les animaux pensent, malgré cela, que la création est renouvelée à chaque instant. Et, le Chomer Emounim, qui est l'un de ceux-là, considère, du reste, que le Tsimtsoum ne doit pas être interprété au sens littéral.
Néanmoins, rien n'oblige à dire que les sages précédemment cités refusent l'analyse du Baal Chem Tov, montrant la Présence permanente de D.ieu au sein de la création, même s'ils ne le disent pas clairement dans leurs livres. On peut le prouver de la manière suivante:
A) Ceux qui nient l'application de la divine Providence aux minéraux, aux végétaux et aux animaux reconnaissent, malgré cela, qu'Il a connaissance du moindre événement les impliquant. C'est ce qu'établissent les Ikarim, précédemment cités. Dès lors, pourquoi ne pas en dire de même de la Force créatrice qui se trouve au sein de la matière?
B) La présence permanente de la Parole de D.ieu dans la création a pour effet de la renouveler à chaque instant. Mais, tous s'accordent pour dire qu'au premier instant, la Parole de la création fut prononcée par D.ieu, tout comme Il insuffle une âme à l'enfant qui vient de naître. Selon le Rambam, en revanche, l'animal qui naît reçoit une âme par un effet du hasard et non par la divine Providence.
C) La présente permanente de la parole de D.ieu dans la création ne contrevient pas au libre arbitre accordé à l'homme. En effet, le Créateur voulut faire intervenir le choix de l'homme, en la matière. De même, on peut considérer que la vitalité des minéraux, végétaux et humains fut transmise aux astres responsables des différentes espèces.
Bien évidemment, cela ne signifie pas que ces astres aient le libre arbitre, ou que leur intervention soit un phénomène naturel ou encore le fait du hasard. En effet, la présence permanente de la Parole de D.ieu supprime la différence entre toutes ces situations.
D) La 'Hassidout permet d'établir clairement que la création et la Providence divine sont deux niveaux différents. La Providence suppose une évolution. Elle justifie la récompense et la punition, confère la connaissance de ce qui s'est déjà passé. La création et l'existence, en revanche, implique une apparition à partir du néant, que seul D.ieu peut réaliser. La perpétuation de l'existant provient de la Lumière qui entoure les mondes, mais se dévoile ici-bas grâce à celle qui pénètre les mondes. Le Pela'h Harimon précise également la différence entre la création et la Providence.
Le Rabbi Rachab expliqua, en 5663(5), que la Providence d'une créature est à l'origine de son existence. Il renvoie au chapitre 48 du Tanya, bien que celui-ci parle uniquement de connaissance. Mais, d'autres textes établissent un lien entre providence et connaissance. En effet, on distingue la vitalité globale de la vitalité spécifique, la Lumière qui entoure les mondes de la Lumière qui les pénètre. De même, il est une Providence globale, par rapport à laquelle toutes les créatures sont identiques et une autre qui met en évidence la supériorité d'Israël face aux nations. Il convient d'approfondir cette analyse.
Notes
(1) Cette lettre, adressée au Rav Moché Dov Ber Rivkin, ne porte pas la mention d'une date. Celle qui est indiquée ici est établie à partir de la réponse du Rav Rivkin, datée de "la veille du jeudi de la Parchat Ekev 5703" et adressée à "mon très cher ami, le gendre du Rabbi, le Ramach Chlita", dans laquelle il dit: "Je vous salue et vous bénis, j'ai lu et relu, trois et quatre fois, ce que vous m'avez écrit à propos de la divine Providence. J'ai été émerveillé par l'érudition et la force d'analyse que D.ieu vous a accordée".
(2) 1936.
(3) C'est-à-dire des astres.
(4) Voir, à ce propos, la lettre n°11.
(5) 1903.
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