A Lisa5 :
Vous mettez en évidence le problème que je dénonçais dans mon précédent message. Je disais :
en France nous devons malheureusement choisir pour nos enfants entre la (pseudo-)garantie « talmid 'ha'ham » et la (pseudo-)garantie « parnassa tranquille »
et encore :
Il n'y a pas de solution miracle, chaque père est tenu de faire en sorte que son fils connaisse le Talmud et ait un métier/un gagne-pain qui lui permette de vivre.
Et aussi :
Bref, il n'y a pas (en France) de solution miracle.
Et vous demandez :
Citation:
Alors comment Faire ? Nous voulons a la fois que l'enfant grandisse dans notre belle torah mais aussi qu'il aie les moyens de vivre dignement .
C'est bien l'expression du problème que je soulevais et au sujet duquel je déclarais tristement qu'il n'y a pas - selon moi - de solution miracle.
À notre époque, en France, nous devons malheureusement choisir pour nos enfants entre la (pseudo-)garantie « talmid 'ha'ham » et la (pseudo-)garantie « parnassa tranquille »
Il n'y a pas d'établissement qui « garantisse » les deux de la meilleure manière possible.
C'est triste, je le sais.
Mais comme nous n'avons d'autre choix que de nous y adapter et que rester là à s'en lamenter n'avancerait à rien, il faut faire ce choix (à moins de faire le choix d'aller vivre ailleurs - où ça serait peut-être possible - j'en reparlerai plus bas SDV car
Yitsberg le demande).
Mais je précise que l'on peut vivre dignement sans être médecin ni avocat. Il n'est pas nécessaire de faire de grandes études pour réussir financièrement.
Encore faut-il savoir ce qu'est une réussite.
Si le but est d'être riche, ce que j'ai écrit est à nuancer. Il y a plus de riches parmi les ressortissants des grandes écoles (du moins parmi ceux qui n’ont pas le sens du commerce).
Mais je ne pense pas que ce doit être le but. Je dirais même plus, je pense que cela ne doit pas être notre but.
Il faut espérer avoir une parnassa suffisante et descente, mais vouloir absolument être riche - lorsque c'est sur le dos de nos obligations vis-à-vis de D… - me semble aller à l'encontre du judaïsme.
Je ne dis pas qu'il faille refuser la richesse si elle se présentait, je ne dis pas non plus qu’il soit péché de souhaiter être riche. Je dis seulement que souhaiter être riche au détriment de l'accomplissement des mitsvot (comme de la mitsva d'étudier le
Talmud) va à l'encontre du judaïsme.
Un juif doit avant tout s'inquiéter de sa vie spirituelle. Il est certain que s'il n'a pas de quoi vivre, sa vie spirituelle ne fera pas long feu, mais si le choix se présente entre être « aisé et érudit en thora » ou bien « (seulement) aisé en thora et riche en possessions financières », il faut opter pour la première solution.
On ne peut pas se contenter de bien connaitre la parshat ashavoua, les prières et minhaguim, de belles histoires de tsadikim, les tehilim par cœur, des divrei thora pour chaque occasion et un arsenal de guematriot époustouflantes.
Il est impératif de connaitre (la
Bible,) le
Talmud et un minimum de ala'ha dans les détails, dont les lois du shabbat, de Nida, des prières et bénédictions.
Bref, il est possible d'apprendre un métier sans y consacrer cinq ans d'études.
Je sais qu'on se dit facilement qu'en ayant un bon job, on pourra peut-être se mettre à mi-temps et consacrer quelques heures quotidiennement à l'étude. Mais concrètement, combien ont réussi à le faire ?
Et même parmi eux, combien ont pu rattraper ceux qui sont passés par quelques années de yeshiva ?
Vous devez savoir que la réponse est assez proche du zéro.
Les années de yeshiva étant jeune sont irremplaçables, le limoud à plein temps d'un homme marié et père de famille qui débute en gmara ne permet pas de s'investir autant dans l'étude que ce que peut le faire un jeune homme célibataire qui habite dans la yeshiva.
Mais celui qui est passé par la Yeshiva décuple le potentiel et la valeur de son limoud même en position père de famille.
Cependant il est important d'apprendre un métier et impératif d'avoir un gagne-pain. On ne peut encourager tout le monde à se lancer dans un monde de yeshiva qui n'aboutirait à aucun moyen de vivre.
Si le yeshiviste brillant pourra espérer trouver une parnassa dans l'enseignement, reste encore le moins brillant.
S'il pourra trouver un métier suffisant pour gagner de quoi vivre « normalement » par de brèves études en fin de cycle de yeshiva, c'est parfait.
S'il est doué manuellement et veut devenir plombier (ou garagiste…), il n'est pas nécessaire d'y consacrer cinq années d'études pures.
On apprend un minimum indispensable et on se forme aussi avec l'expérience, tout en gagnant sa vie.
Ça permet donc de passer plusieurs années à la yeshiva pour faire le plein de Thora, puis suivre une formation rapide qui lui permettra de gagner largement sa vie.
De nombreux maîtres du
Talmud travaillaient, mais généralement dans des métiers simples qui ne leur ont pas demandé des années d'apprentissage.
Plus tard chez les
rishonim, nous trouvons déjà plus de médecins que parmi les sages du
Talmud. Mais la médecine de l'époque se résumait à quelques ouvrages et on continuait à se former « sur le tas », comme notre plombier.
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A Yitsberg que je cite :
Citation:
S'agit-il du type d'établissement après lequel il vous parait impossible d'intégrer une grande yeshiva?
Si vous étiez le
général Lemarois (ou
Fouché) je vous aurais répondu:
« Cela n'est pas possible , m'écrivez vous, cela n'est pas français ! »
Je ne disais pas que c'est IMPOSSIBLE d'intégrer une grande yeshiva, mais bien plus difficile.
Généralement, en sortant de ces écoles les élèves ne peuvent pas intégrer une grande yeshiva, mais ils passent (pour ceux qui le souhaitent) par une yeshiva de moindre niveau, adaptée aux bacheliers français ou aux français tout court et poursuivent leurs études parfois dans de grandes yeshivot après un ou deux ans dans ces yeshivot transitoires.
Mais il ne faut pas perdre de vue que le but n'est pas d'accéder à une grande yeshiva. S'il est vrai que certains d'entre eux intégreront en finale une grande yeshiva, ce qu'il faut observer c'est combien d'entre eux vont vraiment percer et rattraper les meilleurs éléments de la yeshiva.
Concernant
Paris 19°, je crois qu'il y a chaque année des élèves qui vont en yeshiva. Mais retrouvons-les quatre ou cinq après, combien d'entre eux font partie des meilleurs élèves de leur yeshiva ?
Et dix ans plus tard, combien sont devenus talmidei 'ha'hamim ?
Je ne sais pas exactement, j'espère que quelques-uns le sont devenus, mais certainement moins que parmi les ressortissants des yeshivot ktanot.
C'est normal vous me direz, je vous répondrai que je n'ai jamais soutenu l'inverse.
Pour le
93, les résultats doivent probablement être encore moins brillants car ils s'y répartissent assez jeunes en deux groupes, cursus classique ou yeshiva ktana.
Je suppose donc que les plus performants en kodesh ne sont pas dans le cursus classique.
Ce qui fait que les potentiels futurs talmidei 'ha'hamim qui en sortent, ne sont pas bacheliers.
Mais encore une fois, le fait est que plusieurs talmidei 'ha'hamim sont sortis de cette école (à une époque où il n'y avait pas cette répartition des élèves). C'est donc possible, seulement il y a moins de « garantie ».
Il est aussi possible de faire fortune sans avoir le Bac, seulement on ne met pas les chances de notre côté.
Citation:
Vous précisez à plusieurs reprises que vos remarques concernent la France.
D'autres communautés dans le monde réussissent-elles, d'après vous, à assurer un enseignement de haut niveau sans que cela pose des difficultés du point de vue de la parnassa?
Oui, aux USA ce problème est incomparable au nôtre.
La différence est à résumer en deux points essentiels :
1°) Que l'on peut plus facilement y trouver un job tout à fait correct sans devoir y consacrer des années d'études.
Le cursus classique des religieux américains comporte des études de 'hol (pas comme en Israël où les orthodoxes se passent des études 'hol très jeunes en se contentant tout juste de savoir faire une division - et encore…) mais le programme n'est pas aussi lourd qu'en France.
L'Américain moyen est moins cultivé que le Français moyen (qui n'est pourtant pas tellement instruit en finale, après ces années d'école il s'empresse vraisemblablement de tout oublier), mais ce n'est pas pour autant qu'il soit malheureux ou qu'il vive moins bien.
Le dentiste en Amérique ne sait pas la moitié de ce qu'a appris le dentiste français. Les américains sont plus pragmatiques, il doit savoir ce qui est nécessaire pour l'exercice de son métier, rien d'autre.
L'Américain (frum) classique passe par la yeshiva, plusieurs années. Il est même très fréquent qu'après s'être marié il fasse deux ou trois ans de Kollel, puis après ces années d'étude de Thora, il apprend un métier en quelques mois ou un an et travaille.
Seuls les plus prometteurs restent au Kollel (pas comme en Israël où quitter le Kollel pour aller travailler est - dans les milieux orthodoxes «'harédi»- mal vu).
J'ai un ami qui, après huit ans de yeshiva/Kollel, a fait un stage intensif (en real estate / immobilier) durant trois mois seulement, a obtenu son diplôme et a commencé à acheter un premier terrain, y construire une maison, la vendre, acheter un autre terrain plus grand, construire deux maisons etc…
Il est vrai que son ignorance en géographie, en histoire ou en sciences naturelles peut choquer l'esprit français. Mais en finale, s'il faut choisir entre un plus de culture générale ou une bonne connaissance du
Talmud, il n'y a pas à hésiter.
D'autant plus qu'une personne un peu curieuse se documentera d'elle-même sur les sujets qui l'intéressent, en philosophie ou en géographie ou autre et en saura rapidement plus que le bachelier français tout gavé de culture G. qu'il était étant jeune.
L'ennui en France c'est qu'on nous impose, à l'école (secondaire) comme par la suite, un programme très lourd (je ne dis pas riche mais lourd, pour garder une connotation liée au sens figuré et familier de ce terme).
Pour un juif qui doit aussi apprendre le
Talmud, c'est un défi de taille.
Quand vous analysez le programme scolaire pour en retenir ce qui sert réellement dans la vie de tous les jours, c'est déprimant.
Il est vrai que certaines connaissances ne servent pas pratiquement mais sont là pour ouvrir l'esprit, ou avoir des repères, mais encore faudrait-il que le bachelier s'en souvienne et en tire parti.
Généralement on peut dire que la majorité des bacheliers oublient la majorité des connaissances acquises à l'école, et ce, uniquement par manque d'intérêt.
Si l'essentiel est d'avoir l'esprit structuré, croyez-moi, les grands talmudistes sont difficilement rattrapables à ce niveau.
2°) De plus, aux USA, il est possible d'intégrer une université en sortant d'une yeshiva.
De nombreux étudiants de yeshiva sont passés ensuite par l'université. Il y a même des universités pour juifs orthodoxes avec classes séparées hommes/femmes, Kashrout, shabbat off ... !
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A Catman :
Shalom Chalom !
Je vous cite :
Citation:
la littérature talmudique et midrachique abonde d'histoires oû de " simples juifs " ( par exemple Nanas le boucher et autres ) avaient une part très intéressante au Olam Aba , et ce sans que leur niveau d'aisance dans la tora ne soit mentionné comme leur point fort.
Avec des raisonnements comme celui-ci, nous pourrions aller plus loin ;
Que diriez-vous de suivre l'exemple de
Rabbi Elazar ben Dourdaya qui a été invité officiellement au Olam Aba - comme confirmé par une voix céleste dans
Avoda Zara (17a)?
Cet homme a commis des péchés toute sa vie et a fait une véritable et fulgurante tshouva juste avant sa mort.
Un peu comme le bourreau de
Rabbi 'Hanina Ben Teradion dans
Avoda Zara (18a) qui lui aussi a été invité par une voix proclamant que
Rabbi 'Hanina Ben Teradion et son bourreau sont conviés au Olma Aba.
Est-ce pour autant qu'il faille les imiter ?
Si nous constatons qu'un simple boucher peut atteindre de grands niveaux au Olam Aba, cela ne veut pas dire que le meilleur moyen d'y arriver soit de se faire charcutier.
Je vais vous le dire en langage «'hol», quand ça concerne la parnassa nous comprenons tous bien mieux les choses:
Si vous souhaitez que votre fils soit ingénieur ou autre (ou médecin ; ) ) pour qu'il ait une bonne parnassa et lui vous répond qu'il souhaite être éboueur car il a entendu des histoires - confirmées par plusieurs sources - qui racontent qu'il y a eu il y a quelques siècles, certaines personnes qui auraient fait fortune en fouillant une poubelle dans laquelle ils auraient trouvé un diamant magnifique.
Que lui répondriez-vous ?
Et s'il vous disait qu'il souhaite se faire technicien de surface ou caissier chez Franprix car son ami
Richard - en poste depuis 13 ans - a gagné au Loto (alors qu'il ne jouait qu'une semaine sur deux et seulement depuis 6 ans), que diriez-vous ?
Vous lui expliqueriez que ce n'est pas parce qu'un ou deux éboueurs ont atteint la félicité
malgré leur profession que ce métier est le meilleur moyen d'y arriver.
Si l'on compare le nombre d'éboueurs riches (en ayant trouvé une pierre précieuse) sur les deux ou trois derniers millénaires, avec celui des traders ou des diamantaires riches depuis seulement un siècle (ou même dix ans), le doute n'existera plus.
Ainsi je vous dirais que ce n'est pas parce qu'un charcutier ou deux ont atteint la félicité
malgré leur profession que c'est le meilleur moyen d'y arriver et que si vous comparez le nombre de bouchers au nombre de talmudistes dans le carré VIP au Olam Aba, vous n'aurez plus de doute.
À part ça, il y a encore une autre idée qu'il faudrait mentionner, mais moins facile d'accès celle-là: C'est que
le but n'est pas d'accéder à la meilleure place au Olam Aba !
Le but est de faire les mitsvot, accomplir la volonté de D…, pas de lorgner une place dans le carré VIP.
La
Mishna dans
Avot (I, 3) nous l'enseigne en disant « Al tiyou kaavadim ameshamshin et arav al menat lekabel pras… » (ne soyez pas comme des serviteurs qui servent le maître dans l'intention d'obtenir une rétribution…).
C'est-à-dire qu'il faut accomplir les mitsvot « Lishman », pour elles-mêmes, ce qui veut dire: parce que c'est bien, parce que c'est le bien.
Et si nous avons une mitsva d'étudier la Thora, c'est certainement que c'est le bien et c'est ce qu'il faut faire, sans en espérer obtenir une place au premier rang en contrepartie.
Même si tous les bouchers (ou tous les médecins) avaient une place de choix garantie au Olam Aba (voir
Kidoushin 82a) (et aussi:
http://www.techouvot.com/professions-vt14074.html )
et que seulement quelques talmudistes (=juifs qui ont étudié le
Talmud, pas nécessairement des pros du
Talmud) avaient eu droit aux mêmes égards, nous devrions malgré tout étudier le
Talmud !
Rabbi Avraham Ben Arambam (le fils de
Maimonide)ira encore plus loin en écrivant dans son
Sefer Amaspik (p.20 de l'édition de poche dont je dispose) que même si D… punissait ceux qui accomplissent ses mitsvot, nous devrions tout de même les accomplir !
Tout ceci pour dire que nous ne devons pas vraiment tenir compte de «qui se retrouve au Olma Aba», dans la mesure où l'on est persuadé que ce que nous faisons est véritablement la volonté de D…
(sans quoi, évidemment…)
Or étudier le
Talmud est une mitsva qui incombe au juif; un juif a la mitsva d'étudier la Thora écrite et orale, mais n'a pas la mitsva d'être charcutier.
Il peut être électricien et étudier le
Talmud pour être un excellent juif.
Mais s'il est boucher et n'étudie pas le
Talmud, il sera rarissime qu'il devienne un excellent juif, tout simplement car il ne cherche pas à s'acquitter de ses devoirs religieux (=d'apprendre le
Talmud).
Il se peut néanmoins qu'un juif n'ayant pas eu la chance d'accéder à l'instruction et se retrouvant illettré à un âge avancé soit pratiquement condamné à rester ignorant de Thora.
Dans ce cas, nos Sages le rassurent en lui disant qu'étant donné que ce n'est pas de sa faute. Ce n'était pas son choix mais celui de ses parents ou par la force des choses, puisqu'il ne peut pas techniquement faire plus que tenter d'apprendre à lire et découvrir le 'houmash. S'il se comporte comme un tsadik selon ses possibilités et de tout son cœur, il pourra lui aussi accéder au monde futur.
C'est le cas de ce
Nanas que vous citiez qui a une bonne place au Olam Aba MALGRÉ son ignorance du
Talmud, mais pas GRÂCE à cette dernière !
Mais il est certain que si le choix se présente, que l'on peut s'acquitter de notre devoir d'étudier le
Talmud, il est impensable de dire que l'on soit tsadik en refusant d'accomplir et en rejetant cette mitsva.
Donc un parent juif croyant en D… et en la Thora écrite ET orale, doit savoir que cette Thora impose à tout juif d'enseigner à son fils la Thora.
Voyez ce que j'ai écrit sur ce sujet :
http://techouvot.com/liste_douvrages_pour_debuter_dans_letude_de_la_thora-vt13145.html
Je me cite: «
Cette mitsva d'étudier toute la Thora ne signifie pas qu'il faille lire tous les ouvrages de Thora qui existent … , mais on se "contentera" de la Thora écrite (tana'h) et orale (= les livres de base des 'Hazal) c-à-d les 2 Talmuds, les Midrashim "classiques" et les midrashei Ala'ha (Me'hilta, Safra, Sifrei...) grosso-modo.
Mais il n'y a pas d'obligation d'étudier les commentateurs rishonim et a'haronim …
Voir Shoul'han Arou'h Arav Yoré Déa il'hot Talmoud Thora (§1,4) pour de plus amples détails. »
Je vous cite:
Citation:
En réalité cette notion de niveau dans l'étude de la guemara est très présente dans votre post et m'interpelle.
En vous référant à ce texte du
Baal Atania (Shoul'han Arou'h Arav Yoré Déa il'hot Talmoud Thora (§1,4) ), vous comprendrez que cette mitsva est méconnue du public et se doit d'être plus que présente sur un site comme
Techouvot.com.
Voilà pourquoi cette notion est très présente dans mon post, car je sais que les rabanim n'en parlent pas assez et que les gens s'imaginent que c'est un plus, de la piété, de la 'hassidout que de vouloir étudier le
Talmud.
La raison pour laquelle ce sujet est tabou et/ou mal compris, c'est que les gens s'imaginent que cela reviendrait à dire que tout le monde doit être rabbin. Ce qui est faux et absurde.
L'obligation d'étude de Thora ne comporte pas une obligation d'étudier tous les livres des commentateurs, de connaitre tous les pshatim (lectures) possibles sur une même gmara, de réfléchir à toutes les 'hakirot existantes, de survoler tous les shéélot outshouvot imprimés etc…
Il ne s'agit pas de devenir chercheur en
Talmud ni décisionnaire, il s'agit d'étudier le
Talmud, simplement, clairement, en y étant aidé par les livres ou les rabbins qu'il faut.
Avant-guerre, de très nombreux juifs « simples » en Pologne ou en Lituanie avaient étudié plusieurs fois tout le
Talmud en parallèle de leur travail de tailleur, boulanger, tisserand, …
Ils ne le connaissaient pas par cœur ni même sur le bout des doigts, mais ils ne l'ignoraient pas sous prétexte qu'il faut nourrir sa famille.
L'étude correcte du
Talmud permet d'appréhender le judaïsme et les mitsvot quotidiennes sous le bon angle. Ceux qui s'en passent se font généralement une idée erronée de notre Thora sur des thèmes plus ou moins capitaux, de manière plus ou moins accentuée.
La Thora confère à l'homme juif le rôle de guide spirituel de sa famille et pour assumer pleinement ce rôle, il est nécessaire de fréquenter le
Talmud.
Je vous cite :
Citation:
il ne suffit pas qu'il soit chômer tora oumitswot mais aussi qu'il ait un niveau d'excellence dans l'étude du Talmud.
Oui, je précise tout de même qu'il s'agit d'un niveau d'excellence par rapport au français moyen qui est considéré assez avancé en
Talmud dès qu'il sait lire sans les points.
Encore une fois, il n'est pas demandé à chacun d'être le possek ador.
Si j'ai parlé d'exceller à la yeshiva, c'était en réponse à
Yitsberg qui parlait de Talmidei 'ha'hamim (comme vous le remarquez vous-même).
Je parlais de la « garantie Talmid 'ha'ham », pas du devoir de tout juif.
Un juif (qui ne vise pas le rang de Talmid 'ha'ham) peut se contenter d'étudier tout le
Talmud sans en devenir un spécialiste (s'il apprend en parallèle les ala'hot fréquentes et indispensables comme shabbat, tfila, tfilin, tsitsit, nida, brah'ot, etc…).
Je vous cite :
Citation:
Aussi , ne vaudrait il pas mieux être un juif qui étudie la tora de tout son cœur…en faisant des efforts au quotidien pour avoir un niveau qui est le sien, plutôt que d'être né dans une famille de talmudistes où l'on a plus facilement un excellent niveau.
Si celui qui est né chez les talmudistes associe son bon niveau d'étude à une piètre mesure de piété, il est évident que le premier choix est préférable.
Si le talmudiste est au même niveau de piété que la personne du premier cas, il est évident que le second est préférable (comme vous l'écrivez vous-même).
Pour reprendre la comparaison de tout à l'heure, je traduis votre question comme cela:
« ne vaudrait-il pas mieux être un éboueur qui se dévoue pour les siens de tout son cœur…en faisant des efforts au quotidien pour avoir un niveau de parnassa qui est le sien, plutôt que d'être né dans une famille de diamantaires où l'on a plus facilement un excellent niveau de vie. »
Si vous comparez un riche diamantaire, infidèle malhonnête et pervers à un éboueur gentil et sympathique qui fait de son mieux pour nourrir sa famille avec dévouement, il est clair que l'éboueur est préférable.
Mais si nous parlons de deux gentils pères de famille qui se dévouent tous deux pour les leurs et sont tous deux d'une honnêteté et d'une gentillesse exemplaires, pas de doute, le riche diamantaire est plus séduisant.
Je vous cite :
Citation:
En bref: H. Apprécie -t-il plus un haut niveau dans l'étude , ou, des efforts fournis pour parvenir à un niveau "moyen" ?
Il est clair que «
lefoum tsaara agra » (
Avot V, 23).
Celui qui fait tous les efforts qui lui sont possibles est préféré par D… à celui qui ne se bouge pas trop et se repose sur ses lauriers.
Mais précisément, l'effort numéro un est de ne pas négliger le passage par la yeshiva lorsqu'on est encore jeune !
Ashem préfère les efforts fournis plutôt que les brillants résultats, mais généralement les deux vont de pair !
Si l'on veut bien fournir les efforts, il faut en premier lieu donner une chance à ces efforts.
Que diriez-vous de celui qui refuse d'apprendre l'alphabet mais est prêt à fournir des efforts comme personne d'autre ne pourrait le faire pour s'acharner à déchiffrer des textes ? On le traiterait facilement d'idiot. Pourquoi ne pas faire les choses intelligemment ?
Imaginez quelqu'un qui refuse de faire des études d'informatique mais qui veut absolument créer de nouveaux programmes et logiciels.
Mais attention ! Il va fournir des efforts incommensurables pour parvenir à un niveau moyen ! C'est bien dommage pour lui, voilà ce que vous en penserez.
On ne peut pas dire que cette personne aie fait les efforts qu'il fallait pour devenir informaticien (ou « fort en informatique »).
Pareil dans ce cas, s'il fait des efforts, c'est bien beau, mais ce n'est pas là qu'il fallait les faire !
Qu'il fasse l'effort d'aller à la yeshiva tant qu'il est jeune, et là au moins il aura des chances de devenir « fort en
Talmud ».
Mais négliger le passage en yeshiva pour après « faire des efforts » est rarement très productif (enfin moins productif que de passer par la Yeshiva).
Donc je vous réponds: oui Ashem apprécie plus celui qui a fait des efforts, mais c'est justement celui qui est passé par la Yeshiva, en faisant l'effort de renoncer à une brillante carrière de chirurgien pour pouvoir s'adonner à l'étude de la parole de D… qui est considéré comme ayant fait les efforts qu'il fallait.
(Précision: Je n'ai rien contre les chirurgiens. On peut être chirurgien et érudit, j'en connais d’ailleurs, mais c'est bien plus difficile et ça ne réussit pas à tous les coups.)
Celui qui n'a pas voulu faire cet effort, qui n'est pas allé à la yeshiva étant encore jeune, n'est pas celui qui a fourni les efforts qu'il fallait, même si une fois confortablement installé dans son cabinet dentaire il trouve le temps d'étudier, fait de terribles concessions et de remarquables sacrifices.
Par contre si, ayant été éloigné de la religion par sa famille ou son éducation, la Yeshiva ne se présentait pas à lui étant jeune et qu'après s'être éveillé à 30 ans il est père de famille mais il fait ces efforts, consacre trois heures à l'étude du
Talmud tous les jours, il est bien sûr à féliciter, je lui dis: Kol Akavod ! Ashrav veashrei 'helko!
Mais si le choix se présente à lui dans sa jeunesse et qu'il le refuse, ce n'est pas comparable.
L'idéal encore une fois serait de passer par la yeshiva pour avoir un bon (et solide) bagage en limoud, puis de faire ses études pour avoir un bon métier.
Ça devrait être possible avec des formations en un ou deux ans… (après le passage yeshiva).
Mais comme je l'écrivais à
Yitsberg, il est bien plus facile de réaliser de tels projets aux USA qu'en France.
En conclusion:
Tout juif n'est pas supposé devenir rabbin, mais nul n'est censé ignorer la loi juive !
S'il y a des personnes qui ont réussi à s'instruire suffisamment en Thora tout en n'ayant jamais fréquenté de Yeshiva, elles sont rares.
Elles le sont même un peu plus que ce que certains ne l'imaginent, car il ne suffit pas de savoir lire la gmara sans les points comme on l'a dit.
Le meilleur moyen de devenir instruit en Thora est de ne pas négliger le passage en Yeshiva, et même s'il est impératif d'avoir un moyen de gagner sa vie et qu'il est interdit de se laisser aller à devenir un clochard (
Taanit 21a, et voir encore
Baba Metsia 33a et
Sanhedrin 64b).