Dégradé, Houkot hagoy ?

Bonjour Rav
Se faire un dégradé (dans le respect de la hala'ha) ce ne serait pas considéré comme houkot hagoy ?

Vous ne précisez pas ce qu’est un dégradé, j’imagine qu’il s’agit d’une coupe de cheveux, encore qu’il eût été préférable que vous précisiez si vous êtes un homme ou une femme pour ce genre de question.

Néanmoins, on va supposer que vous êtes un homme, et admettre que lorsque vous dites que c’est « dans le respect de la halakha », vous voulez dire qu’il restera au niveau des tempes la longueur de cheveux minimale requise par la Torah.

On va aussi considérer qu’il ne s’agit pas d’une coupe de cheveux vulgaire qu’affectionneraient les gens de mauvaises mœurs.

Après avoir établi ceci, je dirais qu’il n’y a pas d’interdit stricto sensu de ‘Houkot Hagoy dans ce cas, car cet interdit concerne les attitudes (des peuples) dont la raison échappe à l’entendement, ou bien qu’elles soient liées à l’idolâtrie, ou encore qu’elles contreviennent aux Midot Tovot.
Voyez Maharik (§88), Beit Yossef (Y’’D §178) et Rama (Y’’D §178,1) au nom du Ran.

Sans quoi, si l’on interdit tout ce que les Goyim font, il devrait être interdit de porter une cravate. (Vous me direz que certains se l’interdisent effectivement, mais je n’en tiens pas compte. Ou si vous préférez, parlons de porter des [montures de] lunettes.)

[Cependant, certains se montreront plus rigoureux dans ce cas, car le Biour Hagra (Y’’D §178, sk.7) est en désaccord avec le Ran, le Maharik, le Rama et le Beit Yossef, et considère que lorsqu’il s’agit d’une attitude qui n’a pas de raison logique et qu’on la suit pour ressembler aux non-juifs qui ont initié cette mode, l’interdit est en vigueur. Mais cette lecture amènerait à prohiber tout ce qui relève de la mode, et il est difficile à ce stade de distinguer entre un dégradé et une cravate.
Il faut aussi savoir que les non-juifs qu’il ne faut pas imiter se limiteraient aux seuls « sept peuples » (plus les égyptiens) selon le Yeréim (§88), ou du moins aux peuples idolâtres selon le ‘Hinoukh (§262), mais le Rambam (hil. Avoda Zara §XI,1) considère que cela concerne tous les autres peuples.]

Toutefois, il n’y a pas que la question de savoir si le Issour ‘Houkot Hagoyim s’applique ou non, il faut aussi parfois tenir compte d’autres aspects.
Par exemple, un Ba’hour Yeshiva devra tenir compte de ce qui se fait ou non dans sa Yeshiva. Car il faut évidemment tenir compte, au-delà des aspects halakhiques, de l’aspect politique lié à la communauté/Yeshiva que l’on fréquente.

bonjour rav
que voulez vous dire par politique?
n est ce pas plutot l esprit goy ,de la rue... qui pourrai choquer et qui est problematique
merci d avance

Je perçois deux idées dans ce que vous écrivez :
1) L’esprit goy de la rue
2) qui pourrait choquer…

Le second point est ce que j’appelle « la politique ». C-à-d ce qui est problématique « par rapport aux autres ».

Le premier point est un problème qui est une réalité, pas seulement « par rapport aux autres », mais même pour lui-même.
Mais celui qui souhaite se faire une coupe de cheveux qui ferait pénétrer « l’esprit goy de la rue » dans la kehila/yeshiva/etc. est vraisemblablement déjà imprégné de cet esprit. Il pense donc que sa coupe de cheveux n’est pas importatrice d’un « esprit goy de la rue ».

C’est pourquoi j’indique plutôt les deux autres aspects ; le ‘houkot Hagoy et l’aspect politique, le « par rapport aux autres », ce qui signifie que même si lui ne considère pas que sa coupe de cheveux importe une ambiance néfaste à son groupe/sa yeshiva/etc., il n’en demeure pas moins qu’il porte préjudice à son entourage en cela qu’eux considèrent qu’elle représente « l’esprit goy de la rue », peu importe s’ils ont raison ou tort, c’est un fait, ils le pensent, et il faut donc en tenir compte. C’est l’aspect politique.