Troisième et dernière des trois haftaroth de-pour‘anoutha (« haftaroth de menaces »), la haftara de la parachath Devarim, qui est toujours lue le Chabbath qui précède immédiatement le jeûne du 9 av, est constituée par le premier chapitre du livre d’Isaïe.
Ce prophète, qui est né près de deux siècles et demi avant la destruction du premier Temple (Yalqout Chim‘oni Yecha’ya), se montre ici d’une particulière virulence, jusqu’à employer au verset 21 le même mot eikha (« comment ? ») que celui dont se servira plus tard Jérémie pour intituler ses « Lamentations ».
Il est important de noter que notre haftara, malgré les apparences et contrairement à ce que l’on a parfois professé, ne contient pas de condamnation par Isaïe du culte des offrandes.
Le prophète affirme, il est vrai : « Que M’importe la multitude de vos sacrifices ? dit Hachem. Je suis rassasié d’holocaustes de béliers, et de la graisse de bêtes grasses ; et je ne prends pas plaisir au sang des taureaux, et des agneaux, et des boucs » (1, 11), ou comme l’a joliment paraphrasé Racine :
« Par de stériles voeux pensez-vous m’honorer ?
Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices ?
Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses ? » (Athalie I, 1).
Ce que réprouve ici Isaïe, ce n’est pas le sacrifice en lui-même, mais les dispositions qui l’accompagnent et sa contradiction flagrante avec la conduite de ceux qui en font un instrument de culte.
C’est précisément de cette façon que les commentateurs traditionnels paraphrasent ce verset, et notamment :
Rachi : « Vous qui transgressez ma Tora, vos sacrifices Me sont une abomination. »
Radaq : « Que M’importe la multitude de vos sacrifices, à Moi qui ne vous les ai prescrits que pour que vous souveniez de Moi et ne péchiez pas ! »
Répétons-le : Aucun sacrifice ne peut servir à entrer dans les bonnes grâces du Tout-Puissant. S’il est vrai que les bonnes oeuvres peuvent faire obtenir le pardon divin, elles ne l’acquerront que si elles sont accompagnées d’une vie conforme aux impératifs de la Tora (Roch hachana 18a).