Doudou a écrit:
On raconte que Rav Chaykin zt"l, lorsqu'il était prisonnier de guerre en Allemagne avec des détenus Français, allait jusqu'à REMERCIER ces voyous lorsqu'ils l'insultaient de "sale juif" et leur disait "Merci de continuer à me rappeller QUI je suis et D'OÙ je viens" !
=> Je confirme avoir aussi entendu cette histoire à Aix-les-Bains.
Avec votre permission, modestement voici mon témoignage concernant une telle situation :
Je travaille dans l'industrie depuis toujours. Actuellement, beaucoup de mes collègues m'appellent "Monsieur casquette".
Certains s'étonnent que je ne mange jamais avec eux alors qu'il y a deux restaurants d'entreprise différents dans l'usine. Mais je n'attire pas plus que ça l'attention.
Pour Min'ha, je n'ai pas le choix, je fais BéYa'hid, surtout l'hiver et quand je m'isole dans une salle de réunion, ceux qui rentrent par hasard se font tout petits pour ne pas me déranger (même ceux qui me voient pour la première fois). Une fois, j'étais en pleine Tefila et un peintre d'une société extérieure est entré pour faire des retouches aux murs ; J'ai fait comme s'il n'était pas là et lui, a compris que je faisais quelque chose de particulier. Quand j'arrivais aux Ta'hanounim, je suis allé lui montrer sans rien lui dire, la haut de la page de mon "Pata'h Eliahou" où il est écrit en français "Prière de l'après-midi". Il me fit OK de la tête et développa des efforts incroyables pour ne plus faire aucun bruit en peignant. C'était tellement touchant que je le bénis dans ma Tefila! :-)
Il m'est aussi arrivé que mon superviseur ou mon directeur ou quelqu'un d'autre encore me surprennent en train de faire la Tefila. Ils furent tous très surpris mais il n'y eut jamais aucune allusion et toujours du respect.
A force de vivre ma Torah de tout mon cœur partout où je suis, j'ai pu découvrir que j'avais des collègues américains de passage qui étaient Shomerei Shabbat et étant très embêtés d'être cloués en France pour un WE, ils furent ravis de pouvoir passer plein de Sabbatot à la maison.
Sinon, je n'ai jamais hésité à faire la 'Amida debout dans le train ou dans l'avion devant tout le monde ou de mettre les Tefilyn à l'aéroport. le tout c'est de rester discret et de ne pas être arrogant. Jamais aucun Non-juif n'a été offusqué par mes Tefilot.
Dans le RER à Paris, je lisais pendant des années les Tehilim à ma place sans me soucier de ceux qui m'entourent : Jamais eu aucun problème!
Le summum, c'est quand j'ai dû aller travailler en Allemagne en 1999 pour plusieurs mois dans une usine à Stuttgart. Il y avait là-bas des Serbes, des Croates (si, si!), des Allemands de l'est, des Turques, des Italiens et il y avait des croix gammées au feutre sur les murs (la direction de l'usine faisait beaucoup d'efforts pour les effacer le plus vite possible même s'il n'était pas censé se trouver le moindre Juif dans un tel endroit). Ça donne l'ambiance dans laquelle je me trouvais!
Or en hiver, quand le boulot commence à 7h00, comment mettre les Tefilyn puisqu'il fait encore nuit? Pas de problème! j'emporte les Tefilyn avec moi à l'usine et on verra pendant la pause.
En clair, j'étais le seul Juif froum à mettre les Tefilyn dans une usine où la majorité était des "bour" qui dessinaient des croix gammées sur les murs des toilettes et dans les ascenseurs.
Bon là c'est clair, je me trouvais un coin tranquille pendant 1/2h.
Mais une fois, un Serbe a lâché un câble électrique qui s'est mis à pendre dans le vide, or je passais juste en-dessous. La câble m'effleura mais fit tomber ma casquette et tout le monde qui m'entourait remarqua qu'une kippa se sépara alors de la casquette.
Je secouai ma kippa, puis fis de même avec ma casquette et demandai au Serbe de faire plus attention car ça aurait pu être dangereux. Tous les collèges Allemands qui m'entouraient furent plein de respect en apprenant que j'étais Juif. Je me dis alors que ça tombait bien car j'en avais assez de perdre du temps à trouver des arguments pour ne pas manger avec eux.
J'allais donc dans la cantine de l'usine avec mon sandwich et là où se fut le plus sympathique, c'est quand j'ai dû faire à voix basse, le Birkat HaMazone (prière après avoir mangé du pain).
Grand silence dans le réfectoire! Un Allemand de l'Est me dit : "T'as tout ça à dire après chaque repas?"
Un autre me demanda : "Qu'est-ce que tu racontes dans ta prière?"
J'expliquais le premier paragraphe et tout le monde fut souriant et respectueux.
De même quand je fais Birkat HaLévana dans un parc ou dans la rue, je ne me détourne pas de ma prière quand des Non-juifs (qui font exprès?) passent tout à côté de moi. Jamais reçu d'eux la moindre insulte!
J'ai par ailleurs évoqué que même en Erets il y a un peu moins de 20 ans, avec mon épouse nous avions une fois pris le mauvais bus et depuis Yerushalaïm, nous avons ainsi traversé Yerikho (avec ma kippa noire bien visible et Tsitsiot qui dépassent) puis nous avons remonté toute la vallée du Yarden en filmant tout jusqu'à Tibériade. C'est Sakanat Néfashot (dangereux) mais comme nous ne le savions pas, nous étions tellement heureux d'être en Erets que tout s'est très bien passé. Les soldats de Tsahal qui sont montés durant le trajet sont tous venus s'asseoir autour de nous et je ne sais pas si ce n'était pas plutôt eux qui se sentaient en sécurité avec nous, tellement nous manifestions par nos éclats de voix, notre joie de découvrir combien Erets est si magnifique. ;-)
La leçon que j'en ai toujours tiré c'est que tant qu'on fait du mieux qu'on peut et avec Sim'ha (joie), les Mitsvot que HaShem nous donne, alors il arrive qu'on obtienne une grande Siata DiShmaya (aide du Ciel).