1. Selon Rachi (ad Berèchith 15, 9), les trois génisses sont une allusion anticipée aux trois taureaux offerts sur l’autel : le taureau de Kippour, le taureau que l’on offrira lorsque la communauté tout entière aura péché par ignorance (Wayiqra 4, 13), et la génisse dont on brisera la nuque (Devarim 21, 4) dans le cas de non-identification d’un meurtrier (Beréchith raba 44, 14).
Les trois chèvres sont une allusion au bouc dont on aspergera le sang dans le saint des saints, à ceux que l’on offrira comme sacrifices supplémentaires (moussafim) les jours de fêtes, et à celui que l’on offrira comme sacrifice expiatoire pour une faute individuelle.
Les trois béliers sont une allusion au bélier que l’on offrira pour certaines fautes que l’on sera sûr d’avoir commises, à celui que l’on offrira pour une faute dont on doute si on l’a effectivement commise, et à la brebis que l’on offrira comme sacrifice expiatoire pour une faute individuelle.
Selon le Keli Yaqar (ibid.), les trois génisses sont une allusion à Abraham, qui « a couru vers le bétail » (Berèchith 18, 7), les trois chèvres sont une allusion à Jacob, qui a revêtu « des peaux de chevreaux » (ibid. 27, 16), et les trois béliers sont une allusion à Isaac, qu’un bélier a remplacé sur l’autel du sacrifice (ibid. 22, 13).
Ces animaux ont été coupés par le milieu, allusion au fait que les trois patriarches n’hériteront de la terre qu’après leur mort, qui est une forme de dépècement.
Quant à la colombe, elle symbolise Israël. Contrairement aux autres animaux, elle n’a pas été dépecée, car le peuple juif héritera d’Erets Yisrael de son vivant.
2. L’angoisse (eima) se rapporte à la Babylonie, qui n’exerça sur Israël qu’une oppression physique. Les ténèbres (‘hachékha) qualifient la Perse et la Médie qui voulurent ravir à Israël son âme, « profondes » (guedola) renvoie aux persécutions grecques qui s’acharnèrent à éteindre complètement la lumière spirituelle d’Israël. Et enfin « tomba » (noféleth) fait allusion aux nations édomites ou romaines qui visent à abattre Israël aussi bien par la persécution physique que morale et spirituelle (Maharal, cité par le rabbin Elie MUNK dans la Voix de la Thora (Vol. 1, p. 150)